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Dori : Echanges pour un partage équitable de la ressource eau

Publié le mercredi 18 décembre 2013 à 00h44min

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Dori : Echanges pour un partage équitable de la ressource eau

Dans la série d’activités commémoratives du 53e anniversaire de l’indépendance du Burkina, le Ministère de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l’Assainissement (MEAHA), la commune de Dori et leurs partenaires ont organisé un Panel sur l’eau, le mardi 10 décembre, à Dori. Les communications ont porté sur le thème : « accès équitable à l’eau et cohésion sociale ».

Cinq communications étaient au programme du panel. La première communication a été donnée par Lamine Kouaté, ancien directeur général de l’ONEA et premier président du Conseil National de l’Eau (CNEau). Elle a porté sur le thème :« accès équitable à l’eau : facteur de cohésion sociale ». En visitant tour à tour l’étymologie des termes « eau » et « équité », M. Kouaté révèle que « l’équité est le premier principe qui a inspiré toutes les politiques de l’eau du Burkina ». Cela s’est traduit dans l’approche du programme de gestion intégrée des ressources en eau (PAGIRE) et le cadre règlementaire des services d’eau décentralisée en milieu rural et semi-urbain. En dépit de ces bons points, le panéliste estime que beaucoup reste à faire pour atteindre l’équité. Il exhorte les acteurs à mettre en place des indicateurs de performances sur l’équité, à opérationnaliser la Police de l’eau et à rendre plus participatifs les programmes. Lamine Kouaté a conclu son propos en invitant l’Etat à définir une vision nationale pour l’eau.

La seconde communication livrée par le professeur Alain Nindawa Sawadogo a abordé l’état des lieux de la ressource eau dans le sahel. Après avoir présenté les contraintes climatiques et hydrologiques, le professeur à fait le bilan de 40 ans d’évolution dans le sahel. Pour lui, cette évolution s’apparente à une « révolution ». En 40 ans, le parc d’ouvrages est passé de quelques PMH à plus de 60.000. Le nombre de barrages et retenues d’eau a aussi considérablement augmenté. S’il reconnaît les efforts accomplis, M. Sawadogo n’en demeure pas moins critique. «  Nous avons beaucoup travaillé mais nous devons nous demander si nous avons bien travaillé  », assène-t-il. Il suggère de repenser les politiques d’approvisionnement en eau. Pour lui, il est temps de donner la priorité aux petits réseaux de distribution plutôt qu’aux forages. Le ministère est interpelé pour que des études soient menées afin d’améliorer les connaissances sur la ressource disponible. En conclusion, le professeur invite à appréhender la question de l’eau au sahel sous l’angle inclusif des besoins domestiques et productifs notamment ceux du bétail (abreuvage et pâturage).

A la suite des deux communications, Damien Bakyono, directeur de l’agence de l’eau du Liptako a fait une présentation de sa jeune agence en installation. Il a dévoilé les grands axes de ce qui est attendu de l’agence notamment la protection de la ressource contre la pollution grandissante à cause de l’orpaillage et de la pression accrue autour des points d’eau. Représentant des ONG de la région, Yongo Nignan, directeur pays d’Eau Vive, a fait une communication sur les perspectives d’amélioration des services d’eau potable de la région. Il a fait un plaidoyer pour le renforcement des capacités des communes afin qu’elles assument véritablement leur rôle de maître d’ouvrage pour le bien-être des usagers.

Dernier intervenant du panel, Hama Arba Diallo, maire de la commune de Dori a fait le bilan de sa gestion des services d’eau. Il en ressort qu’en 4 ans le nombre de branchements privés est passé de 200 à 2000 grâce à des aides accordées par la commune et ses partenaires. Plusieurs AEPS ont été construites dans les zones rurales et 3 sont prévues pour 2014. Toutes ces réalisations sont les fruits d’une stratégie de mobilisation des partenaires très bien maîtrisée. Pour le maire, il est important d’avoir une vision claire et de l’audace dans son approche. « Même si les partenaires vous disent ne pas avoir de l’argent, exposez votre projet et demandez-leur ensuite combien ils sont prêts à donner » dit-il en guise de conseil aux maires présents dans la salle.

La modération des échanges a été assurée par Juste Nansi, directeur d’IRC Burkina dans le cadre de l’appui du programme USAID WA-WASH dans la région du sahel.

Par Noureddine Salouka

Encadré : les ruraux, les laissés pour compte

« Petite bourgeoisie égoïste », « usager gaspilleur »… Le citadin susceptible aurait quitté la salle Doudhal-Djam de Dori, le mardi 10 décembre dernier, avec une grosse frustration. Si les qualificatifs sont durs, ils dépeignent pourtant une réalité qui, à force de perdurer, ne choque plus. La première injustice concerne le prix de l’eau, nettement plus chère en milieu rural qu’en ville. Cela est l’une des raisons qui poussent les populations à toujours s’approvisionner dans des sources d’eau non potables. Pendant que « le pauvre paie plus chère l’eau  » les citadins la gaspillent. Les usagers disposant de sanitaires utilisent chaque fois qu’ils tirent la chasse d’eau au moins 8 litres d’eau traitée à un certain coût par l’ONEA. En milieu rural, il n’y a quasiment pas de suivi de la qualité de l’eau des forages.

Le choix des options technologiques posent également problèmes. Il porte en son sein les germes de l’iniquité. «  Les critères contraignent les ingénieurs à choisir tel type de technologie ou tel autre pour le milieu rural sachant qu’elles sont moins performantes que celles choisies pour les villes  », s’offusque Halidou Kouanda, directeur de WaterAid Burkina. Les normes nationales fixant à 20 litres d’eau par jour et par usager en milieu rural contre 60 litres pour le citadin semblent aussi arbitraires. Le choix de l’ouvrage en milieu rural implique également le recours à l’énergie humaine. « On pense encore et toujours à faire des forages dans villages pour que nos mères continuent à danser autour des point d’eau. Cette attitude devrait être dépassée maintenant  », lance sentencieusement, le professeur Alain Sawadogo. « On veut garder le privilège de tourner le robinet et avoir de l’eau pour nous seulement  », a-t-il poursuivi.

NS

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2013 à 20:05, par MONZON En réponse à : Dori : Echanges pour un partage équitable de la ressource eau

    Mr le président du Faso la célébration de la fête d’independance tournante dans les ^province est salutaire ,mais l’inconvénient c’est que les élus dans les villes n’investissent plus ,ils attendent que la fête d’indépendance vienne chez eux pour que la ville soit developper .... A l’heure actuelle c’est la croix et la bannière si tu veux un branchement de la SONABEL ou l’ ONEA à moins que ta pôche soit lourde dans les villes émergentes du faso....

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