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Changement climatique : renforcer la résilience des populations

Publié le mercredi 30 avril 2014 à 00h01min

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La problématique de la sécurité alimentaire analysée sous l’angle de la vulnérabilité aux changements climatiques est d’autant plus pertinente que l’écrasante majorité de la population burkinabè dépend des fruits des activités agricoles au sens large et est donc exposée aux risques d’insécurité alimentaire consécutive aux caprices de la nature.

En effet, l’économie du Burkina Faso est fondée exclusivement sur la mise en valeur des ressources naturelles et cela occasionne une dégradation croissante de l’environnement avec l’avènement des changements climatiques.

Ainsi le secteur primaire absorbe l’essentiel des actifs occupés (80,4 %) contre 16 % pour le secteur tertiaire et seulement 3,6 % pour le secteur secondaire. Le secteur primaire reste donc le principal pourvoyeur d’emplois au Burkina Faso. La création de richesse par tête au sein de la population active du secteur primaire est faible par rapport à celle des autres secteurs car il contribue seulement pour 31,6% au PIB en moyenne. Aussi en plus du support de production que l’environnement constitue, il offre un certain nombre de services contribuant à l’amélioration des conditions socioéconomiques des populations. On peut citer : l’exploitation des produits forestiers non ligneux et ligneux, celle des ressources fauniques (concession de chasse, tourisme, etc.), la promotion des emplois verts (gestion des déchets etc.). Cet apport considérable du secteur de l’environnement à la sécurité alimentaire est fortement menacé par les changements climatiques dont la cause principale reste nos modes de consommation et de production d’énergie non durable.

Les changements climatiques se manifestent au Burkina Faso par la baisse tendancielle de la pluviométrie et l’accroissement de la fréquence et de l’amplitude des phénomènes météorologiques extrêmes (pluies, poussières, températures, etc.). Les inondations qui ont été enregistrées au cours de ces dernières années ont entraîné le déplacement de populations avec des problèmes humanitaires qui touchent surtout les femmes et les enfants. En 2009 les facteurs climatiques ont engendré une perte de 268 005 tonnes de céréales, soit une valeur monétaire de 35,266 milliards de francs CFA.

Le second rapport sur l’état de l’environnement au Burkina Faso (REEB2), identifie les problèmes environnementaux prioritaires. Il y a la dégradation des terres : 34 % du territoire, soit 9 234 500 ha des terres de production sont dégradées pour des causes anthropiques et climatiques, avec une progression de la dégradation des terres par an estimée de 105 000 à 250 000 ha. Les changements climatiques contribueront à accentuer les risques, à accélérer la dégradation des terres (érosion, désertification) et accentuer les problèmes alimentaires du fait de la baisse des rendements. Il existe également la dégradation des ressources en eau : d’une situation de stress hydrique modéré en année normale, moyen à élevé en année très sèche au début des années 2000, le Burkina Faso connaîtra une situation de stress hydrique élevé permanent à l’horizon 2010-2015.

La fragilité du système énergétique n’est pas en reste : il est fondé sur la biomasse à 85% et les produits pétroliers à 14% dans un contexte de très forte croissance de la demande d’énergie. Au vu de la productivité en bois de feu des formations végétales, le déficit entre le disponible et les besoins, tend à s’aggraver, les besoins n’étant désormais couverts qu’à 61%, contre 77% en 1992.

L’exacerbation des problèmes environnementaux urbains est prévisible : une augmentation relative de près de 10% de la population urbaine par rapport à 2007 est prévue en 2020 avec près d’un tiers de Burkinabè (31,3%) vivant en ville.

L’érosion de la diversité biologique : elle est due aux fortes pressions exercées par les activités humaines (agriculture, élevage, bois de chauffe, urbanisation, chasse, etc.) qui sont à l’origine d’une fragilisation des habitats naturels (dégradation du couvert végétal, déforestation, assèchement des zones humides, etc.), d’une vulnérabilité croissante des espèces végétales et animales et de la disparition de certaines d’entre elles. Le couvert forestier subit une diminution moyenne annuelle de 110 500 ha, soit 4,04% en moyenne par an, de 1992 à 2026.

Les changements climatiques qui constituent un vrai catalyseur de ces problèmes environnementaux doivent être combattus afin de permettre au secteur de l’environnement de contribuer de manière optimale à la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Conscient de cette situation, le Burkina Faso s’est résolument engagé à contribuer à l’atténuation des effets néfastes du changement climatique en ratifiant le 20 septembre 1993 la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques ainsi que son protocole additionnel de Kyoto le 31 mars 2005. Afin de respecter ces engagements internationaux et anticiper sur les impacts négatifs des changements globaux futurs par une politique d’adaptation cohérente et durable, le Burkina Faso a bénéficié du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), des fonds administrés par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) pour l’élaboration, la validation et l’adoption le 19 novembre 2007, de son Programme d’Action National d’Adaptation (PANA) à la variabilité et aux changements climatiques (SP/CONEDD, 2007). Le PANA a identifié les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de l’eau et de la foresterie comme étant les secteurs les plus vulnérables à la variabilité et aux changements climatiques.

Outre le PANA, le gouvernement a mis en place de nombreux outils en vue de renforcer la résilience du secteur rural d’où les populations tirent essentiellement leurs moyens d’existence. Cette politique gouvernementale doit être renforcée au bonheur des populations.

Kowoma Marc DOH dohmarc26@yahoo.fr

Sidwaya

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