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Koumba BOLY/BARRY aux Etats-Unis : « L’idée d’introduire l’anglais au primaire a reçu un écho favorable »

Publié le dimanche 9 février 2014 à 21h17min

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Koumba BOLY/BARRY aux Etats-Unis : « L’idée d’introduire l’anglais au primaire a reçu un écho favorable »

Le Ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Madame Koumba BOLY/BARRY a effectué du 27 au 31 janvier 2014 une visite de travail à Washington, D.C. aux Etats-Unis d’Amérique. En compagnie de l’Ambassadeur Seydou BOUDA et des membres de sa délégation, la Ministre Koumba BOLY a eu plusieurs rencontres de travail avec des partenaires bilatéraux et multilatéraux du Burkina Faso, le monde universitaire, la société civile et le secteur privé. Dans cet entretien, Madame Koumba BOLY fait le point de sa visite.

Madame Koumba BOLY/BARRY

Permettez-moi de présenter mes félicitations et mes remerciements à l’Ambassade du Burkina Faso à Washington et à l’ensemble des partenaires impliqués pour toute la préparation et la réussite de l’organisation de cette mission. Ils ont tout mis en œuvre pour planifier le séjour et ceci a été déterminant dans l’atteinte des objectifs de la mission.

Je voudrais rappeler que le Burkina Faso a réalisé d’énormes progrès depuis les engagements pris en faveur de l’EPT et des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ainsi, les taux bruts d’admission ont connu un bond important passant de 47,4% en 2000 à 92,8% en 2012. Ceci représente une scolarisation de 500 000 nouveaux élèves contre 172 000 élèves seulement en 2010. Le taux brut de scolarisation a atteint 81,3% en 2012, quand il n’était que de 45,9% en 2000.

En matière d’équité, les disparités de genre se sont résorbées passant d’un indice de parité de 0,84 en 2000/01 à 0,99 en 2012/13.

En matière d’efficacité du système et de qualité, le taux d’achèvement a atteint 59,7% 2012 quand il n’était que de 27,4% en 2000. Le ratio élèves/enseignant est tombé à 51/1 en 2012 quand il était de 55/1 en 2000. Le ratio livre/élève a atteint l’objectif de 1/1 en lecture et en calcul.

En matière d’alphabétisation de d’éducation non formelle, l’effectif des apprenants en alphabétisation est passé de 415 016 à 453 879 pour les adultes entre 2009 et 2012.

L’éducation non formelle des adolescents a touché un peu plus de 37 000 jeunes entre la période. Pour l’éducation non formelle de la petite enfance, l’on est passé de 12 044 en 2009/2010 à 20 626 en 2012/2013.

Toutefois, malgré les progrès réalisés ces dernières années au Burkina Faso en matière d’éducation, surtout dans le primaire, de grands défis restent encore à relever. La croissance rapide des effectifs dans le primaire et la volonté du Gouvernement d’élargir l’éducation de base jusqu’à l’âge de 16 ans ont induit des besoins considérables au niveau du post-primaire qui ne dispose pas de suffisamment de capacités d’accueil et d’encadrement.

Les défis du sous-secteur de l’éducation de base sont ainsi très nombreux et variés, tant au niveau du formel que du non formel : faible qualité de l’enseignement et des apprentissages, insuffisance du nombre de maîtres et de maîtresses, surcharge de classes dans certaines régions et sous-utilisation des infrastructures dans d’autres, inégalités filles/garçons, taux de redoublement et d’abandon en cours de cycle élevés, faible taux de transition entre enseignement primaire et enseignement post-primaire, faible niveau de scolarisation en milieu rural, insuffisance de passerelles entre éducation non formelle et éducation formelle, coûts unitaires d’éducation élevés, faible adéquation entre les acquis des apprentissages et les besoins du marché de travail, faible capacité des acteurs et actrices, taus de déperdition élevé des jeunes dans les centres, inadéquation des curricula, etc.

Cette situation justifie la mise en œuvre progressive de la réforme du système éducatif de base pour y faire face. La réforme du système éducatif fixe les principes généraux, les finalités de l’éducation et le cadre général de développement des activités éducatives et de formation tout en restructurant l’ensemble du système éducatif afin d’assurer une meilleure cohérence depuis le niveau du préscolaire jusqu’au niveau supérieur en passant par l’enseignement technique et la formation professionnelle. Ce processus se déroule dans le contexte de la décentralisation, avec une responsabilisation de plus en plus grande des collectivités et des communautés dans la coordination et la gestion des activités éducatives.

Au cours de plusieurs séances de travail, vous avez notamment fait part à vos partenaires, de la décision prise par votre département, de faire aboutir d’ici à 2015, un certain nombre d’objectifs en matière d’éducation nationale de votre pays comme atteindre un TBS de 100%, et 60% d’alphabétisation dont 60% de femmes. Ce qui représente un besoin additionnel de financements de 69,5 milliards de Frs CFA (soit environ 139 millions de dollars US). Avez-vous eu une écoute attentive de vos vis-à-vis ?

Koumba BOLY/BARRY : Au cours de ma mission à Washington, j’ai partagé cette situation avec les principaux partenaires de l’éducation qui résident dans cette ville. Je retiens que tous les partenaires visités ont tous marqué un intérêt pour le secteur et ont été sensibles aux efforts faits par notre pays ces dernières années. Toutefois, la concertation devrait se poursuivre avec certains d’entre eux en vue de traduire les échanges en actions concrètes pour le développement du secteur. J’ai bonne foi que nous bénéficierons de l’accompagnement de partenaires pour atteindre ces objectifs.

Vous avez eu plusieurs séances de travail avec des responsables de la Banque Mondiale, dont le Directeur de la Stratégie et des opérations, Région Afrique. Faut-il situer ces rencontres dans le prolongement de la déclaration du Président de la Banque Mondiale qui a récemment affirmé vouloir faire du Burkina Faso, un exemple de réussite de sa nouvelle politique de la relance de la croissance et d’éradication de l’extrême pauvreté, suivie de sa récente visite à Ouagadougou ?

Koumba BOLY/BARRY : En effet, ma mission constitue une suite logique de la déclaration du président de la Banque Mondiale qui veut faire du Burkina un exemple de réussite de sa nouvelle politique mais aussi de renforcer le partenariat qui existe entre le Burkina et les autres partenaires de l’éducation et de leur faire un clin d’œil pour accompagner notre pays dans sa volonté d’assurer l’accès de tous les enfants et des adultes du Burkina a une éducation de qualité d’ici à 2015.

Avec plusieurs de vos interlocuteurs, vous échangé sur les voies et moyens et surtout un sur leur soutien pour une introduction, dans les délais, de la langue anglaise au primaire notamment. Comment cette proposition a-t-elle été accueillie par vos interlocuteurs américains ?

Koumba BOLY/BARRY : L’idée d’introduire l’anglais au primaire a reçu un écho favorable de la partie américaine et qui a marqué sa disponibilité à nous accompagner a travers la contribution des volontaires du Peace Corps.

En dépit de votre emploi de temps chargé vous avez tout de même pu vous rendre à l’université de Georgetown de Washington, D.C pour des entretiens avec des étudiants du Pr Georges Psacharopoulos, aussi à la Banque Mondiale avec les membres de l’Association des Burkinabé du FMI et de la Banque Mondiale et même que vous vous êtes retrouvée en Virginie pour une visite de l’usine MIC-Industries. A quoi renvoyaient les mobiles de ces différents déplacements ?

Koumba BOLY/BARRY : Ma visite à l’université de Georgetown entre dans le cadre du renforcement des capacités mais aussi dans la recherche de partenariat entre institutions d’enseignement et d’échanges d’expériences. En effet, l’éducation et la formation contribuent à l’amélioration de la qualité des ressources humaines donc à l’émergence d’un pays. L’éducation participe de façon significative à la croissance de la productivité, elle joue un rôle essentiel dans l’évolution et la diffusion de la technologie et augmente la cohésion et la paix sociales.
La visite de l’usine MIC-Industries s’inscrit dans le cadre du transfert de technologies en vue de l’accélération de la réalisation des infrastructures scolaires qui reste un frein au développement de l’éducation dans notre pays.

Vous avez été choisie par les responsables du Partenariat Mondial pour l’éducation pour être Champion et aider dit-on, à la mobilisation des ressources financières. Qu’est-ce qui vous attend concrètement ?

Koumba BOLY/BARRY : En ma qualité de champion du Partenariat mondial pour l’Education, il s’agira de faire un plaidoyer auprès des donateurs potentiels afin qu’ils considèrent l’éducation comme la priorité des priorités et acceptant d’apporter des ressources additionnelles pour permettre à tous les pays et particulièrement les pays à faibles revenus de scolariser plus d’enfants et d’alphabétiser plus les populations surtout les femmes et les filles. Il s’agira aussi de jouer un rôle de facilitation de toutes les initiatives des différents acteurs du système éducatif de manière à permettre de fédérer les visions et les approches dans le secteur et de renforcer l’espace de dialogue et valoriser davantage les politiques éducatives afin qu’elles participent avec plus d’efficacité et de valeur ajoutée aux objectifs globaux de développement de nos pays.

Les partenaires que vous avez rencontrés ont tous relevé non sans admiration la passion qui est la vôtre dans le plaidoyer de la cause de l’éducation dans votre pays et aussi ailleurs. Qu’est-ce ce qui explique et soutient cette flamme que vous tenez si bien ?

Koumba BOLY /BARRY : Ce que vous appelez passion est plutôt un cri de cœur car au moment où à l’échelle mondiale beaucoup de pays enregistrent des progrès notables, le continent africain reste confronté à des difficultés et des menaces de toutes sortes qui ralentissent le développement harmonieux de son système éducatif.

Le défi de l’éducation constitue une préoccupation majeure que nos gouvernants doivent relever quand on sait que depuis plus de quatre décennies, malgré les énormes efforts consentis dans ce secteur, la plupart de nos Etats se trouvent encore dans l’impossibilité de scolariser la totalité des enfants en âge d’aller à l’école et d’alphabétiser leur population. En effet, selon les rapports récents sur l’éducation, plus 30 millions d’enfants en Afrique en âge de fréquenter l’école primaire ne sont toujours pas scolarisés et plus de 100 millions d’adultes ne savent ni lire ni écrire.

Face à une telle situation et malgré l’engagement de la communauté internationale en 2000 à Dakar d’allouer plus de ressources au secteur de l’éducation afin de lui permettre d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2015, force est de constater que la mobilisation des fonds en faveur de ce secteur enregistre un déficit chronique de financement depuis 2005.

Pierre WAONGO/Attaché de presse
Ambassade du Burkina Faso/Washington,D.C.

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