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Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

Publié le lundi 24 mars 2014 à 11h11min

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Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

Il y a des moments dans la vie quand on se demande, face a certaines situations, s’il faut parler ou se taire parce que tout ou presque, aura déjà été dit, et par des personnes plus aguerries, mieux habilitées. Mais quand on se convainc, a tort ou a raison que ce qu’on a à partager peut contribuer à éclairer davantage, à alimenter et à enrichir le débat national, on se jette à l’eau.

En octobre 2007, suite à un article que nous avons fait publier dans un quotidien de la place, nous avons reçu la réaction suivante de la part d’un Chargé de Mission, Chef du Département de la Communication d’un ministère : « Comme l’a si bien dit le Premier Ministre dans sa déclaration, "le développement du Burkina n’est ni l’affaire d’un homme, ni celle d’un groupe d’individus ou d’un parti politique. C’est la responsabilité de tous les hommes et de toutes les femmes de ce pays". Merci aussi pour les idées que vous suggérez et qui sauront inspirer nos actions futures. Nous avons besoin de vos suggestions mais aussi et surtout de vos critiques et de vos appréciations. Merci de le faire savoir et de nous le faire savoir, à travers vos écrits »

Ceci dit, c’est avec intérêt que nous avons lu dans Lefaso.net du mardi 11 mars 2014, un compte-rendu de la rencontre qu’une délégation du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a eu le 9 mars 2014 à Paris, avec les militants dudit parti résidant en Europe (France, Espagne, Italie, Belgique, Angleterre, Allemagne). La délégation était conduite par M. Salifou Sawadogo, Secrétaire Adjoint à l’Organisation chargé des structures à l’étranger. A l’issue de l’entretien, les militants ont exprimé leur « satisfaction d’avoir eu des informations qui leur manquaient » et ont souhaité « la pérennisation de ce type de rencontre ».

Il faut saluer l’initiative en tant que telle, de tenir les burkinabè de la diaspora informés de ce qui se passe au pays et des défis à relever. C’est cela aussi la responsabilité des partis politiques et il faut que ce genre de rencontre se multiplient, surtout à l’initiative des partis qui ambitionnent de diriger ce pays un jour.

Il nous parait cependant très important de revenir sur deux points contenus dans le compte-rendu de la rencontre de Paris, fait par Joachim Vokouma (Lefaso.net (France)) : il s’agit d’abord de ce que Monsieur Salifou Sawadogo pense du consensus en politique et ensuite, du traitement qu’il réserve aujourd’hui aux propositions et recommandations du Collège de Sages.

Premier point : « Sur la mise en place du sénat, Salif Sawadogo estime qu’en politique, il n’y a jamais de mesure consensuelle, l’essentiel étant qu’on « soit convaincu du bien fondé de ce qu’on fait ». Nous posons simplement la question aux personnes qui ont pris part au CCRP (Cadre de Concertation sur les Reformes Politiques) si c’était effectivement sur la base de cette compréhension du ‘consensus’ qu’elles avaient accepté de participer aux travaux. Avec cette vision des choses, les rencontres provoquées pour rechercher le consensus finiront toujours par s’apparenter à de la tromperie sinon de « l’escroquerie politique ». Car si le consensus ne se dégage pas pour ce qu’on veut, on utilise d’autres acrobaties pour y parvenir, d’où certainement l’idée du referendum pour modifier l’article 37. Doit-t-on être surpris que l’opposition exige un mandat de la part du Président du Faso avant toute négociation avec ses représentants ?

Deuxième point : « A ceux qui estiment que les termes actuels de l’article 37 sont une recommandation du Collège des Sages qui ont été acceptées de façon consensuelle dans un contexte de crise suite à l’assassinat de Norbert Zongo, et qu’il faut donc le garder en l’état, il a rétorqué en disant que les propositions et recommandations n’engagent pas le président. « Le chef de l’Etat est élu par le peuple burkinabè et les recommandations ne s’imposent pas à lui en fonction du climat politique national, il juge de l’opportunité ou pas de la mise en œuvre de telle ou telle recommandations ». L’article 37 sera donc révisé par voie référendaire parce que dit-il, « juridiquement, il n’y a pas de problème » et ceux qui « se rabattent sur des considérations morales après avoir perdu sur le combat juridique » n’y pourront rien »

Pour toutes les personnes qui ont été témoins directs des événements qui ont suivi l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons ou qui même de loin ont suivi ces événement de près ; qui ont vu la situation explosive dans laquelle le pays se trouvait ; qui ont vu les structures ad-hoc qu’on a été obligé de mettre en place malgré l’existence des institutions de la république ; qui ont vu le décret signé du Président du Faso pour mettre en place le Collège de Sages pour sauver le pays du chaos grâce à leurs recommandations ; pour toutes ces personnes disons-nous, tenir de tels propos est tout simplement désobligeant sinon indécent et n’honore ni le président Compaoré, ni nos ressorts sociaux auxquels nous avons eu recours et dont nous aurons toujours besoin, ni le Burkina dans son ensemble.

En effet on voyait venir depuis longtemps. En octobre 2007, nous avions écrit un autre article que les journaux de la place n’avaient pas publié. Nous revenons sur un extrait de cet article car nous tirions déjà la sonnette d’alarme sur les possibles velléités de modification de l’article 37.

En effet à l’approche du 15 octobre 2007, pendant que certains partis préparaient le 20e anniversaire de la disparition tragique du Président Sankara et de ses compagnons, le CDP célébrait les « 20 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré ». Mais l’intérêt de ce retour, c’est surtout le thème qu’avaient retenu les ABC (Amis de Blaise Compaoré) : « Blaise COMPAORE, 20 ans au pouvoir ce n’est rien ».

A ce propos, voici ce que nous écrivions : « L’une des premières trouvailles viendra des célèbres ABC (Amis de Blaise COMPAORE), qui sont restés fidèles à eux-mêmes avec le thème « Blaise COMPAORE, 20 ans au pouvoir ce n’est rien ». Mais en vérité, ce sont ceux-là les premiers ennemis de Blaise COMPAORE, soit de façon consciente, par ignorance ou par manque de suite dans l’esprit pour comprendre que même quand on échafaude quelque chose (généralement bâti sur du faux) pour servir au public, on doit avoir le sens de la cohérence et surtout tenir compte du contexte et du temps.

Ces gens là ont oublié que leur mentor a dit que nous sommes en démocratie, et qu’en démocratie on ne peut pas dire à quelqu’un qui a déjà fait plus de 2 mandats au pouvoir qu’il n’a encore rien fait, après 20 ans de règne sans partage. C’est trahir l’intention de leur mentor qui s’apprêterait sans doute à modifier une énième fois la constitution pour se maintenir au pouvoir. Et là, tant pour les vrais démocrates que pour les complices des démocrates de façade, c’est à perdre le sommeil. La question qui va certainement tarauder les esprits, « pour combien de temps allons nous supporter encore ? » Ces gens là sont en train de préparer une fin à la ‘Mobutu’ pour leur mentor. Ils ne sont donc pas ses amis ».

C’était après que le Président Compaoré a prédit la CPI pour le président Laurent Gbagbo et avant qu’il ne prédise au président Mamadou Tandja qu’il « fonce droit dans le mur ».

Mais entendons nous bien. Notre propos aujourd’hui ne concerne pas tous les membres de la FEDAP/BC. Ils ne sont pas tous partant pour un pouvoir à vie. Pour preuve, il y a déjà eu des démissions au sein de cette association. Notre propos concerne toutes les personnes, membres de la FEDAP/BC ou non, qui ont choisi d’encourager le président Compaoré, sinon de le pousser vers la modification de l’article 37 par tous les moyens. Quel que soit ce qu’on peut reprocher au Président Compaoré, personne ne devrait lui souhaiter une sortie par la petite porte à la Mobutu, à la Gbagbo ou à la Tandja, toutes aussi catastrophiques les unes que les autres. Or, c’est ce a quoi il sera exposé si la tentative de modifier cet article pour lui permettre de se présenter en 2015 prend corps. Nous souhaitons au président Compaoré une sortie honorable, par la grande porte (SCENARIO D’HONNEUR du Groupe de Médiateurs et avant eux, du Collège de Sages).

Pour conclure, nous invitons toutes les personnes qui ne l’ont pas encore fait, de la diaspora comme au pays à utiliser un moteur de recherche sur le Net pour accéder au Rapport du Collège de Sages sur les crimes impunis de 1960 à nos jours (30 juillet 1999) et au Rapport de la Commission pour la Réconciliation Nationale (février 2000) dont les travaux ont été guidés par le premier.
Faisons en sorte à préserver et a respecter ce que nous avons de plus précieux : autorités et notabilités coutumières et religieuses, leaders d’opinion et autres personnes de ressources, « nos ressources propres, de sagesse, d’expérience dans la gestion des hommes, dépositaires de nos valeurs spirituelles, culturelles et morales » *

Que Dieu nous préserve de situations ou nous serons contraints de recourir aux ressorts sociaux et spirituels des autres, tout simplement parce que nous aurons suffisamment dévalorisé les nôtres ou que nous les aurons discrédités à travers les instrumentalisations politiques à outrance en cours depuis quelques temps.

* Extrait du Rapport de la Commission de Réconciliation nationale (février 2000)

Cynthia Benao
benao_cynthia@yahoo.com

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Vos commentaires

  • Le 24 mars 2014 à 11:52, par faisons un effort de réflexion En réponse à : Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

    je suis persuadé que beaucoup de personnes auront honte dans cette histoire de pouvoir a vie ,Blaise ne s ait jamais prononcer sur cette question et cela ne voudrait pas dire qu il veut devenir roi du Faso ,et concernant la modification de l article 37 je pense que c est un acte juridique impersonnel ,donc ne sera pas pour servir Blaise seulement , Blaise sait quand son mandat fini et quand le parti dira le nom de son candidat ,ce n est certainement pas dans son mandat ,alors ne dite pas ce que vous pensez dite ce que est !!!

  • Le 24 mars 2014 à 11:53, par FromOuaga En réponse à : Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

    Des "blé Goudé" Potentiels. Il faut neutraliser ses gars là ! pour ceux qui sont en Europe, France Italie, allemagne, la "Haye et son TPI" n’est pas loin.Après avoir reçu des enveloppes en France, le secretaire Général a disparu. il parrait qu’il negocie avec le MPP. A nos compatriote d’europe, MPP, CDP, UPC, tous pareil. battez vous pour venir on va construire la Patrie. Les pecandilles que vous recevez ne pourrons pas assouvrir a votre developpement.

    • Le 24 mars 2014 à 13:14, par WALAY En réponse à : Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

      Un Salif (DIALLO) a été renvoyé et un autre Salif (SAWADOGO) a été recruté. Alors que le vrai a beaucoup aidé Blaise à consolider son pouvoir, le nouveau recru va le pousser dans le décor. Avec son compte rendu, il vient de donner raison à l’opposition qui exigeait un mandat signé du président Blaise COMPAORE. En effet, à quoi bon d’engager une concertation aujourd’hui sur des questions aussi importantes de notre vie à tous si c’est pour dire après que le Président est au dessus de tout, qu’il n’est pas tenu de ceci ou de cela. Il faut véritablement se mettre au sérieux maintenant pour traiter le problème de la succession de Blaise COMPAORE. WALAY

  • Le 24 mars 2014 à 13:14, par faisons un effort de réflexion En réponse à : Préservons et protégeons notre patrimoine commun le plus précieux : nos ressources sociales, spirituelles et culturelles

    benao,avec un titre très précieux comme ça ,tu n as rien eu a écrire la dessous si ce n est nous indiquer ton appartenance politique ? ah ma sœur ,c est pas comme ça ,mais bon sache au moins que le président Blaise ne serait frappé d aucune inquiétude aussi bien que le Burkina longue vie a Blaise !!!!! anikoi pii n djan !!!

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