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Agboville : Menacés d’expropriation, des planteurs Burkinabè appellent leur ambassadeur au secours

Publié le lundi 24 mars 2014 à 11h16min

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Agboville : Menacés d’expropriation, des planteurs Burkinabè appellent leur ambassadeur au secours

Dans le village d’Anon, une sous-préfecture du département d’Agboville (Côte d’Ivoire), 200 familles burkinabè et maliennes sont sous la menace d’une expropriation de leurs plantations.

La semaine dernière, une opération de destruction des plantations de cacao a été initiée par M. Allo Boussé, détenteur d’une décision de justice, et qui a requis les FRCI. 4 hectares de cacao ont ainsi été détruits, pour l’instant dans cette opération qui a fait au moins deux blessés. C’est actuellement l’émoi au sein des occupants du site. Elle en appelle à l’intervention des autorités ivoiriennes et de l’ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire pour faire cesser ces destructions. De quoi s’agit –il ?

Destruction de plantations

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter les années 1977. En effet, en 1977 l’Etat de Côte d’Ivoire venait de déclasser la forêt classée de la Kavi au profit des populations. La communauté Burkinabé et malienne résident dans la localité adressent une requête au préfet d’alors, M. Daouda Coubaly à l’effet de disposer d’une parcelle pour la création de plantations. L’autorité accède à la demande à lui adressée et indique aux requérants la procédure à suivre pour l’acquisition définitive des terres. La reconnaissance physique des parcelles (103 hectares) est alors confiée à la Sodefor qui en assure la délimitation et le bornage contre paiement des droits d’usage.

De 1977 à 1998, les deux communautés exploitent les terres mises à leur disposition sans le moindre problème. Elles engagent la procédure de concession définitive avec toute la lenteur due à son acquisition. Les chosent étaient en l’état quand, en 1998, M. Allo Boussé, fils du village, surgit et revendique les 103 hectares des deux communautés burkinabé et malienne. Stupéfaction générale au village. Mais avant même que les planteurs ne reviennent de leur étonnement, l’affaire est porté devant le tribunal d’Agboville.

Sans dédommagement

De rebondissements en rebondissements, parfois au rythme de l’actualité sociopolitique, la justice finit par donner raison à M. Allo Boussé. Mais que s’est-il passé réellement au tribunal ? Boule de Crystal. Seulement, en déniant la propriété des 103 hectares de cacao aux occupants actuels- alors que ceux-ci ont fourni un début de preuve qu’ils n’occupent pas de façon illégale ces terres- sans prévoir la moindre mesure compensatoire, la justice les jette en pâture.

Pour la communauté malienne et burkinabé d’Anon la pilule est dure à avaler. Ce d’autant qu’elle a dompté cette forêt pour en faire des plantations d’où elle tire depuis 1977, les moyens de sa survie. Que la justice ait décidé de ne pas leur reconnaître la paternité des terres est une chose. Mais l’autre, c’est la difficulté qu’il y a à devoir abandonner 103 hectares de plantation productive qu’on a mis toute une vie à créer sans aucun dédommagement. Que deviendront les 200 familles qui vivent de ces terres, femmes et enfants compris. Selon les planteurs que nous avons rencontrés, M. Allo Boussé leur réclamerait la somme de 20 millions pour interrompre la destruction des plantations et leur donner un temps de répit. Ce qu’ils considèrent comme un chantage éhonté.

Désemparées, les communautés burkinabè et maliennes sont abandonnées à sort. Le Conseil national des Burkinabé de Côte d’Ivoire (CNB-CI) leur avait promis son assistance, sans tenir parole. Aujourd’hui, les planteurs d’Anon appellent à l’aide l’ambassadeur du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, son Excellence Justin Koutaba. Si rien n’est fait, la poursuite de la destruction des plantations pourraient engendrer un grave conflit dans la mesure où les occupants s’organisent pour apporter la réplique.

Sir Alfred
Informateur.info

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