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Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

Publié le lundi 14 avril 2014 à 01h01min

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Pendant plus de deux décennies, la faune politique burkinabè a rêvé d’une « opposition forte » et elle ne l’a jamais obtenue. Du reste, la réalité oppo-scissionnelle n’a jamais réussi à se hisser à la hauteur des attentes. Jusque-là, les opposants n’avaient pas réussi à proposer une alternative crédible, à même de susciter l’union de toutes les forces.

Il a suffi que le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) surgisse des contradictions du parti au pouvoir pour que toutes les « têtes de rat » se rangent précipitamment derrière la « queue du lion ». Faut-il croire que l’heure de l’opposition burkinabè a enfin sonné ?
La présence du Chef de file de l’opposition aux manifestations du MPP qui se sont tenues le week-end dernier pouvait être interprétée comme le signe d’une certaine unité retrouvée. Seulement, quelques jours avant, Zéph EnDiabré n’a eu que ses yeux pour constater le départ de certains de ses plus proches collaborateurs vers les rangs du nouveau parti. Le cas qui saute le plus aux yeux est sans doute celui de Djézouma Sanon de l’Union des démocrates pour le progrès social (UDPS) dont le parti, à l’instar de 7 autres, a fusionné avec le MPP.

Non pas que son adhésion avec armes et bagages à cet autre parti entraînera la fin de la collaboration avec le Chef de file de l’opposition. Mais la nouvelle donne est qu’en se réclamant d’un nombre aussi important de partis politiques qui s’aliènent à lui, le parti des « démissionnaires du CDP » devient du coup le poids le plus lourd de l’opposition. L’Union pour le progrès et le changement (UPC) peut toujours brandir les 18 députés qu’il a engrangés lors des dernières législatives de décembre 2012, mais il ne peut pas se targuer d’avoir le même nombre de militants et de sympathisants que le MPP. Ainsi, si son parti peut se considérer, de droit, comme le Chef de file de l’opposition, la réalité politique est aujourd’hui telle que le MPP s’impose comme le chef de file de fait.

Il suffit de se référer au passé des leaders de ce méga-parti de l’opposition pour comprendre le sens de l’avenir que certains opposants pensent trouver en eux. Si Emile Paré, Djézouma Sanon, Malick Sawadogo, Fidèle Kientéga, Ousséni Tamboura, Moussa Boly... peuvent leur faire aussi facilement confiance au point de renoncer aux sigles et aux statuts de leurs partis respectifs, ce n’est certainement pas pour faire plaisir à Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré. Ils visent des objectifs bien clairs. Ils pensent avoir flairé un changement qui ne devrait plus tarder à leur profiter. Et cela est d’autant plus légitime qu’un homme politique avisé doit savoir saisir les opportunités qui s’offrent à lui.

Mais qu’est-ce qui prouve que ces ex-leaders du CDP qui semblent séduire aussi bien dans les rangs de l’opposition que de la majorité présidentielle ne vont pas provoquer les mêmes situations qui ont fini par entraîner leur mise à l’écart ? Le combat qu’ils mènent aujourd’hui est-il seulement pour « la libération du peuple burkinabè » ? ou aussi pour se venger de leurs anciens camarades ? Pourquoi Roch-Simon-Salif choisissent-ils de miser sur des leaders politiques -dont la plupart n’ont plus rien à prouver- plutôt que de chercher, prioritairement, à partager les idéaux de leur parti avec les jeunes ?

Ces questions sont d’autant plus pertinentes que l’une des raisons qu’évoquent les trois mousquetaires pour créer leur parti est qu’ils ont été mis à l’écart au CDP. Mais pouvait-il en être autrement dans un parti politique qui doit gérer les ambitions de plusieurs générations à la fois ? Si ces hommes politiques n’ont pas accepté d’être relégués au rang de « simples conseillers politiques » dans leur parti d’origine, qu’est-ce qui prouve qu’ils seront prêts à céder leurs places aux jeunes et aux femmes le moment venu ? Roch-Simon-Salif ne paraissent-ils pas plutôt comme des mauvais perdants de la compétition générationnelle qui n’a pas encore dit son dernier mot au sein du parti présidentiel dont ils ont claqué la porte ?

Il est peut-être prématuré de vouloir les juger pour ce qu’ils n’ont pas encore fait. Mais une chose est sûre, c’est que les mêmes causes qui les ont poussés à créer le MPP ne manqueront pas. Le principal enjeu de la démocratie burkinabè n’est pas tant dans la multiplication des partis ou encore dans la fusion des partis dans une formation que l’on croit si près du pouvoir. L’essentiel du débat est de savoir à quoi peut servir un parti politique dans la recherche de l’équité, de la justice, du développement et du bien-être de tous et pour tous. Or, lorsqu’on regarde la configuration actuelle des partis politiques, on se rend bien compte que ce qui importe c’est plus la promotion individuelle que les préoccupations du plus grand nombre.

Qu’on se le dise, l’engouement que suscite le MPP est moins l’expression d’une prise de conscience profondément politique que celle d’un opportunisme à se mettre du bon côté du bol de soupe. Les hommes, femmes et leaders politiques qui courent vers cette formation politique semblent se convaincre que celle-ci va bientôt prendre le pouvoir et que, eux, pourront ainsi réaliser leurs rêves personnels. Dans une telle perspective, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Après la « patrimonialisation du pouvoir », il faut aussi craindre la « Rocho-simono-salifisation » de l’opposition.

Autant les Burkinabè en ont légitimement marre d’un giga-parti au pouvoir, autant ils peuvent regretter d’avoir un méga-parti d’opposition. L’équilibre des forces politiques doit plutôt provenir de la qualité de la gouvernance et des projets de société qui sont proposés au peuple. Comme le disait si justement le président américain Barack Obama, l’Afrique n’a pas besoin de dirigeants forts, mais d’institutions fortes. En devenant déjà trop fort, trop gros et trop lourd avant même d’avoir fait ses premières preuves électorales, le MPP n’est-il pas déjà mal parti ?

F. Quophy

JJ

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2014 à 04:25, par fongnon lecibal En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    tous ces debats sur le mpp sont des debats unitiles.au lieu de nous concentrer sur l’essentielle pour ne pas modifier la constitution,vous êtes la mpp,mpp.pourquoi vous ne crtiquer pas le cdp qui s’entête a mettre le feu au pays.

  • Le 14 avril 2014 à 09:32, par LE CITOYEN ROUGE En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    Mais monsieur le journaliste, vous prenez votre désir pour la réalité ou quoi ? Vous parlez de victime de promotion générationnelle, mais ayez le courage de regarder chez les soi-disant promoteurs de ces générations. Quelqu’un est là-bas, IL est là où il est ça fait plus de 30 ans qu’il est là-bas. Pis encore, il est actuellement à sa limite réglementaire, mais il est encore prêt à mettre le pays à feu et à sang pour se maintenir vaille que vaille. Alors, il n’y a pas plus de promotion de génération que de laisse cette place à quelqu’un d’autre. Et les choses vont bouger successivement ainsi jusqu’aux jeunes générations. Sincèrement monsieur le journaliste, vous feriez oeuvre utile pour notre cher pays le Burkina Faso si vous dénonciez cela au lieu de chercher des poux sur des crânes rasés. De grâce, ne cherchez pas à semer la zizanie parmi ceux qui portent actuellement l’espoir de tout un peuple martyrisé depuis plusieurs décennies. Ils sont bénis de Dieu. Et ce qui est béni de Dieu est indomptable. Webmaster, stp, ne censure pas mon message !

  • Le 14 avril 2014 à 11:06, par Mnifou En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    Je ne comprends vraiement pas certaine personnes. Tantot elles pretendent qu’il ya trop de partis politiques au burkina et qu’il faut un regroupement pour peser lourd dans l’echiquier politique, sans quoi il n’y aura pas d’alternance ou d’opposition credible. Maintenant qu’un parti de l’opposition ose le regroupement, ses memes personnes trouvent qu’il est trop grand (mega-parti) pour faire l’affaire de l’opposition. Dite moi, exactement la taille d’un parti politique pour avoir votre "sans faute". Le MPP fait tellement peur, que certains ont perdu leur boussole. Vivement que DIEU SAUVE LE PEUPLE !

  • Le 14 avril 2014 à 11:46, par COLOMBE En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    C 1 ANALYSE REALISTE.MAIS N VS INKIETÉ PA,TOU CEU KI PENSANT KIL VERON LEUR HEUR AU MPP SERON DESILLUSIONNÉ AVAN 2015.C L PROGRAM KI DETERMINERA L CHOI DU PEUPLE.SINON K JAI FOI A NOTR OPPOSITION KI BENEFICI D LA SAGESSE D ARBA D LEXPERIENCE D DIABRE.

    • Le 14 avril 2014 à 17:12, par Le chancelier En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

      L’opposition, la vrai peut dejà regretté ce mega parti car ces serpent qui viennent de changer de peau ne laisseront jamais tombé leur venin. Aprè avoir mal gouverné le pays avec Blaise Compaoré ils ont decidé de prendre possession de la marmite maintenant tout simplement parce qu’ils en etaient ecarté au profit de nouvelle personne qui devait venir faire leur preuve.

  • Le 14 avril 2014 à 17:45, par tché En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    le MPP est un parti politique ou les gens vont pas pour une prise de conscience profondément politique mais plutot pour un opportunisme à se mettre du bon côté du bol de soupe. Les gens sont guidé par le ventre et ils pensent avec le MPP ils plus proche de là ou on peut se remplir le ventre. Quelle honte pour les Emile Paré.

  • Le 14 avril 2014 à 17:46, par Lum En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    Mr F. Quophy, c’est justement trouvé, les Roch-Simon-Salif sont plutôt des mauvais perdants de la compétition générationnelle. Ils ne sont pas pour la jeunesse. La preuve ils n’ont accepté leur relégation au CDP au profit des jeunes et encore pire ils ont mis les jeunes au placard dans leur parti le MPP. Ils pensent que c’est leur génération qui est faite pour gérer le pays.

  • Le 14 avril 2014 à 19:38, par wedaga En réponse à : Après le giga-parti au pouvoir, voici le méga-parti de l’opposition

    Non, le MPP n’est pas déjà mal parti ! c’est plutôt vous qui êtes mal parti et ce d’une analyse très partisane. Comment pensez-vous battre le CDP sans méga-parti d’opposition ? Vous citez OBAMA mais à savoir si vous le comprenez ou peut être que vous refusez de le comprendre parce que je suppose que votre niveau intellectuel devrait le permettre. Pour qu’il y ait des institutions fortes, il faut qu’il y ait au départ des hommes forts, capables d’imaginer et créer ces institutions, des hommes forts pour les diriger. Vous parlez des gens qui suivent pour leurs intérêts personnels, peut être que c’est votre cas, sinon que le peuple veut d’abord un changement réel et inconditionné : la non révision de l’article 37 et le non au Senat ; le reste, quelque soit celui qui sera au pouvoir, vous verrez que le peuple ne serra pas idiot comme vous le pensez. Si des gens ont été "justes" sous la révolution malgré les quelques erreurs humaines et ont pu changé radicalement pour piller le peuple par la suite, de même des gens peuvent quitter ce bourbier et devenir utiles à la patrie. Nous croyons à l’avenir du Burkina et il en serra ainsi. Vive l’opposition burkinabè consciencieuse !

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