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Période pré-électorale : le cirque des marchands d’illusion

Publié le vendredi 4 février 2005 à 07h22min

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Ils ont déjà commencé à égrener des chapelets de promesses. Les hommes politiques affûtent leurs armes pour les élections municipales et présidentielle de 2005. Avant même l’ouverture officielle de la campagne, ils sillonnent certaines localités du Burkina, à la conquête de l’électorat.

Ce qui n’est pas mauvais en soi. La période électorale est, en effet, un moment privilégié pour instaurer un dialogue politique fort entre les citoyens et leurs candidats. Le problème cependant, c’est que certains hommes politiques en font un fonds de commerce pour satisfaire des besoins personnels. Tant pis pour l’intérêt général !

Ainsi, après les élections, ils disparaissent, laissant les électeurs dans le désarroi. Comme si la politique n’était qu’un jeu de dupes où "les uns mangent et les autres regardent". Comme si aussi, le jeu politique n’avait de sens véritable que pendant les campagnes électorales. Si seulement ces campagnes se déroulaient dans les règles de l’art ! Mais elles sont émaillées de pratiques malsaines :corruption, malversations financières, mensonges... Tout cela enlève à la politique son charme.

Le pire, c’est que les candidats élus ne tiennent pas les promesses annoncées pourtant en grande pompe pendant les campagnes. Ils bernent les populations, s’enrichissent, et se représentent comme de beaux diables quand sonne l’heure des élections, pour encore demander, à nouveau, et toute honte bue, la confiance des électeurs.

Récemment, des conseillers municipaux ont été aperçus dans certains quartiers de Ouagadougou, en train de tenir des discours mielleux. Promettant tantôt des parcelles, tantôt certaines infrastructures jugées utiles aux yeux des populations. Pourtant, pendant leur mandat quinquennal, la plupart des conseillers municipaux ont usé de stratégies pour tourner les populations en bourriques.

Continuant de faire des promesses sans suite concrète ou désertant les électeurs, ils préférent jouir sans partage des délices du pouvoir. Et comme la conscience citoyenne n’est pas de mise, les populations continuent de tomber dans le piège des hommes politiques. La "majorité silencieuse" est ainsi maintenue dans un obscurantisme total, intentionnellement entretenu par certains politiciens en mal de dividendes. Or, comme dit un intellectuel burkinabè, "si vous êtes sous-informés, vous êtes sous-citoyens".

A l’évidence, les partis politiques burkinabè ont de nombreuses tares vis-à-vis des missions que leur confère la Constitution ; c’est-à-dire l’animation de la vie politique, l’information et la formation des citoyens, etc. Les élections sont des moments extrêmement importants pour la marche de toute société. Si le peuple choisit mal ses représentants, c’est l’édifice national qui en pâtira. Et c’est tout le monde qui paiera , tôt ou tard, les pots cassés.

Même si une minorité continuera de se la couler douce, en toute impunité. Comme le dit si bien l’artiste burkinabè Zêdess, "la plus grande arme de destruction massive, c’est l’ignorance". La mauvaise foi aussi, est-on tenté de dire. Car, aujourd’hui, le jeu politique est en partie verrouillé, laissant libre cours à des pratiques malsaines. Le débat national semble être vidé de sa substance. On assiste plutôt à des querelles d’individus sous-tendues par un choc des ambitions et une course apparemment effrénée au leadership.

Il importe donc que les institutions chargées de réguler le jeu politique et les organisations de la société civile entrent en scène afin d’empêcher les acteurs politiques de commettre certaines dérives. L’Institut national démocrate pour les affaires internationales (NDI), le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et bien d’autres structures ont déjà donné le ton . Mais il faut bien que les politiques eux-mêmes fassent leur introspection et se résolvent, enfin, à défendre bec et ongles, l’intérêt supérieur de l’Etat.

L’année 2005 sera l’année de grands défis politiques. Et il appartient aux burkinabè , politiciens ou pas, de faire preuve d’intelligence afin d’apporter de la sève nourricière au processus démocratique.

Mais réussira-t-on à tenir ce pari ? Cela relève du possible. A condition, bien sûr, que la mauvaise foi soit bannie et que la recherche de l’intérêt général soit le credo des actions nationales. Pour cela, les vendeurs d’illusions doivent impérativement arrêter leur cirque. Au nom de la démocratie !

Le Pays

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