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Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

Publié le mardi 17 décembre 2013 à 15h02min

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Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

Considérée comme un système permettant une meilleure participation de l’ensemble de la population à la gestion des affaires locales, la décentralisation intégrale est en marche effective au Burkina depuis 2006. Si le premier mandat, 2006-2011 a eu l’allure de "mandat test", le second, issu des élections du 2 décembre 2012, est considéré par nombre de maires qui ont bénéficié, une fois de plus, de la confiance de leurs populations, comme celui de l’engagement basé sur les insuffisances du mandat écoulé.

Est de ces maires, Daouda Zoromé, de la commune urbaine de Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam. En cette ère de développement local, le conseil municipal ne voile pas ses ambitions au soir du bilan de son mandat : faire de Kongoussi, une commune qui suscite des émules. Et le bourgmestre et son équipe ont toutes les raisons d’y croire : la nature a doté la commune d’une des plus grandes retenues d’eau au Burkina, le civisme fiscal semble l’affaire es populations, les chantiers de développement sont enclenchés etc. "Vie de commune…" jette son dévolu sur la commune urbaine de Kongoussi, la cité où il est "interdit de dormir". Celle qui, parée de ses plus beaux habits, accueille la fête du 11-Décembre 2013 de la région du Centre-nord. Kongoussi, comme si elle m’était contée...

"KONDI BITO’’, c’est l’appellation à l’origine de celle qui allait devenir plus tard "Kongoussi". " KONDI BITO " signifie en langue nationale mooré « ne mange pas les feuilles d’oseilles ». Pour traduire l’abondance que procurait la nature aux populations, notamment le lac Bam, très riche en poissons. L’appellation "Kongoussi" viendrait d’un peulh qui, de passage dans le village, connu une nuit pénible à cause des moustiques. Le matin, tout "furieux" d’avoir passé une "sale" nuit, il disait aux habitants qu’au lieu d’appeler leur village « KONDI BITO », ils feraient mieux de le nommer « On ne peut pas dormir ». Ce qui donne en mooré, "KONG GUSSI". Depuis lors, les habitants ont opté pour le nom "KONG GUSSI", donnant l’appellation actuelle "Kongoussi". Selon des sources, le premier administrateur de Kongoussi fut le Français Jean Alphonsi, installé le 29 mars 1952. Guessom Oscar Sawadogo, élu le 12 février 1995, est le premier maire de la commune de Kongoussi. Située dans la partie Centre-nord du pays, la ville de Kongoussi est à la lisière du Sahel, à 110 km de la capitale Ouagadoudou.

Tout le monde en vedette pour une commune émergente

C’est un maire enthousiaste à la tête d’une équipe dynamique de conseillers et d’un personnel administratif qui constituent la mairie de Kongoussi, à en croire de nombreux administrés et ressortissants de la commune. Une "réalité" que le maire Daouda Zoromé attribue à la bonne atmosphère entre tous les acteurs de la commune. Il en veut pour preuve, la "suppression" de toutes barrières politiques entre les conseillers au sein du conseil, malgré la diversité des partis politiques. Pour le premier responsable de la commune, cette coloration politique est au contraire une force au service de l’élan de développement amorcé par la commune. Le repère pour chacun et pour l’ensemble étant l’intérêt des populations. « Il n’y a pas de problème entre les conseillers, c’est l’ambiance parfaite…  ». Pour M. Zoromé, toutes les énergies sont canalisées sur les grands chantiers. Car, si les années antérieures, il était plus aisé de "piloter" les affaires locales, tel n’est pas le cas maintenant avec la volonté de développement participatif et où les attentes des populations sont devenues plus nombreuses. « Les attentes des populations sont nombreuses et cela constitue nos priorités. Je suis conseiller municipal depuis 1995. En 2000, j’ai été élu maire et nous étions au nombre de 21 conseillers dans le conseil. Avec les différentes difficultés qu’a connues le conseil municipal, le gouvernement l’a dissous. En 2006, j’ai été réélu maire avec 128 membres au conseil municipal et cette fois, mandat présent, nous sommes 130 conseillers. Il y a plusieurs partis politiques et je puis vous assurer que le conseil est uni et que tout se passe très bien. Nous n’avons jamais enregistré moins de 118 conseillers pour la tenue du conseil municipal. Le conseil s’entend très bien aussi avec les populations. Nous ne rencontrons pas de difficultés à ce niveau également. C’est pourquoi, de commun accord, nous avons décidé de finir le programme du mandat passé et de continuer avec le nouveau », détaille le maire Daouda Zoromé. Comme priorités, le conseil municipal les décline en besoins sanitaire, éducationnel et d’assainissement. « Nous essayons de construire chaque année un (1) CSPS et des écoles  », étaye le maire. Malgré les écoles, les dispensaires (Centres de santé et de promotion sanitaire, CSPS) et les travaux d’assainissement du mandat écoulé, de nombreux efforts restent encore à faire dans ces domaines en termes de programmes et de réalisations, avoue-t-il.

Kongoussi en quelques chiffres…

« Lorsque nous prenions la mairie en 2006, le budget s’élevait à un peu plus de 50 millions de francs CFA. Nous avons fait un grand effort, et hier (mercredi 27 novembre, ndlr) au conseil budgétaire, la prévision est à plus de 460 millions et en budget supplémentaire, nous attendons 600 millions », apprécie le maire qui salue le civisme fiscal de ses administrés dont la majeure partie excelle dans le commerce, l’agriculture, l’élevage et les activités aurifères. « Je profite saluer les administrés qui se sont toujours acquittés des taxes communales. Je crois que c’est la bonne gestion qui les encourage à payer leurs impôts. Ce qui participe énormément à la construction de notre cité ». Avec ses 57 villages et 7 secteurs, la commune urbaine de Kongoussi compte, selon le maire, environ 78 mille âmes. Grâce au dynamisme de ses filles et fils ressortissants, la commune urbaine de Kongoussi s’est ouverte au monde via la coopération décentralisée. C’est le cas, nous confie-t-on, du traité d’amitié avec la ville de Canteleu, en France depuis 2000. "Cette ville nous aide beaucoup, surtout dans le maraîchage, l’élevage et des micro-crédits aux femmes. Pour maintenir cette relation, nous nous rendons des visites mutuelles chaque année", dévoile l’édile.

La culture de contre-saison, une marque déposée…

Si, comme dans la plupart des communes, le mil et le sorgho occupent une place de choix dans les cultures, Kongoussi est connue pour ses cultures de contre-saison. On se souvient encore de ces tonnes de haricot vert qui venaient de la localité puis exportes vers le vieux continent. Même si, visiblement, c’est avec une pointe d’amertume qu’il parle de ce qu’il convient d’appeler "la belle époque", devenue un simple souvenir du fait de l’amenuisement des circuits de distribution, le maire se réjouit tout de même que sa collectivité soit une des rares communes à produire tout au long de l’année, des céréales, des légumes etc. "La plus grande difficulté, c’est l’écoulement du haricot vert". Toute chose qui a conduit les producteurs à se tourner vers d’autres spéculations, comme la tomate, la pomme de terre et l’oignon surtout. « La tomate par exemple est beaucoup prisée par les Ghanéens. Ce qui facilite l’écoulement  », souligne le premier responsable du conseil municipal. « En contre-saison, nous avons la pomme de terre, les oignons, le haricot vert, la tomate, le chou etc., toute l’année.

Avec le lac, les populations ne chôment pas. Il ne tarit pas et la commune accompagne des groupements qui travaillent pour produire en quantité suffisante pour les populations. Le jumelage avec Canteleu permet aux producteurs d’acquérir du matériel agricole et de maraîchage », indique M. Zoromé. Le Lac Bam, une fierté à préserver Sans le dire ouvertement, la question du lac Bam préoccupe également le conseil municipal, même s’il reconnaît, et sans se résigner, que c’est une "question qui le dépasse". Certes, au stade actuel, rien n’entrave le bon déroulement des activités dans les périmètres du lac. Mais, par vision et par souci d’assurer la "vitalité" du lac aux générations à venir, le conseil municipal nourrit secrètement le vœu ardent de voir le lac curé. Les oreilles sont donc tendues vers le gouvernement et ses partenaires. « Il faut travailler à sauver le lac Bam. (…). La mairie ne peut rien faire dans ce sens. Mais nous espérons l’aide de l’Etat et de ses partenaires pour résoudre ce problème d’ensablement du lac. Le gouvernement a déjà fait les études et il faut des milliards pour sauver le lac. C’est énorme, mais je pense que ça en vaut la peine. Sinon, il n’y aura plus de lac dans quelques décennies  », plaide Daouda Zoromé. Grâce au lac, les producteurs sont sans repos. A peine les épis de mil, maïs et sorgho arrachés que les travaux de nettoyage commencent pour préparer le terrain aux cultures de contre-saison. Ce qui fait qu’à tout moment de l’année, Kongoussi est pourvue en condiments de tout genre, en maïs frais, en légumes etc.

La commune de Kongoussi en bref…

Zone favorable aux visites touristiques, la commune offre une panoplie d’infrastructures d’accueil à la bourse et au goût de chacun. Des constructions au "design" moderne à celles purement traditionnel local en passant par des constructions en matériaux semi-traditionnels. De nombreux hôtels et autres infrastructures érigées pour rendre agréable le séjour de chaque visiteur. La culture, dominée par le "warba de Kongoussi" ne laisse pas indifférent. «  Zone à forte potentialité culturelle, nous avons même remporté plusieurs fois des prix au niveau national avec notre warba », se réjouit le bourgmestre. A cette danse, on peut ajouter le "Namouré de Loaga", une danse traditionnelle prisée dans le Bam. Kongoussi sait aussi célébrer ses valeurs agricoles. C’est le cas du "Niébié" dont la 1ère édition a eu lieu en 2012 et la 2ème édition prévue pour fin 2013. Kongoussi ne se fait pas contre non plus sans la frange juvénile. La jeunesse occupe une place "importante" dans le combat engagé par le conseil municipal, celui de positionner la commune parmi les localités émergentes. « C’est elle (la jeunesse, ndlr) qui est la relève. Nous construisons des maisons de jeunes et de la culture pour leur offrir un cadre où ils (jeunes) peuvent se retrouver. Dans le cadre du programme HIMO (Haute Intensité de Main d’œuvre), nous avons recruté 1100 jeunes. (…). Les femmes ne sont pas en reste. Nous avons donné la priorité aux femmes dans le cadre du programme HIMO. Parmi les 1100 jeunes, il y a 600 femmes. Au niveau de la commune, nous avons également la coupe du maire qui se tient tous les deux ans. Aussi, à chaque manifestation des jeunes, nous leur venons en appui divers  », a soutenu Daouda Zoromé. A deux semaines du 11-Décembre 2013, le défi immédiat à relever par le conseil municipal est sans nul doute de réussir l’accueil de la fête du 11-décembre. De concert avec le président du comité d’organisation provinciale, le haut-commissaire, les petits plats sont mis dans les grands pour offrir une belle fête aux populations. A la veille du nouvel an également, et tout en invitant les uns et les autres à venir découvrir sa "belle cité", le maire souhaite une excellente année 2104 à l’ensemble de ses administrés et partant, au peuple burkinabè.

Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)

Le Progrès, Bimensuel d’informations générales

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Vos commentaires

  • Le 18 décembre 2013 à 03:29, par professeur En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    l’article est d’un grand intérêt mais très long parce que voulant traiter de beaucoup de questions à la fois:bilan du maire,projets à venir ;histoire de la ville,activités sportives et culturelles...tout de même merci pour l’info.

  • Le 18 décembre 2013 à 07:22, par FASO FILS En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    VIVE KONGOUSSI JE CROIS QUE CHAQUE MAIRE DOIT FAIRE COMME CE MAIRE DE KONGOUSSI QUE JE CONNAIS PERSONNELLEMENT. C’EST UN HOMME QUI SE BAT ET QUI AIME SA COMMUNE CONTRAIREMENT A CERTAINS QUI PROFITENT DE LEUR COMMUNE POUR S’ENRICHIR.
    QUE DIEU BÉNISSE KONGOUSSI. MOI, JE SUIS UN RESSORTISSANT DU SUD-OUEST MAIS JE CROIS QUE VOS ELUS DOIVENT FAIRE BEAUCOUP CAR NOUS SOMMES EN RETARD.

  • Le 18 décembre 2013 à 08:25, par L’Intègre En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    C’est une belle initiative de faire la part belle aux communes du Burkina. Courage !

  • Le 18 décembre 2013 à 08:26, par L’Intègre En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    C’est une belle initiative de faire la part belle aux communes du Burkina. Courage !

  • Le 18 décembre 2013 à 10:30, par ismaelkabré En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    bravo à monsieur le maire et son équipe pour la réussite combien noble et capitale dans cette contrée. bravo aux populations GRAND MERCI ET MES SINCÈRES ENCOURAGEMENTS

  • Le 18 décembre 2013 à 18:36, par la verite En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    Texte long juste pour découvrir Kongoussi ; mais attention ! à travers ce texte je reconnais que le maire se bat, est-ce suffisant ? le budget de 50millions en 2006, est passé en 460 voire 600millions en 2013. Ne confond-il pas le transfert des ressources (construction des infrastructures école, CSPS...) de l’Etat aux collectivités comme si les contributions des populations pouvaient mobiliser à elles-seules cette forte somme. C’est là tout son ignorance qu’on peut lui prêter.

  • Le 18 décembre 2013 à 18:51, par la verite En réponse à : Daouda Zoromé veut faire de Kongoussi une commune qui suscite des émules

    Texte long juste pour découvrir Kongoussi ; mais attention ! à travers ce texte je reconnais que le maire se bat, est-ce suffisant ? le budget de 50millions en 2006, est passé en 460 voire 600millions en 2013. Ne confond-il pas le transfert des ressources (construction des infrastructures école, CSPS...) de l’Etat aux collectivités comme si les contributions des populations pouvaient mobiliser à elles-seules cette forte somme. C’est là tout son ignorance qu’on peut lui prêter.

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