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Crise ivoirienne : L’UIDH déballe des dossiers sales

Publié le mercredi 9 février 2005 à 07h34min

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"La crise ivoirienne est la crise la plus grave de l’Afrique de l’Ouest". Elle est sous-tendue par des "réseaux mafieux", tant dans la sous-région qu’au plan international. Hier, l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) a mis à nu certains aspects de cette crise, lors d’une conférence de presse organisée à Ouagadougou.

"La crise ivoirienne n’est pas une crise ivoiro-ivoirienne". C’est Drissa Touré, consultant de l’UIDH, qui le dit. Il a mené des investigations sur cette crise et son impact sur les pays de la sous-région. Le rapport de mission affirme sans ambages que le Burkina Faso, par exemple, a trempé dans les eaux troubles du conflit ivoirien avec des conséquences souvent fâcheuses. Drissa Touré a cité des documents selon lesquels Ibrahim Coulibaly, l’un des chefs rebelles, aurait "fait la guerre à partir du Burkina".

Le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, aurait lui aussi enfoncé le clou : "Si nous perdons le pouvoir au nord de la Côte d’Ivoire, nous allons le reconquérir à partir du Burkina Faso et du Mali". Le consultant précise même que le "pays des Hommes intègres" est une "zone de passage d’armes à destination de la Côte d’Ivoire". Puis il ajoute que récemment, quand l’ONU a durci le ton vis-à-vis des protagonistes de la crise, "des armes ont été rapatriées du nord de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso".

Des mercenaires auraient même été recrutés à Bobo-Dioulasso et à Sikasso au Mali pour "approvisionner les rebelles ivoiriens". Cela s’est-il fait sans l’accord des autorités burkinabè et malienne ?. Drissa Touré en doute fort. Il a même évoqué des cas de blanchiments d’argent et un "marché noir" transfrontalier, sous-tendu par des intérêts malsains. Le consultant de l’UIDH a également évoqué les "seigneurs de la guerre" de l’ex-président libérien Charles Taylor qui "sèment la terreur" en Côte d’Ivoire.

Drissa Touré a aussi mis à nu la responsabilité de la presse dans l’exacerbation de la crise. Morceaux choisis des appréciations faites sur les médias burkinabè : tendance favorable aux Forces nouvelles et aux autorités nationales, acharnement sur Laurent Gbagbo, traitement émotionnel de la situation des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire...

Le consultant de l’Union inter-africaine des droits de l’Homme a invité les journalistes à faire preuve de responsabilité sociale vis-à-vis du traitement de l’information en période de crise.
L’UIDH devrait envoyer bientôt une mission en Côte d’Ivoire pour étudier les cas de violation des droits humains. "Je souhaite que ces actions contribuent vivement à résorber les conflits qui minent la sous-région", a conclu le président de l’UIDH, Halidou Ouédraogo.

Par Hervé D’AFRICK

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