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Jérôme Compaoré, Formateur de formateurs : parcours atypique d’une compétence ressource.

Publié le samedi 26 avril 2014 à 00h13min

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 Jérôme   Compaoré, Formateur de formateurs : parcours atypique d’une compétence ressource.

Jérôme COMPAORE est incontestablement un des formateurs les plus entrainés de l’espace francophone subsaharien de ces dernières décennies. Homme de terrain, il a su se faire apprécier, dans la discrétion, sur différents théâtres des métiers de l’enseignement, de la formation et de l’éducation. Pourtant, rien ne semblait prédestiner ce natif du village de Tanlarghin (Région de Ouagadougou) au parcours atypique qui est le sien.

C’est à Gagnoa, en Côte d’Ivoire qu’il entre en classe de 6ème en 1962 au terme d’études primaires entrecoupées et qui avaient débuté à l’école Ouaga-Sud. Le premier cycle, il le termine, comme au Primaire, major de sa promotion, au Cours normal Antoine Roche de Ouahigouya.

Au grand dam de ses professeurs, il choisit (pour des raisons personnelles contraignantes) de ne pas poursuivre ses études à l’Ecole Normale de Ouagadougou qui était sélective mais qui lui ouvrait ses portes. Major de promotion, il y avait bien sa place. Lancé dans une carrière d’instituteur après l’obtention du BE, du CFCN, du CEAP puis du CAP, il promet à ses camarades, qui déplorent le choix qu’il fait d’entrer dans la vie active, de les rejoindre en Fac. Admirable autodidacte, c’est en candidat libre qu’il décroche, plus tard, son Bac A4 (Philosophie et Lettres) à Abidjan, Côte d’Ivoire. L’étudiant en Fac de philosophie qu’il sera à l’Université d’Abidjan le sera concomitamment avec les responsabilités de Directeur d’Ecole primaire.

Conseiller pédagogique puis professeur de collège, il n’acceptera la fonction de Chef d’Etablissement secondaire qui lui est proposé qu’après une formation ad hoc à l’ISPEC d’Angers en France (Institut Supérieur de formation aux responsabilités de chef d’établissement). Stagiaire très remarqué au cours de cette formation, il obtient de la France une bourse FAC (Fonds d’Aide et de Coopération). Une aubaine qui lui permet de s’investir dans les arcanes de la formation des formateurs.

Il se fait stagiaire à l’IFP (Institut de Formation de Professeurs) de l’Université Catholique d’Angers. Au terme de cette formation le Directeur de l’Institut notera qu’ « il a beaucoup plus apporté qu’appris ». Dans un maillage courageux alternant séjours en France et présences dans son établissement en Côte d’Ivoire, ses études boulimiques lui obtiennent une licence es Lettres à la Sorbonne, une licence en Sciences de l’Education à l’Université de Lyon 2 et un CES en Histoire des Idées, également la Sorbonne.

A partir de 1985, Jérôme COMPAORE établira le premier record de longévité dans l’établissement dont il avait la charge. 17 ans sans discontinuer dans les fonctions de chef d’établissement. Coutumier de la formation en alternance, il affermira, de 1994 à 1997, ses ficelles de formateur de formateurs à l’ISAPEC (Institut Supérieur Africain pour la formation des cadres et pour la recherche sur l’Éducation, Siège à l’Université Catholique de l’Ouest à Abidjan) Institut dont il deviendra le Directeur Adjoint, chargé des finances, de 1997 à 2002, cumulativement avec ses fonctions de chef d’établissement. Il avait été proposé à cette formation par La Côte d’Ivoire, comme y étaient proposés par le Burkina Gabriel Zabramba, ex Directeur du Collège de la Salle de Ouagadougou et Pauline Somé, ex Directrice du Collège Sainte Thérèse de Banfora.

Formateur International au titre de l’ISAPEC qui opère sur 17 pays (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Congo Démocratique, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda, Sénégal, Tchad et Togo), il aura parcouru nombre de ces pays au cours de sa présence à l’ISAPEC. Avec le Docteur Ignace Ratsimbazafy de Madagascar, il y animera aussi la cellule « OSE » (Observatoire des Situations Educatives).

Il est accueilli de nouveau en France à partir de 2003, toujours dans les métiers de l’éduction. Intervenant, à la demande, dans diverses formations et, se mesurant à ce qu’il sait ne pas comprendre, il s’investit, à Paris, dans les NTIC et devient administrateur de système informatique pour les enseignements assistés par ordinateur, dans un établissement d’Antony. Il deviendra ensuite professeur documentaliste de CDI (Centre de Documentation et d’Information) mais avant, il aura exercé à Saint Joseph de Reims les fonctions de Préfet des Equipes (Responsable de la pédagogie spécifique instituée par les Jésuites dans cet établissement prisé, vieux de 400 ans mais toujours pionnier, et qui continue de faire la différence autant par son projet éducatif, ses choix pédagogiques que par son approche numérique.)

Au total, l’expérience qu’il a développée aussi bien au Primaire, au secondaire qu’au Supérieur, aussi bien dans le Public que dans le Privé, aussi bien au Burkina, en Côte d’Ivoire qu’en France, permet à Jérôme COMPAORE de relativiser et d’appréhender les adaptations idoines qui s’imposent selon les contingences et le lieu.

Durant tout ce temps, s’est-il désintéressé de son Faso natal ?

La réponse est non car les compatriotes qui le connaissent bien, ainsi que tous les ambassadeurs du Faso qui se sont succédé à Abidjan, de Feu Jean Baptiste Kafando à Emile Ilboudo en passant par Bernard Nabaré, Yéro Boly, Léandre Bassolé, chacun peut témoigner de son rôle discret mais combien efficace dans le règlement pondéré des différends et dans la recherche d’une coexistence pacifique entre Burkinabè et Ivoiriens et dans le mieux-être, notamment administratif, de ses compatriotes. Une de ces illustrations : son implication personnelle dans la mise en place de l’architecture administrative du Consulat honoraire de Soubré. Son Excellence Jean de Dieu Zoundi, Consul, peut en attester.

Quand on lui pose la question sur son aspiration actuelle, sa réplique est sans ambigüité :

« Mon souhait est de développer davantage des compétences proactives afin de contribuer plus efficacement à la réflexion sur les politiques éducatives et à leur mise en œuvre, dans le contexte de la mondialisation et du numérique, en adéquation avec l’emploi des jeunes et en cohérence avec la nécessaire conquête des outils de l’émergence de nos pays. Seule une saine mutualisation des compétences peut booster de manière tangible et significative les talents et le potentiel de notre jeunesse. Dans ce type de partage et contrairement aux échanges commerciaux, chacun ne repart pas avec l’équivalent de ce qu’il donne, mais bien plus. En effet il ne lui est pas enlevé ce qu’il donne et la somme d’expertises partagées produit nécessairement une nouvelle richesse. Comme le font remarquer les autorités, la contribution de la Diaspora ne doit pas être que sonnante et trébuchante ; elle peut et doit être aussi partage de perception et d’expertise. »

Alain DONYRE
Lefaso.net
Collaborateur en France


Distinctions honorifiques

Jérôme Compaoré est
- Chevalier du Mérite National de Côte d’Ivoire
- Officier de l’Ordre de l’Education Nationale de Côte d’Ivoire
- Médaille d’Honneur du Travail de la République Française

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