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Intégration sous régionale : Les forces et les faiblesses de la communication institutionnelle de l’UEMOA

Publié le vendredi 28 mars 2014 à 23h25min

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Intégration sous régionale : Les forces et les faiblesses de la communication institutionnelle de l’UEMOA

Pour l’obtention de son diplôme de fin de cycle de Conseiller ès Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Niveau III en Journalisme), Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem a consacré son mémoire à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Son étude passe en revue les forces et les faiblesses de la démarche adoptée par cette institution sous régionale pour porter la mise en œuvre du processus d’intégration à la connaissance des populations de l’espace.

L’originalité, l’actualité et la pertinence du sujet de recherche de fin d’études (Niveau III ou DESS) de Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem ont convaincu les membres du jury composé de Dr Cyriaque Paré (Président de Jury), de Martin Kaboré (Suffragant) et de Jean Pierre Somda (Directeur de mémoire). Sans ambages, il a relevé les forces et les faiblesses des capacités informationnelles actuelles de l’UEMOA. Il ressort de ses recherches qu’elles ne reflètent plus la notoriété de l’institution. Bien qu’elle dispose d’une politique et d’un programme de communication employant des outils très variés, le plan actuel pour assurer la visibilité de l’institution sous régionale est peu performant et peu efficace.

Il ne traduit pas assez ses ambitions dans la mise en œuvre du processus d’intégration. Cette situation est essentiellement due à l’insuffisance des moyens humains devant des objectifs divers à l’endroit de cibles variées ainsi qu’à l’inadéquation des instruments, des outils et des techniques d’information pour répondre à des défis et à des enjeux sans cesse nouveaux. Ce sont les principales conclusions auxquelles les recherches de Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem ont abouti. Elles sont le fruit d’une minutieuse étude menée sous le thème : « Analyse du dispositif d’information d’une institution sous régionale : cas de l’UEMOA ». Scindée en deux parties « Cadre théorique et méthodologique, présentation de l’UEMOA et son dispositif d’information » et « Résultats de la recherche, forces et faiblesses du dispositif d’information », elle apparaît comme un diagnostic profond de l’approche informationnelle adoptée par l’UEMOA pour promouvoir ses programmes et ses réformes auprès des populations cibles. C’est un examen sans complaisance de la place et du rôle de l’information dans le fonctionnement de l’UEMOA ainsi que des moyens mis à la disposition de la Direction de la Communication, de la Documentation et des Archives (DCDA) pour rendre visible la « Marche de l’Union ».

La politique et le plan triennal de communication ont été passés au peigne fin. Sur les onze (11) organes de l’Union, seuls deux sont dotés d’un service autonome de communication. Les informations liées aux neuf (9) autres sont pilotées par la DCDA dépendant directement de la Commission. Pour jauger la visibilité de l’institution sous régionale, des données ont été recueillies auprès de cinq cent soixante-quinze (575) personnes constituées d’opérateurs économiques, de journalistes, de chauffeurs routiers et d’étudiants des universités publiques burkinabè.

Un « abîme » entre le sommet et la base

L’impétrant a aussi procédé à des entretiens avec une dizaine de personnes ressources internes (responsables de directions spécifiques) et externes (responsables d’organisations socioprofessionnelles) à l’UEMOA. Se fondant sur les opinions, les avis et les témoignages exprimés par les enquêtés, l’étude de Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem est parvenu à cette évidence : « Si l’intégration est bien réelle sur le papier et bien belle dans les intentions au sommet des Etats membres, elle demeure lointaine sur le terrain au regard des réalités que vivent les principaux bénéficiaires à la base ».

S’il est indéniable que l’UEMOA commence à être connue par une majorité des populations-cibles, il n’en demeure pas moins que celles-ci ignorent ses programmes et ses réformes communautaires en leur faveur. Toutefois, il ressort que l’adhésion et l’implication des populations de l’espace restent confrontées à des entraves liées aux capacités opérationnelles de l’institution sous régionale pour diffuser et vulgariser son idéal. Malgré les ressources financières disponibles en permanence pour rendre visibles les actions communautaires, celles-ci se sont effritées avec le temps car les missions dévolues à l’UEMOA prennent de l’ampleur d’année en année. La seule direction de la communication doit s’atteler à la visibilité de neuf (9) des onze (11) organes et des sept (7) départements de la Commission avec seulement six (6) personnes.

Bien que sa politique de communication soit pertinente à plusieurs égards, elle souffre de l’insuffisance des acteurs commis à sa mise en œuvre et de la faiblesse de la méthodologie de travail adoptée. Les efforts consentis s’amenuisent avec l’abondance des tâches. Face à une multiplicité d’objectifs et à une variation de cibles, l’information sur l’UEMOA a une forte connotation institutionnelle. Elle est inaccessible à la base. Des publications propres à l’institution telles le « Bulletin officiel », « La Marche de l’UEMOA » et « Les Pages jauges » paraissent de façon irrégulière ou sont interrompues.

Cette absence de médias propres n’est pas suffisamment palliée par un recours « bien imaginé » aux médias des Etats membres (journaux, radio, télévision). L’usage des Technologies de l’information et de la communication connait aussi ses limites avec le constat de l’irrégularité dans l’actualisation des informations sur le site officiel de l’UEMOA. Les 575 personnes enquêtées sont sans ambages : « La façon d’informer de l’UEMOA est mauvaise. La méconnaissance des programmes et des réformes communautaires est due, en grande partie, à un déficit d’information ».

Un dispositif d’information peu performant

La mobilisation de toutes les parties prenantes à la promotion d’une « Solidarité de destin » n’est pas certaine. La méconnaissance des réalisations communautaires limitent leur impact. La participation pleine et entière des populations à la « Marche de l’UEMOA » est limitée par le fossé informationnel entre l’institution et les habitants de l’espace. Le dispositif d’information éprouve d’énormes difficultés à combler ce vide qui entrave l’appropriation des réalisations communautaires.

Pour Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem, qui a mené son étude sous la direction de l’expert en communication, Jean-Pierre Somda, il est nécessaire pour l’UEMOA de s’investir à rendre plus performantes et plus efficaces ses capacités opérationnelles en termes de visibilité afin que « l’intégration n’apparaisse pas comme un leurre » vingt ans après la signature Traité de Dakar. « Si l’intégration est l’aboutissement d’une communauté de destin consentie par un ensemble de pays conscients de leurs limites de leurs moyens de développement au plan national, le désir de complémentarité entre les Etats qu’elle sous-tend doit être porter par une information accrue et ciblée pour mieux expliquer, sensibiliser, conscientiser et convaincre les populations sur cette nécessité afin de susciter leur adhésion au projet et leur appropriation de l’œuvre commune », note l’impétrant.

Pour ce faire, il a formulé un certain nombre de suggestions à l’endroit de la direction de la Communication et de la Commission. Globalement, elles portent sur : le renforcement des moyens humains et matériels, la redéfinition du rôle des acteurs de l’information et de la communication ainsi que leur redéploiement, l’adaptation de la spécificité des cibles à la nature des interventions, la reformulation de nouveaux outils et techniques d’information consacrés à la base. Le jury présidé Dr Cyriaque Paré a reconnu l’intérêt de l’étude de Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem. Après avoir émis des critiques pour améliorer le document final dans le fond et la forme, il lui décerné la note de « 17 sur 20 » soit la mention « Très Bien ».

Lassané Osée OUEDRAOGO
Pour Lefaso.net

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