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Culture et Art africain à travers la littérature : Au centre d’un colloque organisé par l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST)

Publié le mardi 1er avril 2014 à 16h13min

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Culture et Art africain à travers la littérature : Au centre d’un colloque organisé par l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST)

La diversité socioculturelle comporte, d’une part la notion de société et d’autre part celle de culture. Chaque société véhicule une culture qui caractérise et définit son mode de fonctionnement, ses normes sociales et ses valeurs de même que les relations interpersonnelles et intergénérationnelles.

Des chercheurs de plusieurs horizons se sont rencontrés à Ouagadougou pour partager leurs points de vue sur la place et le rôle de l’Art et la culture dans les œuvres littéraires d’inspiration africaine. C’était dans le cadre d’un colloque organisé du 24 au 25 mars 2014, en séance délocalisé à l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) à Ouagadougou. Le colloque international portait sur le thème : « Les arts et les expressions culturelles dans la littérature africaine : entre continuité et mutations ».

Il faut rappeler que la culture joue ainsi un rôle primordial dans la définition des identités individuelles et collectives, la cohésion sociale et le développement socioéconomique. Lorsque plusieurs sociétés et individus cohabitent, il s’avère nécessaire de promouvoir à travers la diversité socioculturelle, les valeurs telles que la tolérance et la reconnaissance mutuelle qui sont maintenues par un dialogue entre les cultures et les civilisations. Ce dialogue est entretenu par divers supports de langages dont les œuvres littéraires. La diversité socioculturelle est considérée donc comme étant la constatation de l’existence et du respect des différentes communautés avec leurs cultures.

La littérature africaine, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, a été inspirée par la culture africaine et la multiplicité des œuvres littéraires, bien que fictionnelles, traduisent plusieurs réalités sociales, économiques, culturelles, spirituelles et matérielles des peuples du continent Africain. Elles traduisent aussi les rapports des peuples à la vie, au genre, au sacré, à la religion, à la naissance, à la mort, au beau, l’éducation, les conflits les rivalités et l’amour.

La cérémonie d’ouverture du Colloque a été placée sous la présidence du Délégué Général du CNRST (Pr. Basile Laetare GUISSOU) en présence du Directeur de l’INSS (Pr. Mamadou Lamine SANOGO) et du Directeur Adjoint, chargé des Programmes de l’INSS, président du comité d’organisation (Pr. Alain Joseph SISSAO).

Le Pr. Basile GUISSOU a rappelé les missions du CNRST et plus particulièrement celles de l’INSS qui se positionne comme étant un observatoire des communautés et des réalités sociales du Burkina Faso. Il exprime sa satisfaction de voire converger les participants de divers horizons et salue leur présence effective à cette manifestation scientifique qui fait partie des activités et festivités entrant dans la cadre de la SNC. C’est une tribune offerte aux chercheurs pour partager les fruits de leurs travaux et discuter des aspects théoriques mais aussi idéologiques qui caractérisent la traduction de la Culture et des Arts d’inspiration africaine dans leur œuvre littéraires et leur diffusion.

Durant deux jours, les participants à ce colloque, les chercheurs et enseignants des universités, venus du Bénin, Burkina Faso, Canada, Cameroun, Côte d’Ivoire, du Danemark, du Gabon, du Nigéria, du Sénégal, et du Togo ont partagé les fruits de leur recherche et leur réflexion sur les modalités et les clés de lectures qui permettent de repérer et revaloriser la Culture et l’Art africains à travers les œuvres et les productions littéraires. Ainsi, vingt trois (23) communications ont été présentées et discutées dans quatre (04) panels. Le colloque a voulu explorer, dans une perspective aussi bien synchronique que diachronique la manière dont la littérature africaine, les traces de l’art et de la culture qui s’expriment dans le contexte africain nourrissent la diégèse littéraire au point de constituer le ferment d’un Art poétique spécifique, voire novateur, autant qu’un appui de la réflexion idéologique et identitaire.

La lecture d’une œuvre littéraire se déplace dans deux ordres. D’une part, celui d’un univers à partir duquel le texte prend forme pour ultimement constituer un microcosme obéissant à une législation (littéraire) et d’autre part, un déplacement qui est relatif à la démarche d’un lecteur s’introduisant dans un univers étranger. Les analyses et réflexions partagées ont situé les limites du plaidoyer pour une lecture purement esthétisante du texte africain en montrant que plusieurs théoriciens ont plaidé pour une lecture a-idéologique qui est non éthiquement marquée. La pertinence des propos pour une lecture des littératures d’inspiration africaines tient à la prise en compte des éléments tels que : l’esthétique et l’éthique, l’idéologie et l’identité. A cet effet, la perception de l’Art et la Culture africaine peuvent être un moyen d’africanisation du texte littéraire dans la mesure où l’artefact convoque l’art de plusieurs manières par l’affichage des objets d’art dans le paratexte et la mise en scène de la figure des acteurs.

Il faudra alors être attentif, non plus aux impératifs qui imposent l’idée de lecture esthétisante mais également à la narration des récits culturellement chargés comme ceux de « la berceuse du Cameroun » qui permet de relever des éléments vivificateurs de l’éducation et une arme féminine. Cet Art qui est un invariant des réalités sociales africaines met en scène la vie de couple, la vie communautaire, les relations du genre, les espoirs et les désespoirs des femmes, des scènes de jalousie, le chagrin et la rivalité, et un mode de transmission d’un héritage patrimoniale dans lequel la femme joue un rôle important de manière directe ou indirecte.

L’homme n’est nullement ignoré dans cet Art, bien au contraire, il est l’élément stimulant du génie et de la réactivité des femmes. Plusieurs traces dans la littérature d’inspiration africaine mettent en évidence l’image de la femme qui occupe une place importante dans la vie des communautés et dans les décisions prises par les hommes. L’une des recommandations du colloque a été justement de s’intéresser à la thématique de la femme dans les œuvres littéraires les jours à venir et d’en tirer des enseignements.

Le Directeur de l’INSS dans son discours de clôture a remercié les partenaires financiers qui ont soutenu l’activité, il s’agit du Fonds National de la Recherche Scientifique (FONRID) et l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Il salue l’engagement des chercheurs qui ont bien voulu partager leur perception et surtout leur conviction sur les voies et moyens de promouvoir l’Art et la Culture Africaine sous l’angle de la recherche scientifique et singulièrement, essayé de proposer des clés de lecture pour appréhender la littérature francophone d’expression et d’inspiration africaine.

Les grandes conclusions du colloque viennent montrer si besoin en est que sa tenue a été utile et permet de renouveler la réflexion autour des grandes questions de l’art et de la littérature. L’INSS apporte ainsi sa partition dans le débat national qui permet aussi d’orienter et renouveler les différentes approches culturelles.

Dr Roger ZERBO, INSS/CNRST
Dr Patrick KOURAOGO, INSS/CNRST
Dr Luc KABORE, INSS/CNRST

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