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Burkina-Mauritanie : et si ATT jouait au médiateur ?

Publié le lundi 31 janvier 2005 à 07h43min

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Le président mauritanien n’oubliera pas de sitôt son séjour en terre malienne. Pendant 72 heures, il a reçu tous les honneurs du peuple malien, à l’occasion d’une visite officielle qu’il a effectuée chez Amadou Toumani Touré. La qualité des relations entre Bamako et Nouackchott est donc évidente.

Faut-il reprocher à ATT d’avoir déroulé le tapis rouge à Ould Taya, au regard des relations diplomatiques chaotiques qui existent entre le Burkina et la Mauritanie ? Faut-il appliquer aux Maliens la règle selon laquelle l’ami de mon ennemi est mon ennemi ? Assurément non.

Le Mali est un pays souverain qui a le droit d’exercer sa diplomatie comme elle l’entend. Le cas mauritanien est encore plus particulier puisqu’il s’agit d’un Etat voisin au carrefour de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord.

Le Mali ne peut donc que cultiver des relations de bon voisinage avec un pays, qui, de surcroît, partage avec lui une frontière fréquentée par des bandits de grands chemins et même des terroristes. Chaque Etat devrait donc travailler à entretenir des relations saines avec ses voisins, gage d’une Afrique stable et tournée vers le développement. En cela, la politique menée par ATT avec son voisin mauritanien ne peut que constituer ce maillon nécessaire à la construction de la chaîne de l’unité africaine.

Au lieu donc de voir en cette visite un acte de provocation ou de déviance vis-à-vis de Ouagadougou, il serait judicieux de l’exploiter dans le sens positif.
Le Mali peut en effet jouer un rôle-clé dans un processus de médiation entre Blaise Compaoré et Ould Taya, deux dirigeants qui se connaissent peu, mais que des accusations malheureuses d’ingérences et de subversion ont éloignés. De par sa position géographique, déjà, le Mali constitue un tampon entre la Mauritanie et le Burkina.

Il est donc naturellement bien placé pour servir de courroie dans le rétablissement du dialogue. L’autre avantage de ATT, c’est qu’il entretient de bonnes relations avec les deux pays. Enfin, l’expertise dont dispose le chef de l’Etat malien en matière de médiation et de règlement de conflits, peut constituer un atout de plus. Il ne reste donc qu’à inviter l’Union africaine à se saisir de cette opportunité pour résoudre un contentieux entre pays membres.

Certes, l’organisation panafricaine est déjà sollicitée sur le dossier, pour mener des investigations sur les accusations mauritaniennes, à la demande des autorités burkinabè. Mais un rapport d’enquête n’a jamais totalement cicatrisé des blessures provoquées par des accusations de déstabilisation. Il peut rétablir la vérité sans pour autant apaiser les coeurs. Et c’est ce qui risque d’arriver dans le différend mauritano-burkinabè si rien n’est fait pour lever définitivement les suspicions entre les deux pays.

A ce titre, ATT apparaît donc plus comme un agent de rapprochement qu’un pêcheur en eau trouble. Dans tous les cas, le Burkina ne peut lui dicter l’orientation de sa diplomatie sous-régionale. Autant donc composer avec lui, en espérant qu’il jouera franc-jeu et qu’il aura à coeur de favoriser le dialogue entre les présidents Compaoré et Ould Taya.

Les nombreuses accusations mutuelles de subversion, on l’a vu, ont créé un climat malsain dans la sous-région. Un climat lourd de suspicion qui bloque bien des initiatives de développement et d’intégration. La nécessité de rétablir des relations de confiance entre chefs d’Etat ouest-africains, devient une priorité.

Reste à définir les modalités de sa mise en oeuvre. Une démarche que viendrait à engager ATT pourrait constituer les prémices d’un processus plus large de réconciliation. Car on ne peut pas continuer à entretenir cette atmosphère peu propice à un véritable développement de la sous-région.

Bien sûr, l’effort doit d’abord se faire à l’intérieur des frontières nationales. Car c’est le déficit démocratique qui nourrit les velléités putschistes auxquelles les dirigeants font encore face. Les ingérences extérieures ne peuvent indéfiniment sauver et préserver un régime peu soucieux des règles républicaines. Il sera tôt ou tard balayé par les forces démocratiques.

C’est pourquoi toutes les actions multiformes de déstabilisation dans la sous-région, ne sont qu’une fuite en avant. Seule la démocratie constitue le meilleur gage pour régner en toute quiétude. Avis donc aux aventuriers de tous poils, encore en retard de plusieurs décennies, qui rament désespérément à contre-courant de l’histoire.

Le Pays

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