Qui est Bingui Jaa Jammy ?

• Je suis un artiste, le corbeau rasta ambassadeur, c’est-à-dire un artiste comme tout autre, à la différence que moi je fais dans le reggae fusion.

Nous savons que vous avez fait une compilation ; d’où vous est venue cette idée ?

• C’est à la demande de certains artistes qui avaient besoin de se faire produire.

C’est dans ce cadre qu’ils sont venus solliciter mon concours afin de pouvoir réaliser leur œuvre. J’en étais très fier, et en même il m’est venu à l’esprit de faire une compil qui offre un cadre beaucoup plus grand à plusieurs artistes pour s’exprimer. La compil a l’avantage d’avoir l’adhésion de beaucoup de mélomanes, car chaque artiste a ses fans.

Et le fait d’avoir plusieurs musiciens sur un même album lui donne des chances de succès, en même temps que la compil donne l’occasion aux artistes de fraterniser, de solidariser et de communier ensemble, donc de constituer une force. Il est, à mon avis, important que les gens se regroupent au lieu que chacun reste dans son petit coin, renfermé sur lui-même.

Comment cette œuvre a-t-elle été réalisée ?

• La compil a été réalisée ici à Ouagadougou. On a fait déplacer des ingénieurs de son et un arrangeur qui sont venus de France. Nous avons constitué notre studio au CENASA (que nous remercions au passage) qui nous a beaucoup aidés.

Quels sont les objectifs que vous visez à travers cet album ?

• C’est d’amener les artistes à aller de l’avant dans ce qu’ils font. Les artistes ici ont du talent, du potentiel. Il leur manque un cadre pour sortir ce qu’ils ont dans le ventre, c’est-à-dire du bon matériel, de bons techniciens, de bonnes structures.

C’est pourquoi nous avons jugé opportun, pour la réalisation de cet album, de solliciter des compétences en la matière, afin de donner un véritable coup de force à ces artistes, dans le sens de les propulser. Parce que quoi qu’on dise, quel que soit votre talent, si vous n’êtes pas entouré de bons techniciens, il est difficile que vous alliez de l’avant. Donc mon objectif était de créer un cadre compétent pour ces musiciens afin qu’ils puissent être mieux connus à travers la qualité artistique de l’œuvre.

Qu’est-ce que la compilation a de spécifique ?

• C’est une première, parce qu’il s’agit là d’une compil en live. Nous n’avons pas extrait des morceaux d’albums qui existaient déjà, comme cela se fait habituellement pour les compils. Pour cet album, chacun est venu avec son morceau, et ensemble, avec les ingénieurs de son et l’arrangeur, on lui a concocté quelque chose sur place.

En plus, l’initiative a été d’associer aux artistes (12 au total) un conteur. Donc notre œuvre tranche d’avec les autres à partir de ces deux aspects.

Qu’est-ce que vous avez prévu pour la promotion ?

• L’album est sorti sur K7, il sera sur CD bientôt. Il y a une tournée africaine dans la sous-région qui est prévue. Seulement, je dois participer à une tournée en France au mois de mars. Après ça, il y aura des artistes de la compil qui iront en France participer à des plateaux.

Ensuite, nous reviendrons au Burkina au mois d’octobre où nous comptons organiser des spectacles dans huit villes du pays avec tous les autres membres de la compil.

Un dernier mot ?

• Je souhaite que cette initiative puisse avoir un effet ; je constate que des artistes nous emboîtent déjà le pas, mais il faut que ça continue parce que les artistes ne doivent pas rester éparpillés. Ils doivent être unis, car l’union fait la force. Et c’est grâce à cette force que nous pourrons représenter dignement l’Afrique, lui donner une image positive.

Dofini Nankoita avec la collaboration de O. Sidpawalemdé

Quelques artistes de la compil s’expriment

King-Zion : "J’ai commencé la musique depuis mon enfance. J’ai joué dans le groupe CV Afrique en passant par le petit séminaire de Kaya pour ensuite venir à Ouagadougou. C’est ainsi que j’ai appris que le grand frère Bingui voulait faire une compil.

J’étais très fier d’en faire partie, et j’ai apporté ma contribution en chantant le morceau "Afrika" qui parle entre autres de l’union et dénonce la dictature de certains dirigeants africains. Tout s’est bien passé et je salue l’initiative qui va permettre de me faire connaître davantage".

Razo Staa L. Difasso : "C’est depuis 1988 que je fais la musique après avoir abandonné les études coraniques. J’ai évolué dans l’informel pendant 14 ans en jouant la kora à Bobo, au Mali... Mais jusque-là, je n’avais pas eu la chance d’être produit. J’ai été donc content quand Bingui m’a appelé pour participer à la compil. Le titre que j’ai joué est "La vie est très longue" pour encourager tous les "baramogo" dans leur bataille quotidienne.

L’ambiance était bon enfant au sein du groupe et cela m’a permis de m’exploser. Bingui est à féliciter car en regroupant les artistes dans cette compil, il leur donne l’occasion de se faire découvrir par beaucoup de gens".

Yoro-Massa : "Je présente d’abord mes meilleurs vœux à l’Observateur Dimanche. Ma contribution à cette compil n’est pas un fait du hasard, car Bingui, qui a apporté le projet de la compil, est un ami à moi. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Donc il n’a pas hésité à m’appeler pour que j’apporte ta contribution au projet. Tout s’est bien passé et je l’en remercie. Mon titre joué est "NBoassi" qui veut dire en bwamu "lâche ta main". Je souhaite que l’album connaisse un succès afin que nous puissions être mieux connus".

Observateur Paalga