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Liberté de la presse : Le Burkina recule de six places

Publié le vendredi 14 février 2014 à 00h12min

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Liberté de la presse : Le Burkina recule de six places

Reporter sans frontières (RSF) vient de publier son rapport 2014 sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. Et, le tableau n’est pas reluisant. Un journaliste, 3 collaborateurs de médias, 3 Net-citoyens tués ; 177 journalistes, 14 collaborateurs de médias et 164 Net-citoyens emprisonnés… Le métier des journalistes n’en est pas moins dangereux en 2013. Le Burkina (52e) perd six places par rapport au classement précédent. Autres reculs importants : les USA (-13 places), le Mali (-23) et la République centrafricaine (-43).

180 pays ont été classés par Reporters sans frontières (RSF) dans le dernier rapport sur la liberté de la presse dans le monde. Le questionnaire utilisé pour la compilation de ce classement a été adressé aux organisations partenaires de RSF, à son réseau de 150 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme.

Le trio de tête est constitué de la Finlande, des Pays-Bas et de la Norvège. Le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée demeurent les « pires trous noirs de l’information ». Dans le rapport 2014, on constate une dégradation de la situation dans des pays aussi divers que les USA (46e), la République centrafricaine et le Guatemala. A l’inverse des améliorations sensibles sont notées en Equateur, en Bolivie et en Afrique du Sud.

Les pays africains ne sont pas bien lotis. La faute aux conflits armés, à l’instabilité politique et aux régimes vieillissants qui consentent à céder très peu de liberté à la presse. Le premier des africains (Namibie) arrive en 22e position. Elle était 19e l’année précédente. Elle est suivie par le Cap Vert (24e) et le Ghana (27e). L’Afrique Francophone pointe du nez à la 48e place. Et, c’est le Niger qui tient la tête, suivi du Burkina (52e mondial et 7e africain). Mais le pays des hommes intègres perd six places par rapport au précédent classement.

Des chutes remarquables

Sur le continent africain, les deux chutes les plus remarquables sont enregistrées par le Mali, 122e (-23 places) et la République centrafricaine, 109e (-43). Ces dégringolades seraient dues aux situations de conflit que vivent ces deux pays. Les mesures de censure et de blocage prises en Zambie contre des sites d’information ont pesé lourd dans la balance, -20 places. Au Kenya (-18), la réponse autoritaire très critiquée des autorités à la couverture médiatique de l’attentat de Westgate s’ajoute « aux initiatives parlementaires dangereuses – au premier chef, la loi, adoptée fin 2013, créant un tribunal spécial pour juger des contenus audiovisuels ».

En Guinée (-15), dans un contexte électoral marqué par de nombreuses manifestations, les journalistes ont été pris en étau entre la répression gouvernementale et des manifestants survoltés. Plusieurs journalistes ont été blessés ou agressés au cours des manifestations.

Dans, les pays où les dirigeants craignent les évolutions de régime, l’heure est au durcissement des politiques à l’encontre des acteurs de la liberté de l’information, notamment au Tchad (139e, -17) et au Cameroun (131e, -10).

Dernière au classement, l’Erythrée demeure la plus grande prison d’Afrique avec vingt-huit journalistes emprisonnés. Dans ce pays, il n’y existe pas de médias privés et les médias publics sont si étroitement surveillés.

Les USA 46e, la France 39e

En dehors du continent africain, il y a régressions qui retiennent l’attention. Affectée par la crise économique et les poussées de fièvre populiste, la Grèce (99e) cède 14 places. Les USA, désormais 46e perdent 13 places en une année. Là, c’est l’argument sécuritaire qui est utilisé abusivement pour restreindre la liberté de l’information. « Aux États-Unis (46e, -13), la chasse aux sources et aux lanceurs d’alerte sonne comme un avertissement pour ceux qui chercheraient à révéler des informations d’intérêt général concernant les prérogatives régaliennes de la première puissance mondiale ».

Qualifié de pays des droits de l’homme, la France n’arrive qu’en 39e position.

Des évolutions marquantes

Au titre de progrès mentionnés par le dernier rapport de RSF, il y a Israël gagne et la Géorgie qui gagnent chacun 17 places, 14 places pour le Timor-Leste (77e). Au Panamá (+25), en République dominicaine (+13) ou encore en Bolivie (+16) et en Équateur (+25), les violences, les cas de censure directe et les abus de procédures ont eu tendance à diminuer.

L’année 2013 a été marquée par quelques évolutions législatives louables, comme en Afrique du Sud (42e, +11) où le Président a refusé de signer une loi jugée liberticide pour les médias. Cette amélioration s’inscrit à contre-courant des autres pays qui se posent comme des modèles régionaux, contraints à la stagnation ou en régression.

L’arrivée des nouvelles technologies a permis à l’information de « s’échapper » des organes traditionnels tels que la presse ou la radio, multipliant le nombre et le type d’acteurs de l’information sur le terrain. Dans un contexte de « guerre de l’information », ces derniers sont devenus des cibles privilégiées.

«  Cet acharnement témoigne néanmoins de l’immense contre-pouvoir que les journalistes continuent à incarner. Ils donnent à voir et à entendre, ils ordonnent des bribes d’information pour créer un sens accessible à tous et conservent toute leur importance, en temps de guerre plus que jamais  », note le rapport.

Mettre les gouvernants face à leur responsabilité

« Outil de référence, le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF s’articule autour de sept indicateurs : le niveau des exactions, l’étendue du pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et les infrastructures. Il place les gouvernements face à leurs responsabilités en permettant à la société civile de se saisir d’une mesure objective et fournit aux instances internationales un indicateur de bonne gouvernance pour orienter leurs décisions », observe Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Pour la première fois, le Classement sera disponible en édition papier enrichie, en français, dans la collection Librio de Flammarion. Reporters sans frontières introduit également une visualisation en trois dimensions des performances des 180 pays figurants au classement.

L’indice annuel du Classement, qui synthétise les atteintes à la liberté de l’information sur l’année écoulée, démontre une légère aggravation de la situation. Cet indice passe de 3 395 points à 3 456 points, soit une augmentation générale de 1,8%.

Moussa Diallo

Faso-tic.net

Pour plus d’informations, voir www.rsf.org

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2014 à 21:20, par Justin En réponse à : Liberté de la presse : Le Burkina recule de six places

    C’est bizarre que ce rapport fait etat d’un recul du Burkina. Parce que ns on a l’impression bien au contraire que c’a augmente, au vu des differents opinions qui s’expriment depuis ces derniers temps que ce soit pour ou contre le senat et l’article 37.

  • Le 21 février 2014 à 08:00, par CEREZO En réponse à : Liberté de la presse : Le Burkina recule de six places

    le constat est que même les pays donneurs de leçons(France et Etats-Unis) en matière de liberté de la presse, connaissent un recul. C’est bien dommage

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