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Economie numérique : Plus de 1000 entreprises déclarées dans le domaine des TIC au Burkina

Publié le dimanche 22 décembre 2013 à 23h59min

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Economie numérique : Plus de 1000 entreprises déclarées dans le domaine des TIC au Burkina

Le secteur des TIC est en perpétuelle croissance au Burkina et crée des milliers d’emplois directs et indirects. Mais également, la qualité des services offerts fait débat au sein des consommateurs. Le ministre en charge de l’économie numérique, le Pr Jean Kouldiati nous a accordé une interview (en ligne) relativement à ce débat. Semaine nationale de l’Internet, projet e-conseil des ministres, qualité de la connexion Internet et de la téléphonie mobile, 4e opérateur, politique nationale… ont été évoqués. Lisez plutôt.

Lefaso.net : La SNI 2013 a refermé ses portes le 02 novembre dernier, quel bilan dressez-vous de cette fête de l’internet au Burkina ?

Pr Jean Kouldiati : Je dois dire qu’en dépit des difficultés inhérentes à ce genre d’activités, le bilan de cette dernière édition de la SNI a été globalement satisfaisant. Nous avons réussi l’Organisation des différents segments de la Semaine nationale de l’internet et des autres TIC notamment :
-  la journée officielle de la célébration,
-  la journée sans papier,
-  la journée de solidarité numérique,
-  la journée de logiciel libre et de la sécurité informatique,
-  l’initiation des jeunes à l’outil informatique à travers des formations,
-  la nuit du web qui a permis de récompenser les différents acteurs qui s’investissent dans la promotion des TIC.

Et au regard de l’ensemble de ces activités que nous avons réussi à mener, je peux affirmer que nous avons atteint notre objectif. C’est le lieu pour moi, de remercier tous ceux qui ont apporté leur contribution à la tenue de cette 9e édition de la SNI.

Vous avez confié certaines activités à un prestataire privé cette année, faut-il s’attendre à un désengagement progressif de l’Etat dans l’organisation de la SNI ?

Nous pensons que la SNI doit être l’affaire des professionnels des TIC. C’est pourquoi cette année, nous avons décidé de confier l’organisation de certains segments de la SNI notamment le SITICO et la Nuit du web à une société spécialisée dans l’événementiel. Mais, cela ne veut pas dire que l’Etat va se désengager de l’organisation. L’Etat, à travers le ministère du Développement de l’Economie numérique et des Postes, demeure et reste le maître d’œuvre de la Semaine nationale de l’internet ; c’est-à-dire qu’il aura toujours son mot à dire dans cette activité qui relève de son pouvoir régalien. C’est ce qui explique l’existence d’un comité d’organisation qui sera toujours présente et qui guidera l’événementiel dans l’organisation de la semaine nationale de l’internet.

La qualité des réseaux de téléphonie mobile est très décriée ces derniers temps, en tant que ministère de tutelle, que faites-vous pour permettre aux burkinabè d’avoir des services de meilleure qualité, aussi bien la téléphonie que l’Internet ?

La connexion internet du Burkina Faso à l’international est assurée en sa grande partie par l’ONATEL. Malgré les efforts déployés par ce dernier pour assurer une bonne connectivité, des difficultés demeurent. L’objectif du gouvernement est de relever les énormes défis de réduction de la facture numérique et plus particulièrement, à améliorer la connectivité nationale et internationale en large bande.

C’est dans ce sens que la Banque Mondiale a signé avec le Gouvernement du Burkina Faso, en juillet 2011, un accord de don pour la réalisation de la composante nationale du Programme Régional d’Infrastructures de Communication en Afrique de l’Ouest (PRICAO-BF). L’un des axes du PRICAO-BF est justement la réalisation d’un point d’atterrissement virtuel d’accès Internet (VLP) et la mise en place d’un point d’échange Internet (IXP) au Burkina Faso. Des études seront menées dans ce sens pour dimensionner les besoins en bande passante pour l’Administration, des fournisseurs d’accès, des grandes entreprises, brefs des grands consommateurs de bande passante afin d’acquérir toute la capacité nécessaire pour le pays. Ce qui permettra à notre pays de régler ce problème de connexion à internet à l’horizon 2015. Quant à la qualité du réseau de la téléphonie mobile, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) se charge de faire des contrôles et de rappeler les opérateurs à leur obligation.

En effet, l’autorisation d’exercer dans le secteur des télécommunications est accordée à chaque opérateur sous forme d’une licence délivrée par le Ministre en charge du secteur. A cette licence, est annexé un cahier des charges qui fixe, entre autres, les obligations de l’opérateur en termes de déploiement de son réseau pour la couverture du territoire national. Ce cahier des charges indique également des normes de qualité de service à respecter dans la fourniture du service à la clientèle.

L’ARCEP, agissant conformément à ses attributions fixées par la loi, réalise périodiquement des contrôles pour s’assurer du respect par les opérateurs de téléphonie, des obligations découlant de leurs cahiers des charges, aussi bien en termes de couverture qu’en termes de qualité de service. L’ARCEP peut, dans ce cadre, prononcer des sanctions pour contraindre tout opérateur à remédier à des insuffisances constatées dans son réseau.

Depuis plusieurs années, il est question d’attribuer une licence à un 4e opérateur, à quand l’arrivée de ce nouvel opérateur puisque l’ARCEP affirme que la balle est désormais dans le camp du gouvernement ?

Il y a une obligation réglementaire dans l’attribution d’une telle licence par procédure d’appel d’offre ouvert à l’international. En 2010, l’ARCEP a lancé un premier appel d’offre qui s’est révélé infructueux par manque d’offre. Le processus a été relancé en 2013 et est toujours en cours. A cet effet, l’ARCEP a reçu une seule offre qu’elle a instruite et transmis les conclusions au Gouvernement.

L’appréciation finale de cette offre unique est en cours auprès des services techniques compétents. La décision finale du Gouvernement tiendra compte du respect des conditions techniques et financières d’entrée dans le marché national afin de garantir le développement de la concurrence et de l’innovation.

Vous aviez présenté les actions prioritaires de votre département le 27 juin dernier à l’hebdomadaire point de presse du gouvernement, pouvez-vous revenir sur les grandes lignes ?

La mission dévolue au Ministère du Développement de l’Economie numérique et des Postes se décline en six objectifs prioritaires qui sont :
-  la création d’un cadre juridique et institutionnel favorable au développement de l’économie numérique ;
-  le développement des infrastructures de communications électroniques ;
-  le développement de l’offre de services de communications électroniques sur toute l’étendue du territoire national ;
-  la promotion de l’intégration des TIC dans tous les processus socio-économiques ;
-  l’implication de l’ensemble de la société dans le processus d’appropriation des TIC ;
-  la promotion de l’accès à des services postaux modernes sur l’ensemble du territoire.

Le e-conseil des ministres devrait être une réalité dès l’année prochaine (2014), où en êtes-vous avec les préparatifs à quelques jours de l’échéance ?

Le projet e-Conseil de Ministres (PeCM) est dans sa phase finale de mise en œuvre. En ce sens, beaucoup de choses ont pu être faites jusqu’à présent. A cet effet, nous avons :
-  le renforcement des infrastructures de communication par la mise à niveau des réseaux locaux informatiques des cabinets ministériels et la création d’interconnexions redondantes entre les principaux sites du projet.
-  la mise en place d’une plateforme logicielle multiservices comprenant notamment :

-  un annuaire des utilisateurs et des ressources du e-conseil ;
-  un espace de travail collaboratif permettant la gestion électronique des dossiers du Conseil des Ministres depuis leur production dans les différents départements jusqu’à leur adoption et archivage, en passant par les différentes phases de traitement ;
-  un outil de communication temps réel ;
-  un service de messagerie électronique privée ;

-  la mise en place d’une couche de sécurité comprenant :

-  une autorité de certification et d’authentification forte qui garantit la confidentialité, la non répudiation et l’intégrité des données ;

-  un mini Datacenter sécurisé au SGGCM pour l’hébergement des serveurs ;

-  un groupe électrogène pour assurer la continuité de la fourniture énergétique aux équipements centraux ;

-  un mécanisme de sauvegarde automatique pour garantir la reprise en cas de sinistres éventuels ;

-  un site miroir de réplication en temps réel pour garantir la continuité de services en cas d’indisponibilité du site principal ;

-  la définition de procédures de gestion et d’utilisation des ressources et services du e-Conseil des Ministres ;

-  l’appui des cabinets ministériels en matériels informatiques (3 PCs et 1 scanner par Ministère).
-  la mise en conformité technique de la salle du COTEVAL au SGGCM ;
-  la formation des différents acteurs du e-Conseil des Ministres.
Et si tout se déroule comme nous l’avons prévu, nous aurons un conseil des ministres sans papier dans le premier trimestre de l’année 2014.

Au-delà du e-conseil des ministres, il est question d’aller vers la dématérialisation complète de la plupart des actes administratifs, le Burkina a-t-il les moyens techniques et humains pour réussir ce pari actuellement ?

Je pense qu’au-delà des moyens financiers et humains qui sont nécessaires à l’aboutissement de ce projet, je vais insister sur la volonté et l’engagement de l’ensemble des acteurs pour l’avènement d’un conseil des Ministres sans papier dans notre pays et partant, de la dématérialisation des procédures administratives.

A cet effet, je voudrais saluer l’engagement du Chef de l’Etat, Son Excellence le président Blaise Compaoré qui, en créant un ministère consacré au développement de l’économie numérique, marque sa volonté de faire des TIC un levier central pour le développement. Aussi je voudrais traduire ma gratitude aux jeunes informaticiens qui, avec engouement, travaillent chaque jour sans relâche afin que notre pays puisse embarquer dans le train qui nous conduira vers ce monde numérique.

Quant aux moyens financiers, il faut noter que notre pays bénéficie du soutien de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui nous apporte son appui pour la promotion d’une Administration électronique.

Quant à la technologie, elle est déjà là. Nous n’allons pas réinviter la roue. Beaucoup de pays notamment africains (Cap Vert) sont déjà en avance dans ce domaine. Il nous suffit de répliquer ces exemples dans notre pays tout en les adaptant à notre contexte. Et je peux vous assurer que nous avons des informaticiens capables de mener à bien la dématérialisation des procédures administratives. C’est en cela que nous saluons les progrès déjà réalisés au niveau de la Fonction publique.

Les TIC entrent de plus en plus dans les habitudes des burkinabè, quelle est la part contributive des TIC dans l’économie burkinabè ?

Non seulement les TIC sont entrés dans nos habitudes, mais constituent le gagne-pain de plus en plus de burkinabè qui font de la vente ou de la maintenance et ou encore de la formation sur les TIC leurs activités principales. Et en dehors des trois compagnies de téléphonie mobile qui opèrent dans notre pays, on dénombre plus de 1000 entreprises déclarées, évoluant dans le domaine des TIC au Burkina. Ces différentes entreprises contribuent énormément à la lutte contre le chômage à travers la création d’emplois et les différents impôts et taxes qu’ils honorent. C’est pour vous dire que les TIC ont une part contributive non négligeable dans notre économie.

Dans les axes stratégiques de votre département, figure en bonne place la promotion de la culture des TIC au sein de la jeunesse. A quoi cela renvoie-t-il ? Et comment entendez-vous promouvoir cette culture ?

La promotion de la culture des TIC au sein de la population est une nécessité pour les gouvernements qui aspirent à un développement et à un bien-être de leurs populations, jeunes, vieux, hommes et femmes. C’est ainsi que le gouvernement burkinabè a engagé des actions favorisant et l’accès et la maîtrise de l’utilisation des TIC. On peut donc citer :

-  la promotion des centres d’accès communautaires aux TIC (les maisons des savoirs des mairies, les cyberpostes de la Société Nationale des Postes, les centres ADEN (Appui au désenclavement numérique), en zones rurales, les salles d’informatiques dans certains lycées, …
-  la mise en place, avec appui de l’Union Internationale des Télécommunication (UIT), d’un cyber café et d’un centre de formation aux TIC, spécialisés, au profit des personnes malvoyantes ou non voyantes, à l’ABPAM.
-  les formations offertes par mon département aux agents de l’Etat, ainsi qu’aux élèves et associations à but non lucratif.
-  l’Organisation régulière de la Semaine Nationale de l’Internet (SNI), depuis 2004. Cette manifestation permet, non seulement, de sensibiliser nos populations sur l’importance des TIC, mais aussi de les initier à l’utilisation d’un ordinateur, des outils bureautiques et Internet. Plus de soixante mille (60 000) personnes ont ainsi été formées.
-  le projet de mise en œuvre des activités du Fonds de développement de l’Accès/Service Universel des communications électroniques.
-  la promotion du développement des contenus locaux ;
-  l’élaboration des différentes cyberstratégies sectorielles dont la mise en œuvre permettra de vulgariser les outils Tic et leurs usages dans tous les secteurs d’activités.

Et pour parler spécifiquement de la jeunesse, je dirai que le thème de la semaine nationale de l’internet et des autres TIC de cette année qui était « TIC et emplois de jeunes » a permis d’explorer la problématique de l’employabilité des jeunes notamment dans le secteur des TIC. Tous ces efforts dénotent de la volonté du Gouvernement de faire des TIC, un accélérateur du processus de développement car les TIC intéressent l’ensemble des activités socio-économiques de notre pays.

Depuis plusieurs années, la construction d’un backbone national robuste est à l’ordre du jour, où en est-on avec ce projet ?

Le projet est vivant et dans les mois à venir, nous allons engager sa réalisation. A ce sujet, le Conseil des ministres du 19 juin 2013 a donné son autorisation pour la construction du réseau Backbone national en fibre optique dans notre pays. Et c’est la société HUAWEI TECHNOLOGY qui va assurer la réalisation de cette fibre d’une longueur de plus 5 000 km. Le Backbone va permettre un maillage du territoire en fibre optique. Cette infrastructure va booster la connectivité à Internet à travers le haut débit. Le backbone va relier l’ensemble des chefs-lieux des provinces de notre pays et 82 communes rurales et urbaines, et grâce au haut débit, cela va permettre le développement des services en ligne et le désenclavement numérique de certaines régions de notre pays

Votre département s’occupe également du secteur de la poste. Comment se porte-t-il aujourd’hui ? N’est-ce pas un secteur désuet ?

Désuet ? Non je ne pense pas. Je crois même que la poste se porte bien en dépit de la concurrence des moyens électroniques d’envoi de messages et de devises (sms, mail, etc.) A cet effet, le réseau postal qui s’étend d’année en année pour offrir un service postal universel à toute la population, ambitionne de se moderniser et de jouer un rôle primordial en matière de commerce électronique à travers la livraison des marchandises, d’inclusion financière par l’offre de services financiers à caractère bancaire aux populations et surtout de jouer le rôle de tiers de confiance dans les transactions électroniques.

Interview réalisée par Moussa Diallo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 20 décembre 2013 à 19:39 En réponse à : Economie numérique : Plus de 1000 entreprises déclarées dans le domaine des TIC au Burkina

    Plus de 1.000 entreprises déclarés dans les TIC ??? Je ne comprends pas très bien ce qu’il veut dire par là à moins qu’il compte dedans toutes les boutiques de rue qui font de la maintenance de téléphone portable ? Sinon, de véritables entreprises professionnelles, elles ne dépassent sans doute guère plusieurs dizaines.
    Dans cet interview, on a un listing kilométrique d’activités mais pour quels résultats ? réseaux aussi médiocres, adsl de plus en plus lente indigne d’un pays soit disant émergent... Quid de la récupération et recyclage de ces déchets hautement polluant et toxique pour l’environnement et la santé de l’homme ? J’espère que l’on n’attendra pas la catastrophe des sachets noirs pour enfin réagir à retardement

  • Le 21 décembre 2013 à 08:19, par ouedraogo eric En réponse à : Economie numérique : Plus de 1000 entreprises déclarées dans le domaine des TIC au Burkina

    courage monsieur le ministre pour ces infos

  • Le 23 décembre 2013 à 13:32, par Dignite En réponse à : Economie numérique : Plus de 1000 entreprises déclarées dans le domaine des TIC au Burkina

    Mr le Ministre, demandez a vos conseillers de revoir leur copie. Le Burkina ne peut pas gerer un Datacenter ; aussi mini que soit-il. Il ne faut pas confondre les termes. Une base de donnees est differente d’un Datacenter. Meme les Etats-Unis n’en ont pas a leur propre compte. Il finance en particulier les universites qui en retour assure la gestion. Meme Google n’en a que 12 Datacenters dans le monde entier. Verifier d’abord que votre collegue de l’energie assure assez d’energie car un Datacenter meme mini devrai avoir la taille du stade municipal rempli d’ordinateurs interconnectes. Pour ce que vous voulez mettre au SGGCM, c’est a la limite un Cluster. merci

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