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Delwendé Zenabo Yédan née Ilboudo : Une brave dans le « fief » des hommes

Publié le mardi 4 mars 2014 à 03h06min

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Delwendé Zenabo Yédan née Ilboudo : Une brave  dans le « fief » des hommes

Créer une entreprise est un gros challenge que nombre de personnes n’arrivent pas à relever, de peur de s’aventurer dans l’inconnu. Mais quand malgré le poids de « cette peur », émergent des « audacieux », il faut simplement leur rendre le sens de tout leur mérite. Delwendé Zénabo Yédan/Ilboudo, mérite bien cet égard. Mieux encore, elle marque du sceau des femmes, un des domaines longtemps taxés de « domaine » de prédilection des hommes : la menuiserie.

Delwendé Zenabo Yédan née Ilboudo est menuisière. Elle est chef de son propre atelier basé au secteur N°1 de Tougan. Mariée et mère d’une fille, Delwendé Zenabo Yédan a reçu sa formation au centre ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) de Tougan, chef-lieu de la province du Sourou, région de la Boucle du Mouhoun. C’est en 2002 qu’elle fit ses premiers pas dans ledit centre. Elle sort 5 ans après, (2007), munie de son parchemin. Apte désormais à mener son métier. Une étape importante est franchie, un défi est relevé : celui d’avoir réussi la formation. Passionnée de l’art de façon générale, elle s’investit dans la création de sa propre entreprise. Commence alors l’éternel casse-tête chinois pour ceux qui embrassent le chemin de l’entreprendrait : le financement. Mais, « à cœur vaillant, rien d’impossible » !

L’année 2010 ouvre un nouvel horizon…grâce à l’appui de structures bien connues. « Mon installation s’est faite en 2010 grâce aux soutiens de l’ONG Terre des Hommes et le FAIJ (Fonds d’appui aux initiatives des jeunes) », révèle-t-elle. A ce stade, l’essentiel est fait, peut-on dire. Cependant, il y a une étape psychique à franchir à savoir, celle de faire face au regard de l’entourage et de se faire accepter dans un milieu « étranger ». Une étape capitale dans l’initiative personnelle : la force de l’esprit. Delwendé Zénabo Yédan/Ilboudo n’échappera pas à cette réalité.

Mais vite, elle s’en sort, plus avertie et ouvrant ainsi la voie qui la conduit dans le cercle restreint et prisé de « jeunes entrepreneurs ». « Au début, les gens s’étonnaient de me voir dans le domaine de la menuiserie. Ils se posaient de nombreuses questions et d’autres me demandaient où est-ce que j’ai appris le métier. Je leur disais simplement que c’est ici (à Tougan, ndlr) que je l’ai appris et que c’est un travail qui n’est pas réservé seulement à l’homme. Je travaille donc sans arrière-pensée », décortique-t-elle, le sourire aux lèvres du souvenir de cette époque d’insertion.

Le caractère fait le succès…

« Il faut prendre le courage. Sans le courage, tu ne peux pas t’en sortir », dit-elle avant de partager : « au début, quand je commençais, les gens m’ont poursuivie. Ils me disaient : ça, c’est quelle fille qui laisse travail des femmes pour aller faire celui des hommes ? », se souvient Mme Yédan. Mais loin de se laisser abattre, elle défiait : « Je leur répondais tout simplement en leur disant qu’ils allaient voir en fin de compte... ». Aidée dans sa lancée par « le formateur en son temps, Emmanuel P. Kaboré. Il me soutenait beaucoup en conseils ». Mais tout cela reposait sur ceci : « En plus de cela, j’ai beaucoup aimé le travail, à telle enseigne que le jour que, je ne partais pas je ne me sentais pas… J’ai choisi la menuiserie par goût : j’aime les meubles. Quand j’entre dans un salon, je suis fascinée par les meubles ».

Cette passion explique sans nul doute son succès dans la menuiserie et l’esprit ingénieux qui accompagne sa tâche au quotidien. « Je suis totalement satisfaite. A chaque fois que je livre une commande, le client est content du travail. On ne m’a jamais reproché quoi que ce soit sur mon travail… ». Aujourd’hui, Delwendé Zénabo Yédan / Ilboudo se félicite du fait de susciter une émulation au sein des filles qui ne cessent de l’approcher pour lui dévoiler leur désir de se lancer dans le métier. Et à l’en croire, on dénombre de nombreuses filles apprenties dans des ateliers de menuiserie dans la ville.

« Le métier nourrit son homme, pour peu que… »

Grâce à son ingéniosité, Mme Yédan exprime un sentiment de satisfaction et de fierté dans son entreprise. « Le métier nourrit son homme, pour peu que tu te concentres et tu y mettes le sérieux… », souligne-t-elle. C’est pourquoi encourage-t-elle les filles qui rêvent d’embrasser le métier : « Elles manifestent leur désir de se lancer dans le domaine, mais elles disent en même temps qu’elles savent qu’elles ne pourront pas. Je leur dis tout simplement que j’ai eu le même sentiment quand je m’y lançais ». Sa clientèle est constituée, en majeure partie, de fonctionnaires et les meubles les plus prisés sont les salons, les "gazières", les guéridons, etc. En dehors des privés, les services publics font recours à son expertise pour la confection de tables-bancs pour les écoles, des meubles de bureau, etc.

En matière de travail, elle se réjouit également de la bonne collaboration qui existe entre elle et les autres menuisiers de la ville. « Sans problème, s’ils sont coincés, ils me passent des marchés et j’en fais de même lorsque je suis débordée par des commandes », explique-t-elle.

Avec ses apprentis, Delwendé Zenabo Yédan née Ilbouldo entend s’ériger en modèle. « Pour le moment, c’est une petite entreprise. Mon rêve, c’est d’être une entreprise de référence et employer de nombreuses personnes ».

Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)

Le Progrès, Bimensuel d’informations générales

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