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Toilettes publiques à Ouagadougou : Quand « aller au petit coin » devient un grand problème

Publié le mardi 15 avril 2014 à 00h22min

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Toilettes publiques à Ouagadougou : Quand « aller au petit coin » devient un grand problème

Se soulager dans la ville de Ouagadougou n’est pas toujours aisé. Les toilettes publiques ne courent pas les rues. Celles qui existent manquent souvent d’hygiène. Du coup, le Ouagavilleois ne sait où et comment s’y prendre, quand ça le prend…

« Une fois, je suis rentré en ville pour faire des courses, brusquement une diarrhée m’a pris et je ne savais que faire. J’étais obligé de me retrouver rapidement dans un service pour me soulager ». Ce témoignage de Mahamadou Kaboré, loin d’être un cas isolé, pose la problématique de la disponibilité des toilettes publiques dans la ville de Ouagadougou.

La capitale reste confrontée à une insuffisance criante de ces infrastructures d’assainissement. Au centre-ville de la capitale burkinabè, il n’y a qu’une seule toilette publique moderne pour les milliers de personnes qui la fréquentent quotidiennement. Une situation bien connue des autorités municipales qui disent en faire une préoccupation de premier ordre. Selon le directeur du Développement durable de la commune de Ouagadougou, Sidi Mamadou Cissé, l’amélioration du cadre de vie, la préservation de l’environnement urbain font partie des préoccupations du conseil municipal. « Un exemple, c’est la construction, avec l’aide de l’ONEA et de l’ONU Habitat, des toilettes publiques modernes de la Maison du Peuple et c’est pratiquement les seules du genre dans la ville de Ouagadougou ».
Pour M. Cissé, une des ambitions majeures du conseil municipal est de doter la commune de toilettes publiques. Il fait savoir que grâce à l’ONEA, la commune dispose de trente-huit (38) toilettes publiques mobiles amovibles qui sont mises à profit lors des manifestations et des cérémonies qui drainent un grand public.

Des toilettes publiques mal entretenues

Ces toilettes mobiles permettent de résoudre un tant soit peu, le manque de toilettes publiques dans la ville de Ouagadougou.
Le Directeur général du Régie autonome gestion des équipements marchands (RAGEM), Bruno Yetta, indique que presque tous les marchés de la commune de Ouagadougou disposent de toilettes publiques gérées par des privés. C’est le cas à Naabi Yaar du côté de Saint Camille. Il est un peu plus de six heures du matin, M. Rasmané Sawadogo, vient de finir le premier nettoyage des toilettes de ce marché. Pour lui qui effectue cette opération au moins deux fois par jour, la tâche est loin d’être aisée. « Je lave les toilettes le matin à 6 heures et l’après-midi à 14 heures, mais il y a des usagers toujours prêts à fouler aux pieds les règles minimales d’hygiène », déplore-t-il. Et au jeune homme d’expliquer que lorsque des clients entrent dans les toilettes, « ils défèquent n’importe comment, font les selles en bordure du trou du WC et d’autres crachent sur les murs et laissent leur morve partout dans les toilettes ».

Une accusation rejetée par des usagers rencontrés sur place. Ceux-ci estiment pour leur part que le manque de propreté des lieux relève d’une mauvaise gestion. Rasmata Diébré est commerçante. Elle refuse de fréquenter les toilettes du marché qu’elle trouve mal entretenues. « Je préfère aller dans les cours voisines que de fréquenter ces lieux qui regorgent de maladies », dit-elle. Un avis partagé par Souleymane Nikiéma. « Je connais des personnes qui ont contracté des maladies en utilisant les latrines publiques du marché », confie-t-il.
De toutes les toilettes publiques visitées, celles des écoles méritent la palme de l’insalubrité. A l’école Wemtenga “C“, des latrines vétustes, nauséabondes avec des trous béants, accueillent les usagers et visiteurs. « Nous avons des toilettes délabrées qui sont utilisées par les riverains comme bon leur semble », déplore Awa Fofana, enseignante à ladite école. Elle atteste que ce sont les élèves qui entretiennent les toilettes, mais depuis un certain temps, elles ne sont plus nettoyées, compte tenu du fait que les riverains viennent casser les portes et y défèquent n’importe comment. « L’entretien est difficile, à peine nous lavons les latrines, le lendemain on vient trouver des toilettes impropres », explique Mme Fofana. « Je trouve que les toilettes de notre école sont très sales, et lorsque j’y vais pour me soulager, j’ai peur du grand trou qui se trouve derrière les latrines », dit Oumaïdatou Ouédraogo, élève au cours moyen.

Des nids de microbes

Qu’elles soient en apparence propres ou pas, les toilettes suscitent de la méfiance aux usagers. L’utilisation quotidienne ou même occasionnelle, peut être à l’origine d’infection urinaire ou d’Infections sexuellement transmissibles (IST). Naomi Ouédraogo fréquente les toilettes publiques avec beaucoup de précautions. Elle trouve que même si souvent certaines toilettes semblent propres, elles constituent néanmoins un nid de microbes. « Les toilettes publiques sont sources de maladies. Un jour, j’ai eu besoin de me soulager et lorsque je suis entrée dans les toilettes, j’ai vu une tâche blanchâtre qui était déposée au bord de la cuvette. Et comme j’avais énormément besoin de me soulager, je me suis décidée à les utiliser », affirme-t-elle. Elle relate que pendant plus de six mois, elle a souffert d’une infection urinaire qui lui a coûté plus de 100 000 F CFA comme frais médicaux. Quant à Angelina Hodonou, sage-femme à l’ABBEF, elle affirme que l’utilisation des toilettes publiques peut entrainer des infections, surtout quand celles-ci sont insalubres et si on n’utilise pas les produits qu’il faut pour la désinfection. Elle soutient qu’une toilette qui est fréquentée par plusieurs personnes, doit être utilisée avec prudence. « Si les toilettes ne sont pas nettoyées comme il le faut, les parasites restent sur la cuvette et toute personne qui s’y asseoit peut transporter les germes avec lui », déclare-t-elle. A l’entendre, ces germes peuvent être des amibes, des trichomonas, des mycoses, des salmonelles qui sont responsables de la fièvre typhoïde. Mais aussi, certaines maladies sexuellement transmissibles, peuvent être contractées dans ces lieux. « Une personne qui transporte par exemple un germe de gonococcie sur une toilette publique, surtout celle pourvue de cuvettes, peut être moyen de contagion », révèle Mme Hodonou. Dans cette situation de risques, elle précise que les femmes sont plus exposées aux infections. Ceci, compte tenu du fait de leur physiologie. Pour l’entretien et l’assainissement des toilettes publiques, Angélina Hodonou recommande aux gérants l’utilisation des produits tels que l’Ajax, l’eau de javel et les détergeants (savon). Et de conseiller que pour les latrines publiques, il faut que les usagers utilisent du papier lotus pour nettoyer les toilettes pourvues de cuvette. Si c’est une toilette simple, ils doivent prendre des précautions pour ne pas trimbaler les organes génitaux sur des parties sales. De ce fait, elle invite les usagers à choisir les toilettes propres et bien entretenues. Elle exhorte également les utilisateurs à bannir l’incivisme. « Car loin des regards des hommes, nous devons être capables d’entretenir une toilette », souligne la sage-femme. Elle pense de ce fait, qu’il est nécessaire d’éduquer la population en ce qui concerne la propreté des villes, des toilettes publiques et même de l’hygiène corporelle. « On peut dire que des gens ont eu un minimum d’éducation, mais d’autres n’en ont pas vraiment », affirme-t-elle.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 15 avril 2014 à 08:14, par dao En réponse à : Toilettes publiques à Ouagadougou : Quand « aller au petit coin » devient un grand problème

    le problème est plus grave : beaucoup de gens n’ont pas le sens même de l’hygiène : au niveau même des concessions familiales, on peut noter qu’un grande partie n’ont pas de latrines. les enfants se soulages dans les six metres ou dans les fossés de jour comme de nuit, tandis que les parents plus discrets attendent la nuit !
    au niveau des toilettes publiques la commune pourrait mettre en place une structure autonome (Agence communale de gestion des toilettes publiques) ainsi la propreté de ces lieux serait garantie car la structure y veillerait forcement parce qu’il y va de son interêt. Tant qu’il s’agira de toilettes publiques laissées à l’usage incontrolé des populations rien ne changera car ce n’est pas du jour au lendemain que les mentalités vont changer

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