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Marin Casimir Ilboudo à propos du sit-in des agents communaux : « Nous en sommes victimes mais nous ne détenons pas la solution à leurs problèmes ; c’est plutôt l’Etat, le gouvernement »

Publié le mardi 6 mai 2014 à 23h55min

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Marin Casimir Ilboudo à propos du sit-in  des agents communaux : « Nous en sommes victimes mais nous ne détenons pas la solution à leurs problèmes ;  c’est plutôt l’Etat, le gouvernement »

Les agents des mairies d’arrondissements et des services techniques de la commune de Ouagadougou observent depuis le lundi 05 mai 2014 un sit-in de 72 heures. Sous la houlette du SY.TRA.CO (Syndicat des travailleurs de la commune de Ouagadougou), ces agents des collectivités territoriales de la capitale burkinabè, veulent par cette démarche exiger de leur ministère de tutelle, une satisfaction de leur plate-forme revendicative déposée le 14 février dernier. Autre objectif de leur mouvement, bénéficier des nouvelles mesures sociales du gouvernement. Marin Casimir Ilboudo, le maire de la commune de Ouagadougou, par ailleurs président de l’association des Municipalités du Burkina, s’est exprimé sur l’ensemble de la situation.

Lefaso.net : Les membres du SY.TRA.CO. observent depuis ce lundi 5 mai un sit-in de 3 jours. Avez –vous pris connaissance de leurs revendications ?

Marin Casimir Ilboudo : Oui. Dès lors que j’ai été ampliateur de la plate-forme revendicative adressée au ministère de l’aménagement du territoire et de la décentralisation, cela veut dire que je connais bien le contenu de la plate-forme revendicative.

Que comptez-vous faire pour que la plate-forme revendicative soit satisfaite ?

La plate-forme revendicative n’a pas été adressée au maire de la commune que je suis. Elle a été adressée au ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation(MATD), qui s’occupe de l’ensemble des collectivités territoriales. Que ce soit du point de vue de la gestion de ressources humaines, matérielles ou financières, en tant que tutelle, c’est la structure qui gère. Donc, pour ce qui est des carrières, indemnités et des salaires, c’est le MATD qui s’en occupe. La commune n’est qu’un élément chargé d’appliquer la réglementation qui est arrêtée par le gouvernement, même si cette réglementation n’existe pas pour le moment. Nous en tant qu’acteur de proximité, nous avons eu à faire, dans le cadre des activités de l’association des municipalités du Burkina, un plaidoyer auprès du ministre en charge du MATD pour la prise en compte de ces questions. C’est notre rôle et nous l’avons joué pleinement.

Mais, comment expliquez-vous que les travailleurs de la mairie soient en sit-in aujourd’hui ?

Dès lors que ça fait partie des voies de revendications, je comprends aisément qu’ils puissent en tout cas manifester leur désaccord, par rapport à un certain nombre d’engagements qui avait été pris. Je précise que je n’étais pas à cette rencontre, donc j’ignore le contenu. J’ai eu un compte rendu par le biais du syndicat. De ce point de vue-là , moi je comprends. Mais Je peux ne pas être d’accord avec la démarche. Dès lors que le dialogue s’est instauré, il faut continuer dans ce sens pour ne pas rompre le dialogue. C’est ce que j’aurais recommandé.

Ces derniers temps On a quand même remarqué que le SYTRACO sort fréquemment pour des revendications. Certainement cela joue sur le fonctionnement de votre commune. A votre niveau, qu’est ce qui peut être vraiment fait pour que cela cesse ?

Je ne vais pas jouer à celui qui détient le bâton magique. Puisque dès lors que vous avez affaire à des hommes, avec des intérêts divergents, nécessairement vous ne pouvez pas être à l’abri de cette situation. Comme je l’ai dit en tant que président de l’association des municipalités du Burkina, nous avons joué notre rôle de plaidoyer auprès de la tutelle, par rapport à la prise en compte de ces questions, qui figurent dans la plate-forme. Mais nous ne sommes pas de ceux qui s’asseyent au gouvernement et qui prennent des décisions. Donc moi je ne fais de confusion de rôle. Mais, j’aurais compris la démarche du syndicat si les textes, les décrets d’application avaient été pris par le gouvernement, et que ce soit la mairie de la commune de Ouagadougou, en particulier qui n’est pas mis en application ces décrets. Mais les décrets ne sont pas pris, la commune de Ouagadougou, tout comme les autres communes, qui ont des agents sous leurs responsabilités attendent les décrets. Maintenant, si nous ne les mettons pas en œuvre, je peux comprendre que les travailleurs se décident d’explorer d’autres formes, tel que le sit-in. Bien attendu ça porte un préjudice, si nous n’ignorons pas que nous sommes un service de proximité, sollicité au quotidien par les citoyens. Dès lors que c’est de 7 à 12h 30 mn, nécessairement c’est des moments où les citoyens viennent auprès des administrations pour solliciter un certain nombre de services. Est-ce que pour autant, on peut sacrifier 3 jours pour faire un sit-in par rapport à une situation de cette nature , si ce n’est pas le fait des autorités locales de la commune de Ouagadougou, encore moins , les citoyens de la ville de Ouagadougou, qui viennent pour des services de l’administration ?

Le sit-in était initialement prévu pour se tenir devant l’hôtel de ville, mais finalement le sit-in a lieu devant le secrétariat général. D’aucuns n’hésitent pas à dire que vous êtes le premier responsable à avoir décréter cette décision ?

Non je ne l’ai pas décrété. Je dis que la plate-forme revendicative n’étant pas adressée au maire que je suis, mais au gouvernement, à travers le ministère en charge de l’aménagement du territoire qui se doit d’apporter des éléments de réponses, pourquoi viendraient-ils organisé le sit-in dans l’enceinte de l’hôtel de ville ? Ce n’est pas devant l’hôtel de ville. Je dis non. Il n’ya pas de raison que les travailleurs de la commune viennent dans l’enceinte de l’hôtel de ville, pour organiser un sit-in. Dans les textes, il est dit que le sit-in s’organise dans leur lieu de service. Il y en a qui sont dans les mairies d’arrondissement, il y en qui sont dans des services techniques, qu’ils fassent les sit-in dans leur services, moi je ne trouve pas d’inconvénient, mais ils ne peuvent pas venir envahir l’enceinte de l’hôtel de ville.

Est-ce à dire que ceux qui appartiennent à l’hôtel de ville pouvaient faire leur sit-in ici ?

Vous avez vu qu’on n’empêche personne d’exercer son droit ici. Comme tous, ceux qui sont à l’hôtel de ville, s’ils veulent, ils peuvent sortir s’asseoir.

Mais avec cette sécurité, est ce que vous pensez qu’ils puissent sortir s’asseoir ?

Mais ils sont dans leur bureau ! Est ce que manifestement on peut empêcher quelqu’un qui veut faire un sit-in, ou qui ne veut pas travailler de le faire ? On ne peut pas. Le sit-in c’est en fait un refus de travailler. Vous pouvez rester dans votre bureau et décider de ne pas travailler. Vous êtes assis, mais vous ne travaillez pas. Donc c’est ça Le sit-in. Le sit-in, ce n’est pas allé ailleurs. On est là, mais on ne fait rien. Nous ne pouvons pas contraindre un agent qui travaille à l’hôtel de ville de travailler. Chacun est libre de répondre à l’appel du syndicat.

A peu près combien de personnes sont concernées par cette situation ?

Rires. Vous me mettez dans une situation. Moi je ne suis pas le premier responsable du syndicat. Je ne sais pas quels sont les travailleurs qui ont accepté de suivre le mouvement. Mais si vous allez à eux, certainement ils feront une liste de présence. Ils pourront vous dire combien de personnes ont répondu à leur appel pour le sit-in.

Votre mairie n’est-elle pas paralysée par le mouvement ?

Je viens de vous le dire : les maires ont reçu des instructions pour assurer le service minimum. Et chacun doit pouvoir s’organiser en conséquence. Mais la question est de savoir combien de gens participent. Moi, je ne saurai vous le dire. Peut-être attendons la fin de la journée pour savoir la situation qui sera faite par chaque arrondissement, chaque directeur par rapport au nombre des personnes concernées.

Mais, au niveau de la Commune de Ouagadougou, combien d’agents relèvent des collectivités territoriales ?

C’est tous les agents, en dehors des 5 qui sont mis à notre disposition par l’Etat mais qui répondent du statut de la fonction publique.

Peut-on avoir un chiffre approximatif ?

1500.

A vous suivre, C’est comme si le syndicat ne se plaignait pas à la bonne porte ?

Non. Le syndicat s’est plaint à la bonne porte. Mais la manifestation d’aujourd’hui ne se fait pas à la bonne porte. (Rires). Puisqu’ils ont adressé leur plate-forme au ministère en charge de la décentralisation, qui les a reçus pour échanger. Nous n’y étions pas. Mais le ministre les a reçus. Ils ont échangé. Et Je pense que les engagements qui ont été pris, c’est avec eux. Donc, si ces engagements ont été pris et n’ont pas été exécutés, c’est de repartir au près du même interlocuteur pour savoir qu’est ce qui s’est passé.

C’est peut-être un moyen de solliciter votre implication sur la question auprès du ministre ?

Non. Si c’était le cas, je pense que ce n’est pas la bonne forme. Puisque nous avons marqué notre disponibilité. C’est nous qui avons fait le plaidoyer sous notre initiative. Lorsque nous avons pris service, nous avons rencontré le syndicat par deux fois .Nous avons reçu leur plate-forme, nous
avons transmis à qui de droit le contenu de la plate-forme. Donc, aujourd’hui on ne peut pas venir dire que, c’est une façon de faire pression sur le gouvernement, par le biais de la commune. Pourquoi ne pas allez directement, comme ils l’ont fait en déposant leur plate-forme ?

Monsieur le maire, vous semblez à travers vos propos comprendre la revendication du syndicat, mais peut-être la procédure n’est pas la bonne. Mais, au-delà de tout, avez-vous un appel à lancer aux manifestants ?

Dès lors qu’on est un travailleur, on aspire à de meilleures conditions de travail. Nous tous, nous participons à des activités syndicales et nous aspirons à de meilleures conditions de travail et de vie. Pourquoi, ne vais-je pas comprendre que le syndicat puisse œuvrer à l amélioration des conditions de vie de ses membres. ? C’est normal. Maintenant les voies pour y aboutir, je ne suis pas forcement d’accord avec la voie emprunter par le syndicat. Puisse qu’il y’a une voie de dialogue et d’échanges qui s’est nouée avec le MATD, j’estime que cette voie devrait être poursuivie. Est qu’on a besoin d’interrompre ou changer de mode opératoire pour régler la question ? Je dis une fois encore, ici, c’est la commune qui est victime, mais ce n’est pas la commune qui a la solution au problème. Ce n’est pas Marin qui est la seule victime, chaque citoyen de la commune est une victime de la situation. Là où, je ne suis pas d’accord avec eux, c’est parce que la réponse au problème ne proviendra pas de Marin ou de la commune, mais de l’Etat, du gouvernement. Pourquoi faire payer cher aux citoyens de la ville de Ouagadougou ?

Vous parlez de rupture de dialogue, mais le syndicat pense plutôt que c’est le ministère qui a rompu le dialogue en ne tenant pas sa promesse…

Je n’y étais pas. Comment voulez-vous que je puisse répondre. S’il y’avait eu une rupture de dialogue, ils l’auraient dit dans leur lettre, qui est une lettre de préavis de grève. Ils ont parlé de non-respect des engagements. S’il y’a un non-respect ils peuvent toujours interpeller l’autorité.

Propos recueillis par Arba Nadembega

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