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Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

Publié le mardi 13 mai 2014 à 16h55min

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Editorial de Mutations :  2014, l’année des paradoxes

Depuis des lustres, bien de peuples et de nations ont fixé leur
référentiel en fonction des décennies qui s’égrènent. Ces pays se
distinguent par la fluidité du jeu démocratique. Dans ces contrées,
aucun mystère ne plane sur le respect des principes et de l’éthique en politique
si bien qu’il n’y a pas de place pour de quelconques conjectures ni pour aucun
brigandage hasardeux. Tant et si bien que tous les combats qui y vaillent et
qui s’y mènent sont consacrés au développement et à l’émergence.

Cette
disposition assez enviable ne colle malheureusement pas à la situation du
Burkina Faso où depuis un quart de siècle, tout fonctionne en fonction des
humeurs et des desideratas d’un clan, voire d’individus. Voilà un pays où
depuis l’avènement de la IVe République en 1991, le citoyen n’a jamais été
définitivement fixé sur les limites constitutionnelles des mandats du président
du Faso. En 2005, le débat a achoppé sur la notion de rétroactivité. En effet,
ils étaient nombreux à se dire que le président Compaoré ne devrait plus
briguer la présidentielle de 2005 au regard de l’esprit qui a guidé la
modification de l’article 37 en 2000 sous le regard bienveillant du Collège de
Sages. Le Conseil constitutionnel qui a été saisi à l’époque a tranché en faveur
du président qui entendait rebeloter. Mais voilà que quelques huit (8) ans
après, l’idée de s’offrir encore un énième boulevard pour une présidence à vie
à partir de 2015 taraude les esprits au grand dam de ceux qui pensent que la
démocratie ne doit pas être un jeu de dupes et de personnification.

En effet, avec le spectre du référendum qui plane sur le Burkina Faso en
2014, l’avenir du pays est devenu plus qu’hypothétique parce que le jeu
démocratique est troublé par des parasites mortifères qui risquent de plonger
la nation dans un chaos indescriptible. La paix et la stabilité tant chantées
seront mises à rude épreuve par la tentative de déverrouillage de l’article 37
relatif à la limitation des mandats. Et la responsabilité de cette éventuelle
dégradation du climat social sera portée par ceux qui prendront l’initiative de
forcer la main au peuple pour confisquer son destin.

Ces velléités
révisionnistes de l’article 37 par une procédure quelconque (voie référendaire
ou parlementaire) sont porteuses de dangers et tranchent avec la volonté du
chef de l’Etat d’instituer des mesures dans la perspective de l’amélioration des
conditions de vie des populations du Burkina Faso. Dans son message de
vœux à la nation du 31 décembre 2013, Blaise Compaoré a déclaré que « Les
avancées accomplies par le Burkina Faso dans la construction des
fondements de l’émergence se sont illustrées au cours de l’année 2013, par la
mise en oeuvre d’un nombre important de leviers de développement dans
tous les domaines. » Soit. C’est évident que 2014 et 2015 seront des années
vertes pour certains Burkinabè qui bénéficieront de mesures et de faveurs
jadis inespérées. Mieux qu’en 2011 (avec la satisfaction tous azimuts des
revendications corporatistes à la suite de la crise sociale et militaire), l’Etat va
certainement se montrer bienveillant à l’égard des Burkinabè en leur
accordant tant de faveurs et en ouvrant des chantiers pharaoniques dont les
délais d’exécution s’étendront sur des années et singulièrement au-delà de
2015. 2014 sonnera donc le début d’annonces et de mise en œuvre des
initiatives concoctées par le chef de l’Etat et son régime pour amadouer les
Burkinabè. Cette supercherie est la stratégie qui a été conçue pour
reconquérir le cœur et surtout le vote des indécis qui se laisseront émerveiller
par un soudain regain de volontarisme du régime qui aura passé plus de 25
ans à surfer sur la providence et le manque de vision. C’est dire à quel point
2014 sera l’année des paradoxes au cours de laquelle le pouvoir soufflera le
chaud et le froid pour assurer sa survie et sa pérennisation dans un contexte
national et international qui ne se prête guerre à cette aventure. Comme si
l’expérience et le sort des potentats des autres pays -qui sont passés de mode
il y a très longtemps- n’instruisaient pas.

En 2014, Mutations avec le soutien de ses lecteurs poursuivra son combat
pour donner l’information juste afin d’offrir aux populations des villes et des
campagnes des éléments et des arguments pour forger leur opinion sur la
conduite du pays et les perspectives qui s’imposent.

A la veille de 2015, Mutations entend affirmer davantage sa volonté de faire
obstacle à une éventuelle révision de l’article 37 de la constitution du Burkina
Faso. Parce que nous avons la conviction qu’un tel projet n’est pas seulement
que suicidaire pour ses initiateurs qui sont pour la plupart des adeptes de la
présidence à vie et de la patrimonialisation du pouvoir. Il est aussi un poison
pour la démocratie, la cohésion sociale, un retardateur de développement et
un impitoyable ennemi de l’émergence.

A l’orée de cette année 2014 -classée rouge pour le Burkina- Mutations
formule le vœu que tous les mauvais sorts soient conjurés et qu’il plaise au
Tout puissant de donner aux Burkinabè épris de paix, de justice, d’équité et
de démocratie, le souffle, le courage et l’énergie nécessaires pour faire face à
toutes éventualités.

Mutations

MUTATIONS N° 44 du 1er janvier 2014. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com . site web : www.mutationsbf.net)

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2014 à 17:11, par vérité no1 En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    Bel article, toute tentative de modification de l’article 37 serait suicidaire et le Front Républicain doit le savoir. Blaise a assez roulé le peuple dans la farine et c’est ce qu’il veut faire encore mais c’est trop tard. Il doit commencer à chercher un avocat puissant pour le défendre après 2015 au lieu de passer son temps à embrouiller le peuple.

  • Le 13 mai 2014 à 17:21, par HE HE !! En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    Des institutions fortes et non des personnes ou /et des clans forts pour construire une nation forte ! Ce message est à l’endroit de tous les acteurs politiques de ce pays. Cultivons la tolérance et le respect de notre pays.

  • Le 13 mai 2014 à 17:36, par El Hadj YANOGO En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    "...Cette disposition assez enviable ne colle malheureusement pas à la situation du Burkina Faso où depuis un quart de siècle, tout fonctionne en fonction des humeurs et des desideratas d’un clan, voire d’individus. Voilà un pays où depuis l’avènement de la IVe République en 1991, le citoyen n’a jamais été définitivement fixé sur les limites constitutionnelles des mandats du président du Faso. En 2005, le débat a achoppé sur la notion de rétroactivité. En effet, ils étaient nombreux à se dire que le président Compaoré ne devrait plus briguer la présidentielle de 2005 au regard de l’esprit qui a guidé la modification de l’article 37 en 2000 sous le regard bienveillant du Collège de Sages. Le Conseil constitutionnel qui a été saisi à l’époque a tranché en faveur du président qui entendait rebeloter. Mais voilà que quelques huit (8) ans après, l’idée de s’offrir encore un énième boulevard pour une présidence à vie à partir de 2015 taraude les esprits au grand dam de ceux qui pensent que la démocratie ne doit pas être un jeu de dupes et de personnification..." Mutations, tout est dit et même bien dit dans cet article ! Mais cette fois-ci, vivra qui verra, Blaise partira de Kossyam. S’il y reste, après le 31 décembre 2015, alors il est impératif que le nom de notre pays soit changé, et je propose dans ce cas que le Burkina Faso soit désormais rebaptisé " République de YANDE-TENGA" ( ou République de la Honte pour ceux qui ne comprenne pas le mooré)car aucun Homme digne et intègre ne devrait l’accepter.

    • Le 14 mai 2014 à 07:34, par Zirwaya En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

      Veus avez raison, El Hadj Sanogo. Je ne comprends, même si mon nom peut vous le faire croire. la corruption, le népotisme, l’injustice, le déni de justice la veulerie, l’immoralité ont été depuis fort longtemps érigées en mode de gouvernance. Dans ce pays, on a maintenu les populations dans la faim, la pauvreté, afin de les rendre rendre vulnérables au choix lors des campagnes électorales..., Dans ce pays on a toujours relégué de façon systématique et régulière, les revendications des travailleurs aux calendes grecques, pour aujourd’hui, y trouver des solutions, comme par magie....A ce pays on a décérébré les têtes des populations pour en faire des moutons, peut-on parler encore d’hommes intègres, je parlerai plutôt d’hommes désintégrés. Il y a du travail à faire, il y a de l’espoir...Parfois, à force de tirer trop fort sur la corde, on peut provoquer la réaction contraire....Les populations sorties nombreuses lors des premières manifestations sont encore là...Peut-être le printemps oust-africain soufflera en premier au Faso, puisque le burkimdi semble avoir foutu le camps...Qui sait ?!!!

      • Le 14 mai 2014 à 21:34, par lota En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

        Face a une loi injuste nul n’est tenu d’obeir. Le clan au pouvoir aujourd’hui au Burkina Faso doit se rappeler que la politique n’est pas la haine. La politique est un jeu. un jeu avec ses regles. Aujourd’hui c’est moi demain c’est toi.
        Chez nous il est dit que quand vous observez les chiens ou les enfants en jeu ; ce qui fait le charme est que le terrassement est a tour de role. Une fois que l’un des parties veut changer les regles alors vient les coups d’Etat. Pardon les coups de geule.
        De grace ne mettons pas ce pays en mal.
        1919 : creation de la colonie
        1932 : colonie non viable suppression
        1947 : quinze longues annees d’erance de lutte
        1960 : enfin independance octroyee
        1984 : eveil des consciences. Un pays inconnu fait la une
        1987 : reve brise
        1991 : espoir deguise
        1998 : le peuple arrache la parole
        2011 : consecration de 1998 plus rien ne doit etre comme hier.
        2015 : िूौ्सलप ส comprend pas
        Voici ce que nous reservent les dignitaires .
        peuple digne du Faso nous avons foi en toi. Tu sauras dire non a la prison.

  • Le 13 mai 2014 à 23:37, par El commando En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    Vouloir un pouvoir à vie dans le contexte actuel, c’est chercher la quadrature du cercle. Une crise sociale pour réclamer le départ du président se traduirait par la suite par la chasse aux sorcières. En un mot ça sera une crise de vengeance. Le Front républicain, vous êtes informé !

  • Le 13 mai 2014 à 23:51, par Non au Sénat En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    Vous êtes un journal digne de ce nom. Ce n’est pas ce que le faso.net a l’habitude de publier, je parle des ces journaux qui doivent leur existence au CDP. Un vrai journal doit être capable de s’assumer à tous les niveaux.

    • Le 14 mai 2014 à 08:58, par Naan laara an saara En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

      Franchement la ligne éditoriale de M. Ly est irréprochable. Cest un professionnel de l’info. A tous les internautes qui ont commenté cet article, je leurs dirais :"sachons raison gardée". Je sens trop de haine dans vos propos. Et quand je pense que cette haine est capable de déchirer notre Faso qui nous est chère, je tombe des nues. A mon humble avis cet absurde qu’on pense que mortels que nous sommes à l’échelle de l’individu,croire qu’on est indispensable sur cette terre ici bas n’est que bassesse desprit. Comprenez Salia dans sa logique qui consiste a plaire a tout prix a son mentor. Or la politique du peu que j’en sais, c’est défendre des idéaux tout en tenant des argumentaires qui imposent le respect le tout doublé d’un leadership.Nonobstant leur obstination, agissons de façon responsable sans haine ni violence en comptant sur nos capacités intellectuelles afin que notre bien aimé Burkina Faso connaisse une transition apaisée. Rappelez vous que la paix n’est pas un vain mot mais un comportement dixit Houphouët Boigny. Svp agissons et réagissons par la non voilence a la Mahamat Gandhi, a la Martin Luther King. Soyez rassurés ça paye.

  • Le 14 mai 2014 à 14:21, par Ivresse du Pouvoir En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

    Bel article et reactions intelligentes en ce qui concerne les premiers posts que je viens de lire. Ces posts sont du Burkinabé lambda (non forcement accroc de le politique) qui comprend la gravité de la situation du moment. Je suis sûr que "l’armée d’internautes professionnels" recrutés pour la cause va tout de suite réagir et inonder le Fasonet de messages à la gloire du Grand Timonier, notre Grand Camarade, l’Irremplaçable Grand Mediateur et demander qu’on révise l’article 37.
    Vous avez beau inonder le Fasonet d’écrits de ce genre, cela ne changera en rien la réalité qui est que les Burkinabès après un quart de siècle sous un vernis democratique aspirent à la vraie democratie, non celle des clans. Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre. Nous aspirons au changement, nous sommes déterminés et sereins, Il n’y a jamais eu de lutte sans sacrifices.

    • Le 17 mai 2014 à 10:38, par PEUPLE FATIGUE En réponse à : Editorial de Mutations : 2014, l’année des paradoxes

      Tres bon article felicitation.Je pense que quelqu’un qui a un bon sens de reflexion ,qui a un esprit ouvert,qui sait faire la difference entre"AIMER SON PEUPLE ET LA DESTRUCTION DE SON PEUPLE"donnerait tout CORPS ET AME pour sauver ce dernier de l’emprise de ces assoifes de pouvoir qui sont pres a mettre a sang ce pays rien que pour satisfaire leur DESIR DEMONIAQUE.LE PEUPLE a accepte’ le referendum en 1991 et en 1998 il n’est plus pres a refaire une 3ieme fois cette erreur grossiere qui pourrait mettre en peril l’unite nationale.Respecter un temps soit peu la constitution donc la volonte du PEUPLE .SVP,ne duper plus le PEUPLE.

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