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Planification familiale : quand les maris menacent...

Publié le mercredi 22 janvier 2014 à 15h34min

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Le Burkina Faso a inscrit la planification familiale (PF) comme priorité nationale. Même si tous les acteurs soutiennent que la PF est de plus en plus acceptée par les populations, force est de reconnaître que beaucoup reste à faire dans certaines localités car les réalités socioculturelles ne sont pas les mêmes.

En effet, lors de la restitution des résultats du monitoring des activités - notamment de la PF -, des maris étaient très remontés quant à l’utilisation des méthodes contraceptives par leurs femmes. A Niégo, un département de la province du Ioba par exemple, un mari affirme qu’il a payé cher la dot de sa femme et, qu’en retour, sa femme doit payer le prix en lui donnant le maximum d’enfants voulus. Certains ont estimé que la PF est une affaire de fonctionnaires puisqu’ils n’ont pas de champs à cultiver... Par contre, les paysans ont, eux, besoin de main d’œuvre. D’autres s’insurgent contre les agents de santé et, sur un ton menaçant, mettent en garde tout agent de santé qui va placer une contraception sur leurs femmes sans leur avis ; ce dernier sera considéré comme "l’ennemi" qui détruit sa progéniture. Aussi, celui-ci subira le sort qu’ils auront à infliger à leur pire ennemi.

De même, dans un CSPS de la commune de Guéguéré de la même province, une femme a été conduite manu militari par son mari dans le centre de santé, parce qu’il a constaté la présence d’un morceau de sparadrap sur son bras gauche. C’est ainsi que l’agent de santé a été sommé de retirer immédiatement ce qu’il avait placé sur sa femme. Ce qui fut fait, sous sa surveillance. Témoignage d’un Infirmier chef de poste lors d’une rencontre avec le District. Dans ces localités, tant que les maris ne seront pas fortement ou suffisamment impliqués dans la prise de décisions en matière de PF, il sera difficile d’atteindre les objectifs nationaux. C’est pourquoi il faut recruter des pères éducateurs des maris pour sensibiliser les autres. Changer de stratégie en plaçant les décideurs, c’est à dire les hommes, en avant de la lutte pour épanouissement de la famille et la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Mettre dans ces localités des équipes mobiles de sensibilisation et d’adhésion à la PF.

Jules BATIONO

Agent de Santé

bationojules@yahoo.fr

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2014 à 16:39, par Nam En réponse à : Planification familiale : quand les maris menacent...

    C’est un apercu tres interessant dont la lecture ne devrait pas etre limitee a une localite. La PF est une politique qui n’a pas que des aspects socio-humanitaires mais aussi une dimension economique. elle est liee aussi a l’education : je ne parle pas du seul volet de la scolarisation mais aussi des mecanismes de dissemination de l’information, des canaux choisis et de la structure de la communication.

    Si la PF est essentielle pour un salarie (qui d’ailleurs n’a pas grand besoin de sensibilisation a cet effet), elle demande une grande gymastique mentale pour beaucoup de nos parents :
    1- Car dans une communaute d’agriculteurs (ou la main d’oeuvre reste encore, malheureusement, le seul coefficient de productivite) le rapport PF/Economie est negatif.
    2-Dans une communaute ou les maladies et/ou deces sont encore largement expliques par les devins et tradipraticiens c’est pas si aise de comprendre le rapport PF/sante maternelle-mortalite infantile.

    Et pour ce qui est des exemples de cas mentionnes dans l’article il faut reconnaitre que la communication est tres mauvaise. Dans les communautes traditionnelles on est encore timide quand il s’agit de parler de tout ce qui a trait au sexe, d’ou la difficulte du dialogue a l’interieur des couples. Meme dans les couples ’modernes’ ce n’est pas la femme qui decide de combien d’enfants elle veut avoir...ce n’est pas non plus l’homme qui decide de combien d’enfants il veut avoir. C’est un processus de dialogue couple des realites qu’ils traverse qui eclaire leur jugements et inspire la decision. Il faut donc comprendre comme ’normale’ la reaction des maris et les menaces quand la femme (d’habitude exclue des instances decisionnelles) decide seule et unilateralement avec la complicite de quelque agent de sante de se faire mettre des implants de PF.

    Une famille moderne basculerait aussi en pareille situation. Alors pour solution au lieu de tout reprocher a l’insuffisance de sensibilisation, aux valeurs socio-culturelles il faut reconnaitre que toute politique a besoin de moyens d’accompagnement mais aussi et surtout d’institutions d’accompagnement. Dans ce cas la politique de PF doit aller intimement liee a une politique agricole. En plus il faut prendre en compte les dynamiques sociales specifiques des differentes communautes...Sinon la PF risque de finir par casser les couples et accentuer le refus de cooperation des communautes a la base pour le developpement.

  • Le 23 janvier 2014 à 21:26, par le travailleur social En réponse à : Planification familiale : quand les maris menacent...

    les paysans ont pleinement raison comment pouvez vous appliquer des méthodes contraceptives sans le consentement du mari. c’est une violation flagrante de leurs droits

  • Le 23 janvier 2014 à 21:26, par le travailleur social En réponse à : Planification familiale : quand les maris menacent...

    les paysans ont pleinement raison comment pouvez vous appliquer des méthodes contraceptives sans le consentement du mari. c’est une violation flagrante de leurs droits

  • Le 24 janvier 2014 à 05:03 En réponse à : Planification familiale : quand les maris menacent...

    On ne peut pas faire le bonehur de quelqu’ un sans lui. C’est une attitude colon, ca. Les maris ont raison. Moi mme je peux dire que l’ infirmier - la avait meme des visees sur ma femme et il va dire quoi ? C’est comme les blancs qui viennet en afrique te nous "apportent" leur savoir- faire en pensant qu’ ils nous sauvent. Encore faut- il me demander a moi si je me sens perdu d’ abord. Comme si vous n’ aviez jamais entendu de la Sociologie. Aprs on av dire qu les gens du Sud- Ouest encore sont ceci cela. Pourtant ils sont les premiers a dire non au regime inutile de Blaise Compaore en votant massivement l’ UPC.

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