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Autant le dire… : Gilbert Noël Ouédraogo et les « positions décisives » de son parti

Publié le mercredi 29 janvier 2014 à 10h02min

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« Nous allons prendre très bientôt des positions décisives », a annoncé, sur le site de Jeune Afrique, Zakaria Tiemtoré,le porte-parole de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), le parti de l’avocat Gilbert Noël Ouédraogo. Peu après la mise en place du Front républicain et avant l’officialisation du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Si la position du parti de l’Eléphant a longtemps été mal comprise, il est temps, plus que jamais pour le pachyderme, de se déterminer par rapport à la situation nationale, mais également par rapport à son avenir politique.

Gilbert Noël Ouédraogo a longtemps pactisé avec Blaise Compaoré tout en s’opposant à son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Jusqu’à hier, il était avec le même Blaise Compaoré puisqu’il l’a d’abord soutenu à la dernière élection présidentielle, a participé à son gouvernement, au Conseil consultatif pour les réformes politiques, soutient son programme quinquennal et, en ce moment, la mise en place du Sénat. Si le parti est contre la révision de l’article 37 de la Constitution, c’est sans doute parce que Gilbert Noël Ouédraogo voit ses chances de devenir un jour khalife à la place du khalife lui échapper. Autrement dit, Gilbert Ouédraogo voudrait bien se présenter à la prochaine présidentielle par lui-même, et défendre devant le peuple burkinabé un programme politique. Pour la première fois et pour l’histoire au moins. Pour cela, faut-il se démarquer dès à présent de Blaise Compaoré ?

Le choix, à priori est facile, du fait que même les plus accros à la révision de l’article 37 et à la mise en place du Sénat, il y a juste quelques mois, ont décidé de retourner leur veste. Tout comme eux, Gilbert Noël Ouédraogo pourrait se détourner et se tracer désormais une ligne de conduite vers Kossyam. Mais apparemment, tout comme l’autre avocat Hermann Yaméogo, Gilbert Ouédraogo a comme signé un pacte de « non-agression » avec Blaise Compaoré. Qui l’empêche depuis longtemps à se présenter à une élection présidentielle contre lui. Si bien qu’il apparait de plus en plus difficile pour lui de s’afficher autrement. En outre, l’ADF/RDA a toujours fait du dialogue et souvent du compromis, l’une de ses préoccupations. Préférant cultiver les vertus de la cohésion et de la paix sociale que d’aller à un affrontement politique dur dont les conséquences ne sont pas toujours prévisibles. S’il maintient ses positions, il sera plus proche du Front républicain, qui épouse également les mêmes positions : le dialogue, la concertation et le compromis sur toutes les questions qui divisent. Parce que, tout compte fait, les Burkinabé ne sont plus pas prêts à l’affrontement ; ils ne sont pas non plus prêts à remettre en cause les acquis démocratiques et de développement qu’ils ont pu engranger durant des années.

Mais, tout comme lui, Gilbert Ouédraogo, les jeunes lieutenants qui le soutiennent ont bien envie, eux aussi, de se faire un avenir politique. Poussé dans le dos donc par cette vague et cette envie de voler enfin de leurs propres ailes et contré par le « pacte supposé ou vrai » avec Blaise Compaoré, le député maire de Ouahigouya et président du parti doit trancher ; trouver le juste milieu. Et s’en sortir sans trop perdre de plumes. D’où la nécessité et l’occasion pour lui, de prendre en ce moment des « positions décisives » et courageuses. Quitte à ne pas être compris. Car, la paix et la cohésion sociale doivent l’emporter sur les intérêts personnels et les simples questions d’individus.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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