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Construction de l’Hôtel administratif du Centre : Le Premier ministre déplore l’inorganisation et l’incapacité des entreprises

Publié le mercredi 12 mars 2014 à 23h08min

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Construction de l’Hôtel administratif du Centre : Le Premier ministre déplore l’inorganisation et l’incapacité des entreprises

Le premier ministre, Luc Adolphe Tiao a visité successivement le site des logements sociaux et économiques de Bassinko, puis l’hôtel administratif de la région du Centre ce 11 mars 2014. Il a pu constater l’état d’avancement des travaux sur les chantiers. Si à Bassinko, le niveau d’avancement est satisfaisant, l’hôtel administratif, lui, accuse un très grand retard. Cette sortie fut également une occasion pour le chef du gouvernement de fustiger, une fois de plus, la qualité de nos entreprises BTP.

Dès 8h30, le chef du gouvernement était à Bassinko, à la sortie Nord-Ouest de Ouagadougou. Sa visite commence par les cités réalisées sur financement du Centre de gestion des cités (CEGECI). Là, tout se passe bien. Madame Djénéba Ouédraogo est la responsable d’une entreprise adjudicataire, ‘’les établissements La Grâce’’. Cette entreprise a réalisé ses 41 villas dans le délai. Elle reçoit les félicitations du Premier ministre et de sa délégation. La visite se poursuit avec les logements réalisés par d’autres entreprises dont le CGE (en partenariat public-privé). Là également, l’exécution des travaux semble satisfaisante.

Ainsi, depuis sa dernière visite en 2013, le premier ministre constate que les choses ont beaucoup bougé. «  Beaucoup de logements sont prêts », se réjouit-il. Mais, « il reste encore beaucoup de difficultés. Si nous souhaitons que les gens puissent déménager dans des bonnes conditions », reconnait-il. Il s’agit principalement de la question de l’eau et de l’électricité. Il s’avère également nécessaire d’accélérer la construction des ouvrages collectifs, notamment les écoles et les centres de santé.

3000 logements prêts d’ici à la fin de l’année

Bassinko est une véritable ville en construction. D’ici à la fin de l’année 2014, plus de 3000 villas seront livrées (certaines l’ont déjà été). Mais, Luc Adolphe Tiao ne semble pas satisfait du rythme d’avancement, car l’objectif du gouvernement, « c’est d’atteindre rapidement les 10 000 logements ».

Au total, au titre de l’année 2012, ce sont 739 logements qui ont été réalisés par 13 entreprises adjudicataires sur le budget du CEGECI (Centre de gestion des cités). Pour les logements réalisés sur financement de l’Etat à travers la subvention annuelle de 2 milliards de francs CFA au ministère de l’habitat et de l’urbanisme, sur 223 logements prévus, seulement 142 ont pu être réalisés.

L’entreprise CGE qui intervient dans le cadre du partenariat public-privé doit réaliser 1232 logements (60% de logements sociaux, 40% de logements économiques). La première phase est en cours de réalisation et 347 logements sont livrables dès le mois de mai. La seconde phase elle sera livrable en fin d’année 2014 et la 3e courant 2015. Il s’agit essentiellement des bâtiments de type F2, F3. Et, les attributaires doivent débourser entre 6,6 millions et 8,5 millions francs en ce qui concerne les logements sociaux. Le paiement peut être échelonné sur 15 ans. Mais, les bâtiments économiques elles peuvent aller au-delà de 20 millions de francs CFA.

Au titre de 2013, 458 logements ont été réalisés grâce au budget de l’Etat. Ce sont plusieurs centaines de villas qui sont en chantier actuellement. Pour des raisons de retard, plusieurs entreprises ont été sanctionnées. Certaines ont été mises en demeure et risquent la mise en régie. Mais, le processus est souvent long.

Beaucoup d’entreprises défaillantes

Certes, le chef du gouvernement a salué les entreprises qui ont accepté s’engager dans ce vaste projet, dans le cadre du partenariat public-privé (la moitié des logements construits l’ont été par des privés). Mais, il déplore le fait que la plupart des entreprises en BTP ne soient pas à la hauteur des défis du moment. « Malheureusement, il faut le dire une fois de plus, à notre corps défendant, nos entreprises ne semblent pas en mesure de relever des défis de cette importance. Beaucoup d’entreprises n’ont pas pu respecter leur contrat…  », regrette le PM. Pourtant, il n’y a pas de financement. « L’argent est là, mais les entreprises sont incapables de pouvoir exécuter les travaux correctement. C’est vraiment là mon souci et celui du gouvernement. Donc, nous allons travailler à régler toutes ces questions », poursuit-il. Certains entrepreneurs, à l’image de madame Ouédraogo des établissements La Grâce, ont reconnu que le décaissement est assez simple en ce qui concerne le financement du CEGECI.

C’est pourquoi, l’hôte de la matinée a lancé à certaines entreprises : « si ça continue, on n’aura pas d’autre solution que de faire venir des entreprises du Ghana ou du Togo ».

Hôtel administratif du centre : 32% de réalisation

Après Bassinko, le premier ministre s’est rendu sur le site de la ZACA au centre-ville de Ouagadougou. Là, il a pu voir l’état d’avancement des travaux de l’hôtel administratif du Centre. De type R+5 avec sous-sol, cet édifice est composé de trois immeubles principaux avec une capacité de 190 bureaux pour chaque bâtiment. Le bâtiment polyvalent comprend une salle polyvalente, un parking de 19 véhicules, une infirmerie, un caféria… Une fois terminé, l’hôtel administratif devrait permettre de répondre aux besoins des locaux administratifs en offrant aux agents publics des cadres fonctionnels et adéquats de travail.

Lancé depuis plusieurs années, l’hôtel administratif peine à s’achever. Jusque-là, le taux général d’exécution n’est qu’à 32%. Pourtant, le premier ministre était sur les lieux en mai 2013 et, avec les entreprises chargées de la construction, « on avait pris des engagements ». Inutile de dire qu’ils n’ont pas été respectés. La faute à des problèmes d’organisation des entreprises burkinabè qui font dans les gros œuvres. Elles peinent à avancer dans les travaux. Pourtant, ce sont les deux principales entreprises (SOGEPER ET Sol Confort et Décor) reconnues comme étant les meilleures entreprises du BTP au Burkina Faso. « C’est inquiétant si elles peinent à évoluer  », s’insurge le PM.

Le PM sera sur le chantier tous les mois

A l’issue de la séance de travail de ce 11 mars 2014, des engagements ont encore été pris. « Nous nous sommes donnés comme échéance fin novembre. A partir de là, j’ai demandé à chaque entreprise de m’envoyer un chronogramme détaillé d’exécution (semaine par semaine). Sur la base de ce chronogramme, nous allons tenir une fois par mois sur le chantier ici une réunion d’évaluation pour voir où se trouve exactement le goulot d’étranglement. Pour éviter que les uns et les autres se renvoient la balle », précise Luc Adolphe Tiao. Il menace tout de même d’ouvrir notre marché à la concurrence internationale pour les prochains projets de cette envergure. «  Les uns et les autres ont pris conscience de la situation et dans un mois, je vous invite à revenir pour que nous voyions ensemble ce qui a pu être fait ». Actuellement, le taux d’exécution des travaux est d’environ 1,5% par jour. A ce rythme, on en a encore pour quatre ans. «  L’essentiel des difficultés, c’est des problèmes de capacité et d’organisation de ces entreprises », le ministre de l’habitat et de l’urbanisme, Yacouba Barry, embouche la même trompette que le chef du gouvernement. C’est donc dire qu’il y a des efforts à faire pour avoir des entreprises compétitives dans le BTP au Burkina.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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