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Foire du niébé du Sourou : Une vitrine de promotion de la culture de « l’or vert »

Publié le mardi 1er avril 2014 à 23h47min

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Foire du niébé du Sourou : Une vitrine de promotion de la culture de « l’or vert »

Toéni, une commune rurale située à 45 km de Tougan, chef-lieu de la province du Sourou. C’est ce village situé à quelques kilomètres de la frontière malienne qui a été choisie pour abriter la 5e foire provinciale du niébé du Sourou, le 29 mars 2014. Parce que la manifestation est tournante, mais aussi parce que Toéni fait partie des plus grandes productrices de cette denrée communément appelée haricot. Exposition-ventes du niébé et des autres potentialités de la province, concours d’arts culinaires, de danse traditionnelle des femmes, récompenses des groupements et autres productrices de cette denrée ont marqué cette fête du ‘’Benga’’.

En voitures, en camions, en cars, en tricycles, à motos, à vélos… les populations ont convergé, toute la journée, vers la place de la mairie de Toéni, pour vivre la fête du niébé. Certes, les populations de la localité se sont appropriées l’évènement. Mais également, d’autres délégations sont venues des communes voisines, ainsi que de Ouagadougou, de Kongoussi…. Pourtant, la mobilisation n’était pas gagnée d’avance. « Quand nous avons voulu organiser la foire à Toéni, on nous a dit qu’à Toéni, la mobilisation est très difficile. Mais, c’était sans compter avec la détermination des femmes », se réjouit Clémentine Dabiré, la présidente de l’association YIYE, structure organisatrice de la foire. YIYE signifierait en langue San ‘’avoir des initiatives, avoir des idées’’ pour que la femme sorte de la misère. Elle compte environ 200 membres, avec des organisations amies dans les provinces du Bam et du Kadiogo.

« Nous ne savons même pas comment féliciter cette dame-là (ndlr : Clémentine Dabiré/Binso) pour cette initiative. C’est formidable ce que nous avons vue. Il faut que nous continuons à encourager nos braves femmes à cultiver plus », soutient le président de la cérémonie, le colonel Mamadou Djerma, grand chancelier des ordres burkinabè. Même sentiment de satisfaction pour la marraine de la foire, Mme Tahi Diawara/Djiré qui se réjouit que « la maitrise de la production, mais aussi de la gestion est en marche ». Ce qui a frappé le co-parrain, Bernard Dabiré, coordonnateur du PAFASP (Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales), « c’est l’utilisation des sacs PICS qui permettent de conserver le niébé ».

Jusque-là, au niveau du PAFASP, le niébé était une filière secondaire. « Mais, on s’est rendu compte que le niébé avait une grande importance pour l’amélioration des conditions de vie des populations, pour la sécurité alimentaire, pour l’augmentation de la production », précise Bernard Dabiré. Ainsi, pour la seconde phase du programme, le niébé sera une filière prioritaire. Ce qui permettra d’accompagner plus conséquemment les producteurs et productrices de cette denrée.

La Boucle du Mouhoun, 2e productrice du niébé après le Nord

Toéni fait partie des premières communes productrices de niébé de la province. Et, « cette activité a de beaux jours devant elle au regard de l’intérêt sans cesse grandissant que lui accordent les femmes de Toéni », se convainc la première adjointe au maire de la commune.

Adapté aux zones à écologie fragile, le niébé fait partie intégrante des produits vivriers de base, consommés au Burkina. Il est produit dans toutes les régions du pays, généralement en association avec les céréales (95%). La Boucle du Mouhoun, avec 46173 tonnes lors de la dernière campagne, se classe 2e après le Nord (99 357 tonnes). Et, force est de reconnaître que la production de la région est fortement influencée par celle du Sourou qui connait un accroissement important depuis 2009 du fait de l’intervention additionnelle de l’association YIYE en plus de la Direction régionale de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. La production annuelle est passée de 7015 tonnes en 2007 à 59 965 tonnes en 2012. Mais, elle a connu une légère baisse cette année à cause des aléas pluviométriques.

Pour pallier les effets des aléas climatiques, L’INERA a mis à disposition plusieurs variétés de niébé en fonction des zones agro-climatiques. Des variétés qui se distinguent par la couleur et la grosseur des graines, le goût, la vocation fourragère et/ou des graines…

Valoriser la filière niébé

La foire du niébé du Sourou se donne pour objectifs de : rendre hommage aux femmes qui, dans l’ombre, abattent un travail extraordinaire pour l’équilibre des familles ; limiter le flux de l’exode rural ; interpeler les décideurs à jouer le rôle de catalyseur des foyers, valoriser la filière niébé. Elle vise également à résoudre les problèmes d’équipement, de formation, de recherche de débouchés pour les productrices de la province.

Actuellement, les débouchés principaux sont : la demande urbaine intérieure (90%) et l’exportation sur le marché sous-régional notamment la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, et le Nigéria qui constitue un marché énorme. A travers l’organisation de la foire, l’association YIYE et ses partenaires entendent faire du « niébé, l’or vert du Burkina ».

Des prix aux meilleures productrices et transformatrices

Aussi bien individuellement que par groupement, les femmes les plus méritantes dans la production, la commercialisation et dans la transformation (art culinaire) ont été distinguées. Dans la catégorie Production, ce sont les Semencières de Djouroum, les Semencières de Loroni, et celles de Ouory qui ont été primées. En production individuelle, le trio gagnant est : Salimata Drabo (Kassoum), Salimata Drabo (Tougan), et Françoise Topan (Kiembara). Dans la commercialisation, Fanta Kouanda (Lankoué), Karidja Zerbo (Tougan), Djénéba Drabo (Tougan) sont les lauréates de l’édition 2014. Côté groupements, les vainqueurs sont : Nabons-Wendé de Gourbassa (Lankoué), Sabari Nana de Djouroum, Song-néré du Secteur n°3 de Tougan.

En arts culinaires, les prix ont été décernés à Djénéba Boro de Toéni, Christine Ido de Tougan et Rakietta Yoda de Tougan, pour l’originalité, la valeur nutritive des plats proposés. L’on a pu découvrir des plats rares tels que les beignets fourrés de niébé ou encore le dèguè de niébé.

Les prix étaient constitués de charrettes, de charrues, de brouettes, de sacs d’engrais, de sacs de conservation du niébé, de fûts, des grands plats. En fonction du rang et des catégories dans laquelle les lauréates étaient en compétition.

La foire s’internationalise

La particularité de la 5e édition de la foire du niébé du Sourou, c’est son ouverture à la commune voisine de Baye du Mali. C’est d’ailleurs le préfet du Cercle de Bankass, dont relève Baye, qui a conduit la forte délégation malienne. «  C’est une très belle initiative qui met en valeur nos productions. Nos Etats sont à vocations agro-sylvo-pastorales. Ça, c’est une façon intelligente de renforcer les revenus du monde rural, de valoriser nos propres produits. C’est une initiative qu’il faut vulgariser dans la sous-région », a lancé le chef de la délégation dont c’est la première participation. « S’il plait à Dieu, à la prochaine édition, le cercle de Bankass sera bien présent avec des exposants  », a-t-il promis.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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