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France/Sénégal : Gorgui et son blanc

Publié le jeudi 3 février 2005 à 09h29min

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Jacques Chirac effectue du 2 au 4 février 2005 une tournée officielle en Afrique de l’Ouest et du centre. Première étape de ce périple, Dakar où le président français et sa suite séjournent depuis hier.

Quoi de plus naturel, serait- on tenté de dire quand on sait que les deux pays entretiennent des relations multiséculaires et que l’ancienne puissance coloniale demeure, des décennies après les indépendances, le premier partenaire du Sénégal qui était la capitale de son Afrique occidentale française (A.O.F.).

On ne peut pourtant pas s’empêcher de remarquer qu’il s’agit là de la première visite du président français à son homologue depuis l’accession en mars 2000 de Me Abdoulaye Wade à la magistrature suprême du Sénégal, alors que ce dernier s’est rendu plusieurs fois à Paris.

D’aucuns pensent que cet atermoiement est dû à des relations plutôt difficiles entre les deux hommes qui ont mis du temps avant de se normaliser. Il faut dire que la longue amitié qui unit Jacques Chirac à Abdou Diouf, le prédécesseur de Me Wade, n’y est pas étrangère.

A cela s’ajoute le fait qu’à l’époque où il était simple opposant sénégalais, Me Wade s’était souvent retrouvé dans la peau d’un paria aux yeux des autorités métropolitaines et ce, malgré la nationalité française de son épouse Viviane et ses nombreux séjours dans l’Hexagone.

Pour ne rien arranger, l’illustre chauve de Dakar devenu par la puissance de la déferlante sopi, troisième président du Sénégal indépendant, n’a jamais fait mystère de son amitié avec le locataire de la Maison blanche, l’adorable rival de Chirac avec qui il a souvent croisé le fer dans le dossier irakien notament.

Dakar avait d’ailleurs été la seule escale francophone de Georges Bush au cours de son périple africain en juillet 2003. Retour d’ascenseur après le soutien apporté par le président sénégalais pendant l’offensive contre Al Qaïda en Afghanistan et sa neutralité pendant la guerre en Irak.

En tout cas cela ne pouvait qu’ajouter à l’agacement des autorités françaises, particulièrement après les prises de position plutôt tranchées du Quai d’Orsay contre la guerre en Irak.

Les choses semblent donc aller pour le mieux entre Jacques Chirac et Abdoulaye Wade, surtout après le soutien apporté par le président sénégalais à son homologue aux moments durs de la crise ivoirienne.

On se souvient en effet des prises de position clairement francophiles d’Abdoulaye Wade en novembre dernier, quand Paris devait faire face à la flambée de violence qui a poussé à l’exode nombre d’expatriés.

La visite de Jacques Chirac vient donc confirmer qu’au-delà des malentendus et des incompréhensions qui peuvent survenir entre des dirigeants, les intérêts des Etats primeront toujours. Si le Sénégal est parvenu à élargir le cercle de ses puissants alliés, il n’oublie pas les liens forgés par l’histoire.

Si l’on croit d’ailleurs ce que dit Gorgui, il n’y a jamais eu le moindre nuage entre lui et l’hôte de l’Elysée, n’en déplaise aux observateurs de la scène françafrique pour qui les deux hommes n’ont jamais vraiment eu des atomes crochus.

Quoi qu’il en soit, si les sénégalais n’attendent pas des retombées financières ou économiques des ce voyage chiraquien, il aura tout le moins le mérite de marquer l’intérêt, l’attachement et l’amitié entre les deux peuples.

H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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