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Bassolma Bazié, secrétaire général de la CGT-B : « Comme par le passé, il nous faut d’abord une plate-forme commune pour rejoindre la lutte de l’opposition »

Publié le mardi 21 janvier 2014 à 23h42min

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Bassolma Bazié, secrétaire général de la CGT-B : « Comme par le passé, il nous faut d’abord une plate-forme commune pour rejoindre la lutte de l’opposition »

Le contexte politique actuel Burkinabè est marqué par une grande tension du fait des luttes de différents groupes politiques pour le pouvoir. Mais la période est également à l’implosion du parti en place à travers les vagues de démissions et aussi la lutte acharnée de l’opposition politique à empêcher le camp présidentiel de modifier l’article 37 de la Constitution et de mettre en place le Sénat. Lors de la conférence de presse organisée par la coordination des syndicats de la fonction publique sous l’égide de UAS (Unité d’Action Syndicale), le secrétaire général de la Confédération des travailleurs du Burkina (CGTB), Bassolma Bazié, s’est prononcé en tant que citoyen sur l’appel lancé par le chef de file de l’opposition lors de la marche du 18 janvier dernier. Toujours en tant que citoyen burkinabè, M. Bazié a également donné son avis sur la cascade de démissions au CDP.

Le faso.net : Que répondez-vous à l’appel du chef de file de l’opposition qui invite vous acteurs des organisations syndicales à rejoindre le mouvement pour barrer la mise en place du Sénat et la révision de l’article 37 de la Constitution ?

Bassolma Bazié : En ce qui concerne l’appel du chef de file de l’opposition, nous l’avons suivi à travers les reportages de la presse. Et il faut d’abord signifier que nous avons le devoir de saluer la mobilisation de l’ensemble du peuple burkinabè dans les 4 coins du pays pour la revendication du respect de leur dignité, la revendication pour le pain et pour leur liberté. Nous profitons de votre micro pour féliciter et encourager l’ensemble des organes de presse pour le travail qui est abattu, n’eût été cela il serait très difficile de savoir ce qui se passe dans notre pays. Si je reviens sur l’appel qui a été lancé à l’endroit du mouvement syndical, il faut d’abord rappeler que même l’existence des partis politiques est un acquis du mouvement syndical. Je veux rappeler pour mémoire que la grève historique des 17 et 18 décembre 1975 sous le régime du Général Sangoulé Lamizana était pour refuser et dénoncer la mise en place d’un parti unique en Haut Volta. Ce parti qu’il avait dénommé le Mouvement National pour le Renouveau( MNR).Et c’est grâce à cette grève du mouvement syndical que ce parti a été mis en berne et que la base fondamentale de mise en place des partis politiques a eu cours. Le deuxième élément de rappel est relatif aux assises nationales sur l’avant projet de la Constitution qui a abouti à la constitution du 2 juin 1991.Dans sa déclaration qui était constituée de 5 points, le mouvement syndical a rappelé au 4e point qu’il tenait également à l’existence du multipartisme dans notre pays. Donc si aujourd’hui il y’a des partis politiques d’opposition, les uns et les autres sont interpellés à se référer à l’histoire et savoir que cette existence acceptée dans le paysage démocratique n’est pas tombée du ciel. C’est un acquis qui a été arraché par le mouvement syndical.

Maintenant, nous prenons note que l’appel a été fait. Et comprenez bien que le mouvement syndical de l’UAS est composé de 17 syndicats autonomes et de 6 centrales syndicales. Les décisions que nous prenons sont des décisions consensuelles. Il faut une rencontre de tous ses syndicats pour analyser l’appel et voir qu’elle suite il faudrait y donner. Du reste, bien avant cet appel, en juin dernier, nous avons reçu une délégation du CFOP-B qui a rencontré, j’allais dire de façon individuelle, les organisations syndicales. Ce que nous leur avons rappelé en son temps et en se référant à l’histoire est que l’ensemble des luttes qui ont été menées par les mouvements syndicaux aux cotés des partis politiques ont été des luttes sur la base d’une plate-forme consensuelle commune et des stratégies communes dégagées. Si je me réfère au cas du 03 janvier 1966 , au cas du 17 et 18 Décembre 19 75 ou encore au 15 juin 1995 avec le comité pour le règlement des affaires pendantes en matière des droits humains , si je me réfère encore au 13 décembre 1998 sur le collectif des organisations démocratiques de masses et de partis politiques ,c’est sur la base de plates formes consensuelles et communes et des strategies dégagées ensemble que nous avons engagé ces luttes . C’est pour signifier que si le mouvement syndical devait redescendre sur le terrain pour le même combat avec les partis politiques, il faut que ce soit sur la base d’une plate forme commune. Cette plate-forme aujourd’hui au niveau du mouvement syndical est connue. Nous avons dit que nous sommes contre la révision de l’article 37 et à tout tripatouillage de la Constitution. Et cela depuis 1990. Nous sommes contre la mise en place de la 2e chambre parlementaire appelée aujourd’hui Sénat. Nous avons aussi dit que nous sommes contre l’impunité, la corruption, la fraude et nous sommes pour les libertés démocratiques et syndicales. Donc, une plat- forme qui viendrait à prendre tous ces points en compte et que les acteurs veuillent descendre sur le terrain se battre, nous ne pouvons qu’approuver. Mais appeler le mouvement syndical à venir à une manifestation comme si c’était un acteur passif, je pense sans trop me tromper que ce serait difficilement acceptable à notre niveau. Dans l’histoire, nous avons toujours posé des actes dans le cadre de la défense des intérêts matériels et moraux de ce peuple, de la défense de la dignité ferme de ce peuple. En toute modestie gardée nous ne disons pas que nous ne constituons la lumière dans ce pays face à toutes ces organisations. Nous disons que les partis politiques ont leur vision qui est la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat. Le mouvement syndical lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs de façon particulière et de toutes les populations de face générale. Alors les stratégies communes qu’on pourrait mettre en place voudraient d’abord signifier que l’ensemble des acteurs sont conscients de ce pourquoi ils s’engagent et qu’on ait une plate-forme commune et des stratégies communes. Qu’on ne constitue pas une plate-forme sur la base seulement de la lutte contre le Sénat et contre l’article 37 et omettre les autres mots qui minent la société.

Lefaso.net : En tant que citoyen burkinabè qu’elle lecture faites- vous de la vague de démissions au sein du parti au pouvoir, le CDP ?

Bazié Bassolma : Il est très difficile de porter une casquette et puis se prononcer en tant que simple citoyen. Effectivement, j’ai constaté qu’il y a eu ces démissions. Notre perception au niveau du mouvement syndical et particulièrement au niveau de la Confédération Générale du Travail du Burkina(CGTB), est que aujourd’hui la maladie du système ne se limite pas uniquement au niveau du Burkina .Je veux parler du capitalisme à travers ses variantes d’application comme le libéralisme. Nous avons dénoncé et nous avons dit à travers des écrits, des conférences et des communiqués que le peuple burkinabè devait se battre de façon conséquente pour sa libération véritable. Parce que les indépendances formelles qui ont été attribuées à nos Etats ne permettent pas aux peuples de vivre de façon digne, car la source de notre misère est liée au fait que nous sommes aliénés. Nous ne sommes pas véritablement indépendants. Et entrant dans le sens de ce peuple là qui doit être libéré de ce point de vue, nous pouvons lier les démissions.

Mais, pour l’instant nous constatons et nous allons avoir le temps de nous prononcer sur la question. Et nous nous réjouissons que ce soit les mêmes qui ont voté des lois anti populaires dans ce pays. Je peux me limiter là pour le moment. Et nous allons avec le temps voir plus clair et nous prononcer de façon globale, parce que le propos que je viens de tenir est un propos comme vous l’avez dit en tant que citoyen et n’engage pas la responsabilité des organisations.

Propos recueillis par Arba Monique Nadembega
(Stagiaire)

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