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Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

Publié le samedi 11 janvier 2014 à 16h22min

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Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

Roch Marc Christian Kaboré va rester moins de deux ans à la primature. Au-delà de la conjoncture économique et sociale particulièrement pesante pour la population, on évoquera des « relations tendues » avec le président du Faso. Le 6 février 1996, il est remercié. Et se retrouve conseiller spécial à la présidence.

Ce qui lui laisse du temps, beaucoup de temps, pour préparer sa réélection comme député CDP de la province du Kadiogo en mai 1997. Il avait déjà été élu à ce poste en mais 1992 (c’était alors sur la liste de l’ODP-MT dont le CDP avait pris la suite après fusion avec plusieurs autres groupuscules politiques) mais n’avait pas siégé du fait de ses activités gouvernementales.

C’est désormais au sein de l’Assemblée nationale qu’il va faire carrière : premier vice-président dès juillet 1997 ; président à compter du 5 juin 2002 au lendemain de sa réélection comme député (il a été réélu pour un mandat de cinq ans le 6 mai 2007 ; il ne s’est pas représenté en 2012). Parallèlement, il va gravir les échelons du parti. Il en était le secrétaire exécutif en 1999, il devient président du Bureau politique national (BPN) en août 2003. En 1999, alors que le « Pays des hommes intègres » était passablement… désintégré par « l’affaire Zongo », Kaboré avait pris la suite, à la tête du parti, de Bongnessan Arsène Yé et le secrétaire général était alors Simon Compaoré, maire de Ouagadougou.

Depuis 1999, bien des événements majeurs se sont déroulés au Burkina Faso (et ailleurs, notamment les « printemps arabes » qui ont filé un sacré coup de vieux à tous les régimes autoritaires qui refusent de se remettre en question). Le « méga-parti » (pour reprendre une expression de Moussa Diallo dans lefaso.net) a été secoué non seulement par des crises internes mais également par la crise politico-sociale de 2011 qui a mis par terre le gouvernement et… quelques bâtiments du parti présidentiel (et bon nombre d’illusions sur la relation entre la classe politique et la population).

Kaboré, président du parti majoritaire et président de l’Assemblée nationale, a senti le vent du boulet non pas sur ses fonctions mais sur les acquis dont s’enorgueillissait le « Pays des hommes intègres » ; un pays convaincu qu’il serait au-dessus de ce type de préoccupations politico-sociales dès lors que toutes les institutions « démocratiques » étaient verrouillées.

Dans la perspective des élections couplées, qui se sont tenues en décembre 2012, le congrès du CDP a été avancé de quelques mois (il était prévu initialement en juillet 2012 et s’est tenu, finalement, en mars 2012), histoire de mettre en place une nouvelle équipe qui aura la lourde charge de conduire non seulement le parti mais aussi l’Assemblée nationale dans la prochaine bataille pour la présidentielle avec la question jamais tranchée, mais déjà à l’ordre du jour, de l’article 37 (qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels).

Kaboré le dira : « L’année 2012 qui commence est une année charnière ». Après que 2011 ait été « l’année de tous les dangers ». En 2012, Kaboré l’avait dit : il prendrait le large. Et on s’attendait de sa part, après près de douze années passées à la tête du parti (de « l’affaire Norbert Zongo » à « l’affaire Justin Zongo » qui a participé à mettre le feu aux poudres en 2011) à un testament politique qui soit une analyse en vraie grandeur des maux qui minent la société burkinabè. Il n’en a rien été et l’on se contentera de déclarations de bonnes intentions et d’un reformatage des instances dirigeantes. Sans Kaboré et quelques autres.

Le temps n’est plus où le débat politique passionnait les Burkinabè (passion motivée, d’ailleurs, un temps, par « la force des baïonnettes »). Aujourd’hui, l’opinion publique a basculé du côté des « Y’en a marre », marre de tout ce fatras d’une nomenklatura qui ne résout pas les problèmes basiques de la population : insécurité, santé, formation, emploi, etc. Non pas que les gouvernements successifs n’aient rien fait ; mais compte tenu des évolutions des modes de vie, le gap ne cesse de s’aggraver entre besoins et moyens.
Les frustrations s’accumulent, notamment au sein de la classe moyenne (celle qui, justement, pourrait s’intéresser à l’évolution politique du pays).

Kaboré a donné l’impression, alors qu’il quittait la direction du CDP, d’être conscient qu’il fallait passer à autre chose. Mais dans un pays où ce sont des groupuscules politiques qui ont fait l’histoire, il n’est pas facile de faire bouger un mastodonte comme le CDP (4.000 personnes ont participé au congrès de 2012) englué depuis trop longtemps dans le pouvoir et paralysé à l’idée de le perdre un jour, brutalement, par « une remontée de la rue à la surface ». C’est sans doute pourquoi, voici deux ans, dans son discours de retrait de la direction du parti, il avait prôné (sans employer le mot) une « déstalinisation » des esprits. Il est vrai qu’il faut libérer l’inventivité et la capacité d’entreprendre (y compris politique) des Burkinabè mais la bureaucratisation (au sens sociologique du terme) de la vie politique du pays est un frein considérable au développement des énergies.

Le Burkina Faso n’est pas une société figée ; mais ses « élites » tendent à le devenir. Et partout on déplore une absence de prise de décision, de prise de risque, de réactivité ; on déplore un mode de production politique au jour le jour, incapable de susciter le moindre enthousiasme et de se projeter dans l’avenir. Le mot tabou est celui de « programmation » ; le mot miracle serait celui de « communication ».

Kaboré est un homme dont on dit qu’il est « mesuré » ; ont dit aussi qu’il sait désamorcer les situations critiques sans pour autant se mettre en difficulté. Il en a fait la démonstration, lors des « mutineries » de 2011, à la tête de l’Assemblée nationale, l’institution ayant été passablement chahutée par les commerçants furieux d’avoir été les principales victimes des « mutins ». Il avait voulu l’être au sujet de l’article 37 ; mais cela lui revient en boomerang aujourd’hui.

En 2010, il considérait que la limitation des mandats était « anti-démocratique ». « Je pense que du point de vue du principe, ce n’est pas attaquable » maintiendra-t-il, le 17 mars 2011, alors qu’il était interrogé par Christophe Boisbouvier sur RFI. Limiter les mandats c’était, selon lui, considérer que les pays africains sont des sous-démocraties incapables d’alternance. Mais ce qui était « inattaquable » en 2010 deviendra problématique en 2011 au lendemain de « l’affaire Justin Zongo » en un temps où « la rue était remontée à la surface ». Kaboré a tenu alors un langage qui se voulait de bon sens : « Pour moi, la discussion de l’article 37 ne doit pas être tabou quelle que soit la conclusion à laquelle nous aboutissons […] Je ne vois pas pourquoi, il faut s’affoler autour du fait simplement que la question de la discussion soit posée ».

Blaise Compaoré ne dit pas autre chose dès lors qu’il propose de soumettre la question à référendum (même si on connaît les limites « démocratiques » des référendums). Il ne faut pas mépriser la maturité politique des peuples (« Les printemps arabes » portent témoignage de leur capacité d’abnégation pour faire triompher leurs revendications). Mais il ne faut pas non plus mépriser le poids des symboles ; et l’article 37 est perçu (à tort ou à raison) comme un symbole : celui d’une classe dirigeante affairo-politique qui veut imposer ses choix à son peuple !

Kaboré est-il crédible en « opposant de gauche » au CDP ? Rien n’est moins sûr. D’autant plus qu’il entraîne dans son sillage une flopée de têtes d’affiche qui ne manquent pas, elles aussi, d’ambitions pour 2015. Et sa rupture est seulement motivée par une volonté d’alternance.

Alternance des hommes mais qu’en est-il du programme politique ? On le voit à Dakar où le « changement », d’Abdoulaye Wade à Macky Sall, le second ayant été formaté et « inventé » par le premier, n’a pas apporté aux populations les satisfactions espérées. J’ai déjà dit que je pensais que Zéphirin Diabré, leader de l’opposition, avait tort de surfer sur l’article 37 et le projet de Sénat quand les populations revendiquent d’abord un mieux-être au quotidien. Kaboré ne fait pas mieux, mais il est vrai qu’au plan idéologique rien ne différencie les deux hommes.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2014 à 15:32, par le novice En réponse à : Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

    Bejot, n’oublie pas surtout que les rentes que le régime de Blaise te sert proviennent des impôts de ces populations qui aspirent au mieux et que payer un type comme toi nuisible pour notre société c’est aggraver leurs situations

  • Le 12 janvier 2014 à 20:27, par Yako En réponse à : Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

    Assistons au 1er triumvira ? il n’ya rien à s’en réjouir ces 3 là sont condamnés à se quitter après référendum on assistera alors au 2nd triumviat cette fois il sera composé de Rock-Simon-Kader .

  • Le 13 janvier 2014 à 00:47, par Tampaalga Chrysostome En réponse à : Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

    Ah vraiment, Le Rocco a soutenu en 2010 que la limitation des mandats présidentiels était antidémocratique. Que faire d’un type qui louvoie tout le temps ? Mettez-le au placard !

  • Le 13 janvier 2014 à 13:02, par Vraiment En réponse à : Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

    Quand vous travaillez pour un système, vous faites tout ce qui est positif pour ne pas le nuire. Je dis bien un système, qui ne peut être l’affaire d’un individu, fut-il Blaise. Notre problème, il faut de l’alternance des hommes. Que ce soit pour le même programme, on s’en fout. Qui t’a dit qu’au Sénégal, il n’ y a pas eu de progrès ? Au moins, chaque citoyen, qui répond aux critères, sait qu’il peut être président, quelque soit sa famille d’appartenance. Bejot, il faut changer pendant qu’il est temps.

  • Le 14 janvier 2014 à 02:01, par romeo En réponse à : Burkina Faso 2014. « Le Rocco », constant dans l’inconstance. Portrait d’un apparatchik en « opposant de gauche » (2/2)

    slt mettez rock au placart blaise es mieux que ce vanipier grace au cdp son ventre a pousser cet pas aujordi kon les a ecarter un peut kil ve ns distrai cet ce bouvier ki luttait contre la limitation du nombre de mandat et poukoi il di le contraire mes frere burkinabè ne vs laisser pas distraire par ces assoifé de pouvoir ki vien vs menti en vs disant kan ils seront au pouvoir vs aler avoir les meilleur condition de vi par kel moyen ? SVP le faso a un tresor ki l peu perd a koz de cet ingrat cet a dire la paix on sait bien kan la guerre comence mais on sais pas kan el prend fin donc proteger cet tresor cet les mem ki on di que MR BLAISE ve placer son pti frere a la presidence de lassemblé national et plus tard il va demissioner et mr francois sera automatiquemen le chef deta dieu cet mem pas un mossi plustot un bobolais vs navez pas pris conciens il save prkoi il dmissione ils on fait 28 ans avc blais parcekil non plus de privilège on von venir distrais les gens kan a simon il a feter cet milliar devan tt le mond il fai kel boulo pr feter cet milliar il a detourner et maitema il voi kil a un peu dargent il ve se presenter il naka se presenter on va voir si von gagner dix pr cent de lelectoral cet a koz de cet mem changement kon a conu la guerre en cote divoir en faisant le coup detat contre bedier on na vu combien de mort ya eu ici cet mem ga kan il von ariver au pouvoir cet de senrichi apres la famille les cousinee lescousin les copine les maitress et consor restez vigilan je sais en ame et cnsciens que MR blaise va parti mai pa par la violence vs etes pas reconaissant comparer le salair avant larivé de MR blaise et maitenan vs aler voir laugmentation en sachan kon a pas de resource consekan notre sous sol es povre hors mi le coton un peu d’or et la recette douanièr et les impot malgré tt ca ce que ce MR a realiser la hauss de nombre de fonctionaire les goudron ya des gens ki alais mourir sans voi echangeur avc MR blaise ou pas cet le cdp ki va remporter on se moma on parlera de changement pa du tt on kite dans kaka pr aler rentrer dans annus

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