Sur l’implication de certains pays étrangers dont le nôtre, le déroulement du procès n’a pas apporté de confirmation, encore moins les "révélations croustillantes" promises. Mieux, des présumés putschistes suspectés d’avoir pris langue avec des puissances étrangères, ont apporté un démenti cinglant, preuves à l’appui.

Voilà qui permet de ramener la crise mauritanienne (car il y a bien crise là-bas) à son expression réelle, à savoir une crise ethno-politique. Si les putschistes de Nouakchott sont si populaires, au point d’être ovationnés chaque jour au tribunal, c’est qu’ils sont de nos jours "l’incarnation" du peuple mauritanien. Héritier des us et coutumes du passé, le colonel Maouya Sid Ahmed Ould Taya, n’a pas su, pu ou voulu conduire la Mauritanie dans l’espace des pays démocratiques.

C’est ainsi que malgré son abolition textuelle, l’esclavage sévit dans un pays où pourtant, les "Négro-mauritaniens" sont désormais les plus nombreux. Qui plus est, ils sont sortis de leur longue nuit, avec une élite compétente, formée dans des grandes universités et qui entend désormais avoir voix au chapitre. Le vieux schéma de gestion du pouvoir (les Maures devant, les Noirs derrière) est devenu inopérant d’où les crises sociopolitiques qui secouent le pays. Celles-ci ont le don d’entraîner la dérive répressive sur fond de faux complots et de vraies purges. Les déclarations des prévenus sur les sévices graves dont ils ont été l’objet, montrent la face hideuse d’un régime aux abois. Décidés à donner un semblant de crédibilité à leur faux complot de 2004, Taya et sa sécurité, n’ont pas hésité à recourir à la torture pour extorquer des aveux aux "comploteurs". Coups de matraques, électricité, couteaux, fusils ... voilà la panoplie de ces massacreurs des temps modernes, selon les dires de leurs victimes. Une situation qui a soulevé un tollé dans la salle d’audience et dans tout le pays.

Le procureur a même été sommé par la défense et l’opinion publique de ne point requérir de sanctions graves contre ces "innocents". Taya qui est déjà isolé au sein du monde arabe avec ses "accointances" israéliennes, se retrouve plus que jamais empêtré dans les contradictions d’une société en pleine mutation.

Dans ces conditions, la violence devient la seule méthode de gouvernement. Dans le cas de la Mauritanie cependant, elle seule ne suffira pas à arrêter le cours de l’histoire en endiguant les aspirations de tout un peuple.

On n’a pas fini d’entendre parler des "cavaliers du changement".

Boubakar SY
Sidwaya