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Roppa : la lutte contre les APE continue

Publié le vendredi 7 mars 2014 à 23h54min

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Roppa : la lutte contre les APE continue

La première édition de l’université paysanne se déroulera du 3 au 10 mars sous le patronage du Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Organisée conjointement par le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) ainsi que la Confédération paysanne du Faso (CPF), la réunion portait avant tout sur les Accords de partenariat économique (APE) entre l’UE et les pays de la CEDEAO. Des accords fortement contestés par le Roppa.

Assis à la même table, devant un parterre d’agriculteurs et de journalistes, les responsables du Roppa ainsi que de la CPF ont évoqué, en des termes pour le moins alarmistes, la nécessité de sensibiliser la société civile et la presse au sujet des APE entre l’Union Européenne (UE) et les pays dits « ACP » (Afrique, Caraïbes, Pacifique), en insistant tout particulièrement sur les méfaits que pourraient engendrer de tels accords – et principalement en Afrique de l’Ouest - s’ils étaient signés par les chefs d’Etats concernés. Malgré des négociations âpres qui durent depuis plus d’une décennie et les pressions de l’UE de plus en plus menaçante, les pays de la CEDEAO, à l’exception de la Côte d’Ivoire et du Ghana qui ont déjà signé des accords « intérimaires », restent méfiants quand aux APE qui, une fois validés, devraient ouvrir les marchés africains à la concurrence mondiale et supprimer les droits de douanes sur les importations ainsi que les exportations. À en croire les responsables du Roppa, cela pourrait avoir des conséquences « pires que celles d’Hiroshima » (sic).

Le « chantage » de l’UE

Créations de marchés locaux et nationaux, construction d’une politique agricole qui corresponde à la réalité des pays de la CEDEAO... Les révendications du Roppa sont claires. À l’heure où l’Union Européenne cherche à exhorter les pays africains à rentrer dans une dynamique de libre-échange et d’ouverture des frontières, beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer cette incursion dans l’économie du continent qui ressemble parfois fortement à du chantage. En effet, depuis 2007, l’UE exerce des pressions sur les pays ACP en expliquant que leur aide au développement pourrait baisser jusqu’à 47 % si ces derniers refusaient de signer les APE. Le cas de la Côte d’Ivoire est le plus préoccupant : en 2013, l’UE menace, en effet, de lui retirer l’accès préférentiel au marché européen – notamment sur ses exportations de bananes - si elle ne parvient pas à conclure un accord régional dans le cadre des APE. Serait-ce si pénalisant lorsqu’on sait que la part des importations des pays ACP vers l’UE est passée de 7 % en 1975 à 3 % en 2009 ?

« Même s’ils signent, nous continueront de nous y opposer »

« Même si les chefs d’Etat signent, nous sommes convaincus que ces accords ne sont pas applicables », déclare, sur de lui, le Président d’honneur du Roppa, M. Cheickh Mouhamady Cissokho. « De toutes manières, s’ils signent, nous allons continuer de nous y opposer à travers les parlementaires et tout le peuple », poursuit-il en évoquant la nécessité du travail d’information et de sensibilisation au niveau de la société civile. La prochaine échéance dans le processus de signature des APE aura lieu à l’occasion d’une réunion à Yamoussoukro fin mars. À suivre, donc.

Pierre Mareczko

lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 mars 2014 à 21:45, par Goafa En réponse à : Roppa : la lutte contre les APE continue

    Cher journaliste,
    J’apprécie l’initiative de donner la voix aux organisations paysannes, mais ce serait bien de vous relire pour éviter les coquilles avant la publication de vos papiers. Quand des mots sont répétés ou on lit "du CPF" alors qu’on parle de la Confédération Paysanne du Faso, j’avoue que ce n’est pas agréable. Il me semble également que vous vous trompez sur la date des travaux qui a en fait démarré le 3 mars 2014 et pas le 6 comme vous le dites dans le chapeau. Je comprend bien l’angle que vous avez choisi en mettant l’accent sur l’engagement du ROPPA contre les APE, mais il serait quand même bien de situer le contexte à savoir qu’il s’agit d’une université paysanne organisée par le ROPPA pour renforcer ses compétences en plaidoyer et en gestion axée sur les résultats. Occasion mise à profit par le ROPPA pour lancer officiellement l’année internationale de l’agriculture familiale. Somme toute, je pense qu’il faudrait plus de soin dans le recoupement et le traitement de l’information. Juste une petite contribution parce que je connais un peu le sujet. Bon courage !

    • Le 10 mars 2014 à 10:36, par DALHON En réponse à : Roppa : la lutte contre les APE continue

      A propos de ces accords une personne bien éclairée me disait avant la prise de fonction de Cadré Désiré OUEDRAOGO comme président de la commission de la CEDEAO que ce dernier une fois à la tête de l’organisation sous-régionale œuvrera pour la signature de ces accords parce-qu’il vient de l’UE (Ex-représentant du Burkina à l’UE). Et cela est en cours sauf si je me trompe. Pourtant lorsqu’on échange avec des personnes comme Ablassé OUEDRAOGO (Ex-DGA de l’OMC) il ressort que ces APE ne sont que de la duperie organisée comme (d’autres accords) qui vise à affaiblir nos paysans et notre économie.
      Malheur au dirigeant qui signera un tel accord !
      Qu’il garde leur soit disant subvention on veut n’en pas !

  • Le 13 mars 2014 à 18:11, par MON FASO En réponse à : Roppa : la lutte contre les APE continue

    les africains aiment se mobiliser dans leurs pays quand il s’agit des affaires purement politiques(revision de constitution par exemple). mais quand il s’agit de problème economique, on ne voit aucune marche de contestation.
    on ne voit même pas un homme politique prendre parti pour ces pauvres paysans en organisant des marches des protestation

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