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Editorial de Mutations : Le CDP s’enrhume et Abidjan tousse

Publié le mercredi 5 février 2014 à 03h46min

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Aux lendemains de la démission spectaculaire des dissidents du
CDP, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a cru bon
dépêcher le 7 janvier dernier des envoyés spéciaux auprès des
protagonistes. Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne
Guillaume Soro et le ministre d’Etat Hamed Bakayoko ont alors
rencontré tour à tour le président Compaoré et le groupe des dissidents
amenés par Roch Marc Christian Kaboré.

La délégation ivoirienne a
insisté qu’elle est venue transmettre un message de « soutien » du
président ivoirien à son homologue burkinabè. Mais personne n’est dupe
pour ne pas savoir que les échanges ont tourné essentiellement sur la
crise qui secoue le parti présidentiel, le CDP. Il a fallu que le parti au
pouvoir (CDP) s’enrhume pour que Abidjan tousse au point de se
précipiter pour proposer une médiation de haut niveau. Le volontarisme
du président Ouattara et de ses envoyés aurait pu se comprendre et se
justifier s’il n’avait pas un caractère intéressé et partisan.

En effet, chacun sait que le Burkina est entré en crise depuis mai 2013
avec la controverse sur la mise en place du sénat. Le pays a vogué pendant
longtemps au rythme des marches et des contre marches initiées
respectivement par l’opposition et le pouvoir. Le climat était si tendu
qu’on redoutait le pire avec un éventuel affrontement. Le président
Compaoré s’était même rendu en Côte d’Ivoire pour faire des
déclarations impopulaires sur le sénat. A l’époque, le président Ouattara
n’a pas jugé utile d’entamer une médiation auprès des protagonistes
représentés par les tenants du pouvoir et l’opposition politique
traditionnelle organisée au tour du chef de file de l’opposition. Cette
période était propice pour entamer toute médiation « sincère et
républicaine » auprès des parties en conflit. Mais le président ivoirien s’est
montré indifférent car aucune initiative officielle de sa part n’a été
signalée dans ce sens.

C’est quand le CDP s’est lézardé qu’il s’est –soudainement- rappelé les
liens historiques et séculaires qui lient le Burkina et la Côte d’Ivoire pour
venir proposer ses services de médiateur. Pourtant, on est en droit de se
demander en quoi une crise interne d’un parti fut-il au pouvoir doit faire
courir tant l’Etat de Côte d’Ivoire et ses représentants. Le CDP n’est
qu’un parti politique, voire une structure privée et ses querelles internes
ne devraient point être transformées en « affaire d’Etat » pour engager la
responsabilité ou la médiation d’un autre pays. L’appréciation faite par les
autorités ivoiriennes de la crise burkinabè est foncièrement erronée et
largement partisane car elle ne considère que les intérêts du clan
présidentiel et de ses affidés tout en oubliant le peuple qui n’aspire qu’à
vivre dans la paix et la stabilité et dans une démocratie respectueuse des
lois et des règles démocratiques et républicaines.

Et à voir de près, Abidjan s’active dans ce bourbier du CDP plus pour
lui-même que pour le Burkina et les Burkinabè. Ouattara et Soro ne
craignent-ils pas les grands déballages éventuels des anciens camarades
de Ouagadougou qui ébranleront inévitablement la sérénité du régime
Ouattara ? Le rôle joué par le pouvoir de Ouagadougou dans la crise
ivoirienne et singulièrement dans la rébellion et la belligérance de
l’époque est un secret de polichinelle. Si le locataire de Kosyam était
considéré comme le parrain des Forces nouvelles, l’opérationnalisation
de ce parrainage a été sans doute conduite par les ex lieutenants du
président Compaoré qui viennent d’entrée en dissidence. Et il est sûr et certains que certains éléments clés
qui ont travaillé à assurer le soutien des rebelles ivoiriens sont passés à
l’opposition, pour ne pas dire à l’ennemi. Alassane Ouatarra et son
poulain Soro auraient vite perçu dans cette nouvelle donne politique un
risque évident pour le président Compaoré et pour eux-mêmes par
ricochet car les portes de la Cour pénale internationale(CPI) pourraient
être grandement ouvertes pour certains acteurs directs ou indirects de la
crise ivoirienne.

Que chacun se le tienne pour dit, la situation nationale du Faso dépasse
les considérations égoïstes de survie d’un clan et de ses tentacules. Par
conséquent, elle devra être appréhendée dans tous ses aspects en
privilégiant l’intérêt général. C’est en cela que le président Ouattara vient
de faillir à une mission à laquelle il a cru bon de s’y inviter.

Mutations

MUTATIONS N° 45 du 15 janvier 2014. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com . site web : www.mutationsbf.net)

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2014 à 11:24, par Dunia En réponse à : Editorial de Mutations : Le CDP s’enrhume et Abidjan tousse

    Salif Diallo sait tout et devrait se méfier du poignard d’un fou égaré de Sapouy. Le prêtre italien l’a appris à ses dépens en payant de sa vie à la maison d’arrêt de Ouagadougou . Donc salif Diallo doit faire désormais très attention. L’assassinat de Salif Diallo serait pire de conséquence que l’assassinat de Norbert Zongo même si une vie en vaut une autre et qu’il n’y a pas de hiérarchie dans le crime commis contre les humains.

  • Le 5 février 2014 à 12:14, par Issa En réponse à : Editorial de Mutations : Le CDP s’enrhume et Abidjan tousse

    Mrs les journalistes, ne jetez de grain de sel dans la mer. On n’arrive même pas à resoudre le pozole burkinabé , ne rajoutez pas celui de la cote d’ivoire. Blaise et le Burkina ont joué la médiation et leur rôle dans la résolution de la crise ivoirienne et tout le monde a applaudit. Ne cherchez pas à déterrer les vilains secrets. Dans tout compromis il ya toujours des secrets. C’est ça qui tienne les nation. Ne cherchez pas à briser le rêve ivoirien et celui burkinabé

  • Le 5 février 2014 à 21:25, par tibo. tibila En réponse à : Editorial de Mutations : Le CDP s’enrhume et Abidjan tousse

    Je termine ce que vous aviez commencé, c’est simple que Ado et son poulain mange leur atiéké,notre festin arrive, le fameux binga traditionnel est au feu.Il y aura du tô gourinsi, du lait poulot du miel gourmanchema,"crêpes "bissa, et biensure des cétounis et pour couronner quelques gros bras samos ou chameaux tout dépend de vs pour partager le festin.

  • Le 6 février 2014 à 00:56, par Afrique juste En réponse à : Editorial de Mutations : Le CDP s’enrhume et Abidjan tousse

    Salif DIALLO le peuple loue votre courage car au moment ou beaucoup de Burkinabé ne voyaient la situation actuelle venir vous avez été le premier à attirer l’attention de l’opinion sur ce qui se tramait.
    Aujourd’hui tout le monde reconnait vos capacités d’homme politique travailleur.Votre démission(RSS)va renforcer l’opposition à travers l’équilibre des forces en présence.
    Vous suscitez l’espoir de tout un peuple longtemps baillonné,exploité et soummis à une misère grandissante.
    L’opposition aujourd’hui tient la clé du changement et sachez que toutes ces médiations subites ont un seul but faire gagner du temps pour affaiblir cette force soucieuse de l’alternance,de la démocratie et du développement de notre patrie.
    J’attire votre attention n’allez pas à ses médiations car ils sont capables d’user de tous les moyens... pour vous détruire.Vive le renouveau du Burkina de justice et de démocratie

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