LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Situation sociopolitique nationale : Ayons une juste compréhension de nos rapports avec nos gouvernants pour mieux nous engager !

Publié le jeudi 16 janvier 2014 à 12h10min

PARTAGER :                          
Situation sociopolitique nationale : Ayons une juste compréhension de nos rapports avec nos gouvernants pour mieux nous engager !

Dans le contexte sociopolitique actuel de notre pays, il me semble nécessaire d’apporter ma contribution (i) en précisant l’attitude que doit avoir tout peuple face à ses gouvernants, (ii) en rappelant quelques faits historiques lors desquels la juste attitude tenue par le peuple burkinabè l’a conduit à des victoires (iii) et enfin, en aidant tous ceux qui sont toujours septiques à percevoir l’urgence et la nécessité de rejoindre le mouvement démocratique de rejet des velléités de patrimonialisation du pouvoir.

Dans toute son existence, l’être humain ne souhaite que l’amélioration continue de sa situation. Plus qu’un souhait, il s’agit en réalité d’un besoin inéluctablement associé à son existence et à sa survie puisqu’aucune existence n’est statique, et lorsque celle-ci ne s’améliore pas, elle se dégrade. Ainsi, tous les peuples attendent de leurs gouvernants qu’ils fassent en sorte que leur existence s’améliore de façon continue.

Malheureusement, tout gouvernant court le risque de ne penser d’abord qu’à lui-même avant de penser à ceux qu’il est pourtant chargé de gouverner. Il pense plus facilement à se servir de sa position plutôt qu’à servir. Lorsque rien n’oblige le dirigeant à penser à son peuple, il n’y pense que très peu ou même très mal. C’est pourquoi, un peuple qui veut progresser doit être en permanence en situation d’obliger ses dirigeants à penser à lui.

C’est l’éveil des peuples qui oblige les gouvernants à être transitoirement ou définitivement bons. Le gouvernant, s’il ne s’établit pas lui-même sur ses congénères en s’imposant à eux, est établi par certains en fonction de leurs intérêts ; ou dans le meilleur des cas, selon les règles de la volonté générale. Il se sert alors de l’investiture par la volonté générale pour gouverner par sa volonté particulière. Plus il a peur de son peuple, plus il essaie de rapprocher autant qu’il y parvient sa volonté particulière de la volonté générale. Moins il a peur de son peuple, plus il se croit tout permis.

L’histoire des deux dernières décennies de la gouvernance de notre pays par le pouvoir de la 4ème République illustre bien la réalité du dualisme entre gouvernants et gouvernés. Sous la pression du Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et de Partis Politiques créé en 1999 à la suite de l’horrible assassinat du talentueux journaliste Norbert Zongo, le pouvoir de la 4ème République avait concédé des acquis au peuple dont le mode de suffrage « au plus fort reste » lors des consultations électorales de 2002.

Ce mode de suffrage avait alors permis une large représentativité des différentes sensibilités politiques de notre pays à l’hémicycle entre 2002 et 2007, et ce au détriment de l’accoutumé hyper-représentativité du parti au pouvoir. Une fois la pression populaire tombée, le gouvernement remit en cause le mode de suffrage en revenant à l’ancien système qui lui était plus avantageux. Il a fallu de nouveau un exercice de la pression populaire en 2012 pour que le pouvoir de la 4ème République, à travers son Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (CCRP), revienne sur les acquis qu’il avait lui-même remis en cause.

Récemment, l’exercice de la pression populaire à Kaya a contraint le gouvernement à revenir sur sa volonté de célébrer la fête du cinquantenaire en 2015 à Ziniaré au détriment de Kaya, initialement choisi pour l’abriter. C’est pourquoi, pour progresser le peuple burkinabè doit aussi être en permanence en situation d’obliger ses dirigeants à bien penser à lui. C’est également pourquoi, chaque burkinabè doit obligatoirement s’engager dans la lutte en cours depuis plusieurs décennies dans notre pays et qui, plus que jamais nécessite le concours de tous en ces temps où l’espoir est assombri par les velléités du clan Compaoré à installer et perpétuer à la tête de la République, une monarchie même au prix d’une déchirure sans précédente de la cohésion sociale.

Ensemble, mobilisons-nous pour faire échec aux desseins de patrimonialisation du pouvoir par la famille Compaoré !
Dr Smaïla Ouédraogo
Membre fondateur et ancien Secrétaire à l’Organisation de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse (ODJ)
Membre fondateur et ancien Secrétaire aux Relations Extérieures du Cadre de Réflexion et d’Actions Démocratiques (CADRe)
Ancien militant de l’Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB)
Militant du CADRe

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?