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François Paul Ramdé, président de l’Union fraternelle de Dori : « Sans faire de prosélytisme, nous essayons d’encourager un dialogue entre Chrétiens et Musulmans du Sahel »

Publié le vendredi 27 décembre 2013 à 00h41min

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François Paul Ramdé, président de l’Union fraternelle de Dori : « Sans faire de prosélytisme, nous essayons d’encourager un dialogue entre Chrétiens et Musulmans du Sahel »

Fondée en 1969, l’Union Fraternelle des Croyants de Dori (UFC-DORI) continue d’œuvrer pour la bonne entente entre Chrétiens et Musulmans dans le Sahel. Lefaso.net a rencontré François Paul Ramdé le Président de cette ONG pas comme les autres.

Fête de la Nativité oblige, la fin d’année est toujours l’occasion pour les Chrétiens de faire un « bilan », notamment sur leur situation dans le monde à l’heure où les conflits religieux se font malheureusement de plus en plus fréquents. Au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Pakistan...) mais aussi en Afrique (Égypte, Libye, Mauritanie...), nombreuses sont les communautés chrétiennes qui souffrent de l’intolérance religieuse, souvent véhiculé par un Islam issu du salafisme le plus intransigeant. Bien sûr, cette intolérance n’est pas unilatérale comme on a pu le voir très récemment en RCA où milices chrétiennes s’en prennent aussi de manières extrêmement violente à des Musulmans...

Nul pays – et surtout pas en Afrique de l’Ouest – n’est en effet protégé de ces conflits inter-religieux (et aussi très souvent inter-ethniques) qui mettent à mal la paix à laquelle la majorité des croyants de toutes religions aspire. Au Burkina Faso, la paix civile est pour l’instant garantie grâce à une bonne entente historique entre ethnies et religions différentes. Cependant, la proximité de la partie sahélienne du pays avec d’autres états comme le Mali et le Niger ainsi que la pauvreté qui sévit dans cette zone peut faire craindre l’intolérance et les tensions entre communautés. À Dori, l’Union Fraternelle des Croyants s’est donc donné pour mission d’éviter ces tensions et de préserver la paix sociale en essayant de faire partager aux populations des principes de tolérance, de respect, de dialogue et une volonté commune de développement des communautés. À la fois combat spirituel et socio-économique, le rôle d’UFC-DORI est primordial pour le Sahel. Afin de mieux comprendre son origine et son fonctionnement, Lefaso.net a rencontré son directeur, M. Ramdé.

Lefaso.net : Comment est née l’UFC-DORI ?

François Paul Ramdé : L’UFC-DORI est née dans les circonstances dramatiques de la famine de 1969. À l’époque, un missionnaire français, le Père Lucien Bidaud, décida de s’entourer d’autres habitants de Dori pour distribuer des vivres aux populations. Ainsi, douze personnes (six Chrétiens et six Musulmans) s’associèrent au Père Bidaud et donnèrent naissance à l’Union Fraternelle des Croyants de Dori qui couvre les provinces de Séno et du Yagha. Affecté à Gorom-Gorom en 1973, le père Bidaud fonda une autre UFC dans le même esprit afin de couvrir la région de l’Oudalan plus au Nord.

Actuellement, les deux UFC couvrent trois des quatre provinces de la région du Sahel qui coïncide avec le diocèse de Dori. Elles ont pour ambition de couvrir tout le diocèse avec des actions qui embrasseraient le Burkina Faso et le reste du monde. L’Union comprend aujourd’hui la communauté catholique, la communauté musulmane et le diocèse de Dori.

Quelles actions proposez-vous, concrètement ?

Disons que notre action peut se diviser en deux volets : l’un spirituel et l’autre socio-économique. Concernant ce dernier, nous essayons d’intervenir dans des domaines prioritaires pour la région. Ici, le problème principal reste l’accès à l’eau pour les populations, ce pourquoi on travaille beaucoup sur l’hydraulique villageoise en creusant des puits etc. Par ailleurs, nous essayons également de mettre l’accent sur la formation et l’accès à l’emploi des jeunes...

En ce qui concerne le volet spirituel, nous sommes dans une région où 96 % de la population est musulmane. Sans faire de prosélytisme ni d’un côté ni de l’autre, nous essayons d’encourager un dialogue entre communautés. Même si la très grande majorité (96%) des gens d’ici sont musulmans, il y a toujours des chrétiens qui participent à nos activités à leurs côtés : nous oeuvrons pour une meilleure compréhension de l’autre et un objectif commun qui doit être le développement de la région.

Quelles ont été vos réussites en ce sens ?

Nous avons, par exemple, monté une « caravane pour la paix » qui a roulé du 3 au 16 juillet 2013. Conduite par de jeune musulmans, catholiques et protestants, la caravane s’est arrêtée dans plusieurs ville du Burkina, du Niger ou encore du Mali afin de diffuser l’idéal de l’UFC et installer des « cellules pour la paix » dans chacun de ces endroits. Nous avons vécu de très beaux moments, notamment au Mali.

Quels sont vos projets pour l’année à venir ?

Nous essayons de récolter des fonds pour organiser un atelier national avec des jeunes venus de 13 régions du Burkina en mars-avril 2014. Pour ce faire, nous sommes soutenus par l’Etat mais aussi par des partenaires issus d’autres pays, notamment les États-Unis

Propos recueillis par Pierre Mareczko

Lefaso.net

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