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Venceslas B. OUEDRAOGO à M. Nyamsi : La majorité des Burkinabè souhaitent une « alternance radicale »,

Publié le jeudi 13 février 2014 à 02h34min

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Venceslas B. OUEDRAOGO  à  M. Nyamsi : La majorité des Burkinabè souhaitent une « alternance radicale »,

J’ai toujours lu avec grand intérêt vos écrits sur Lefaso.net mais en suis toujours ressorti profondément dégoûté. Ne pouvant plus me contenir, je n’ai donc pas résisté à la nécessité d’essayer de rectifier dans votre esprit certaines vues, sachant pertinemment que je pourrais être « châtié de ma témérité », tant vous n’avez que gros mots et insultes à la bouche.

D’abord, je dois affirmer que vous êtes un drôle de camerounais à mes yeux. Atypique, vous l’êtes si bien, parce que le camerounais, militant de l’UPC (Union des Populations du Cameroun) de surcroît, je l’ai toujours connu et j’en ai toujours entendu parler comme l’un de ceux qui ont été le plus fascinés par notre Héros national et continental, Thomas Sankara.

J’avoue donc que vous surprenez dans votre posture de body guard intellectuel de Compaoré, celui-là même qui trône après l’assassinat de son prédécesseur, fait unique, je vous le rappelle dans ma patrie. Peut-être que vos réflexions s’expliquent par les relations amicalement financières qui vous lient à celui qui compte encore sur notre président, pour réaliser son rêve d’être investi à la présidence ivoirienne en 2020.

Par la suite, je ne répondrai qu’à quelques-unes des arguties que vous développez dans vos deux derniers écrits parus sur lefaso.net.

En tout premier lieu, j’aimerais vous interpeller sur la façon dont vous traitez M. Etienne TRAORE, revenue, dans votre réponse à David SAWADOGO. Nos réalités socio-culturelles africaines exigent beaucoup plus d’humilité et de politesse quand l’on s’adresse à un aîné. La vérité a sa noblesse dans la façon dont elle est dite. Il est un ivrogne chronique répétez-vous. Même si l’information était avérée, cela n’enlève rien à la sagacité et à la pertinence de ses analyses. N’est-ce pas que d’ailleurs dans nos sociétés, la vérité au chef est dite du fou ou de l’ivrogne ? « Le jus de la vigne clarifie l’esprit et l’entendement… » disait Rabelais, paraphrasant le célèbre in vino veritas. Je vous présume suffisamment intelligent cependant pour savoir que je ne suis pas en train de faire une apologie aveugle de l’état d’ivresse.

Vous qualifiez également M. Etienne TRAORE d’ancien du CDP. Cela révèle au grand jour votre méconnaissance du landerneau politique burkinabè. La collaboration entre Compaoré et Etienne TRAORE a cessé bien avant la naissance du CDP. Vous dites aussi « que quand on a soutenu le président Comparé comme lui (TRAORE), par le passé, on doit avoir la probité de se taire ». Ceci parce que le courtisan que vous êtes, ignore qu’on a un devoir de vérité vis-à-vis de son ami, fut-elle déplaisante. D’ailleurs, votre pote Guillaume SORO n’était-il pas un soutien de Gbagbo ? N’est-il pas devenu plus tard l’un de ses plus grands contempteurs ? L’avez-vous enjoint de se taire également ?
Par la suite, vous affirmez de façon péremptoire que rien dans la Constitution du Burkina Faso n’empêche de recourir au référendum pour modifier l’article 37. Vous êtes agrégé en philosophie, je vous renvoie donc aux avis de personnes mieux autorisées que vous et moi sur la question. La quintessence du droit constitutionnel burkinabè, comprenant des agrégés comme vous, mais en droit cette fois, s’est prononcée sur la question. Et elle va à l’encontre de ce que vous racontez. Je ne pense pas que vous connaissiez mieux la Constitution burkinabè que ces personnes, ni que vous maitrisiez mieux cette question qu’elles, qui est beaucoup plus juridique que philosophique.

Que vous le vouliez ou non, Sankara constitue la plus grande fierté des burkinabè dignes et intègres, au regard de tout le reste du monde. Vous pourriez jeter un coup d’œil sur la page Facebook de RFI relative à l’émission « Archives d’Afrique », ayant porté sur lui, pour vous laisser convaincre. Vous parlez de ce régime comme ayant licencié des enseignants. Vous n’avez peut-être pas connaissance des salariés de FASO FANI, de la SOTRACO, de la SAVANA… qui ont aussi été licenciés sous le régime de Blaise. Sous Sankara, des contestataires militaires ont été fusillés vous dites. Sous Compaoré, des personnes sont mortes à la grenade, ou summum de l’inhumanité, ont été brûlées vives. David OUEDRAOGO et Norbert ZONGO, ça vous parle j’espère.

Quant aux chiffres que vous avancez, pour illustrer le bond en avant du Burkina Faso, à votre place, j’aurais honte de les exposer de la sorte. Je vous laisse prendre connaissance des chiffres sous la Révolution. Sur le plan de la santé par exemple, ne saviez-vous pas que Sankara a reçu les félicitations de l’OMS pour avoir enrayé la polio, la rougeole et la méningite ? Pendant qu’il roulait en Renault, avez-vous une idée du parc automobile de l’actuel Chef d’Etat ?

La Révolution a eu un bilan critique vous dites. Je vois là, que votre mauvaise foi n’a pas d’égale. Je ne suis pas sûr que votre ami SORO, qui dans son livre « Pourquoi je suis devenu rebelle ? » montre son admiration pour Sankara vous suivrait dans cet aveuglement. Je vous laisse aussi vous informer sur les prouesses de Lula au Brésil. Il a pourtant quitté la présidence de son pays après deux mandats, laissant un pays émergeant à son successeur. Ce n’est certainement pas en 2015, que le B des BRICS signifiera Burkina Faso. Même si on nous promet l’émergence pour cette année.

Enfin, vous ne défendez pas une présidence à vie de Compaoré mais une transition affirmez-vous. Sachez que c’est maintenant ou jamais que celle-ci doit commencer. Si celui-ci n’a pas été en mesure en 27 ans de préparer la relève, alors qui accabler ? Et s’il venait à clamser aujourd’hui (je touche du bois), le Burkina serait-il rayé de la carte pour autant ? Compaoré n’est pas éternel. Vous ne pouvez rien contre cette réalité.
Je ne m’étalerai pas sur toutes vos idées. J’aimerais seulement vous inviter, à repartir au Burkina Faso, et à emprunter la route nationale N° 1, entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso en voiture. Vous confronterez mieux ce que c’est que le Burkina à vos chimères économiquement entretenues.

Sachez juste que la majorité des Burkinabè souhaitent une « alternance radicale », pour emprunter les mots de Mahamadé SAVADOGO, agrégé lui aussi de philosophie mais à 25 ans, ce, depuis 1988. Vous n’aviez pas encore votre Baccalauréat.

OUEDRAOGO B. Venceslas

PhD Student at Graduate Institute of International and Development Studies
wencescokiller@yahoo.fr

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