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Bebey Prince Bissongo, artiste-musicien : « La RTB doit censurer les clips burkinabè de qualité médiocre »

Publié le lundi 16 décembre 2013 à 16h04min

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Bebey Prince Bissongo, artiste-musicien :  « La RTB doit censurer les clips burkinabè de qualité médiocre »

Bebey Prince Bissongo s’est installé à Lyon en 2003. Avec son groupe, il fait des tournées européennes et africaines. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Bebey avec sa musique tirée de différents rythmes burkinabè et mélangée au Jazz, au Blues et au Rock fait vibrer. Il remplit les salles et fait honneur à la culture burkinabè dont il est l’un des dignes représentants en tant que musiciens.

Comment se porte votre carrière musicale ?

Ma carrière se passe très bien. Quand je suis arrivé en 2003 à Lyon, très rapidement j’ai pu installer une équipe autour de moi. Avec mes musiciens professionnels burkinabè et français nous avons rapidement décroché des contrats pour des concerts. Ces contrats m’ont ouvert les scènes de pays tels que la France, l’Espagne, l’Allemagne, le Burkina Faso, l’Algérie, le Maroc etc....

Peut-on donc affirmer que les choses se passent comme vous le souhaitez ?

Oui (sourire) ! Je pense que ça se passe bien, comme je l’ai envisagé lorsque je me suis installé à Lyon. Je suis parti du Burkina parce que je trouvais que j’étais arrivé à un niveau de saturation : c’est-à-dire que j’avais des idées et que je ne pouvais plus apprendre et en plus, je n’avais encore rien à prouver sur le paysage musical burkinabè que je connais depuis mon enfance. L’idée de tenter une autre expérience et de venir en France s’est imposée á moi. Je crois que j’ai en partie réalisé mes rêves car j’ai à mon actif plus de 500 concerts. Ce sont donc des kilomètres de distances parcourus sur terre comme dans l’air.

La musique burkinabè se vend-t-elle bien en France et particulièrement à Lyon ?

La musique burkinabè est un peu connue dans quelques endroits par des gens. Quelques personnes connaissent des artistes de par leur nom... rien que ça.

Rentrez-vous souvent au pays ?

Je fais des aller-retours entre le Burkina et la France. J’ai ma famille au pays. Si je rentre, ce ne serait pas définitivement car je suis bien implanté à Lyon. Je pense que je peux le faire, mais je reviendrai pour des concerts ou autres activités liées à ma carrière. Ce qui m’incite à rentrer, ce sont mes projets dans le domaine de l’audiovisuel et ma volonté de faire de l’entrepreneuriat musical.

La musique burkinabè a-t-elle évolué, à votre avis ?

Oui, je pense que beaucoup d’efforts sont en train d’être faits. Et ça commence vraiment à avoir une couleur. Ça commence à porter. Les burkinabè commencent à apprécier leurs artistes, ce qui n’était pas le cas, il y a à peine quelques années. Ils écoutent maintenant notre musique. Malheureusement, l’on constate encore beaucoup de médiocrité chez certains artistes. La RTB doit censurer les clips burkinabè de qualité médiocre. Surtout que la RTB est depuis un certain moment sur le net. C’est tout le monde entier qui nous regarde.


Qu’est-ce qui manque concrètement chez les artistes burkinabè. Est-ce une question liée à l’orchestration, au vocal, au son ou à l’arrangement ?

Au niveau des instrumentalistes percussionnistes, je pense qu’il y a du talent à revendre. Le Burkina est reconnu comme un pays de perquisition. Beaucoup d’autres instruments nous manquent comme les cuivres (saxo...), mais le vocal est passable. Les arrangements sont en train de faire leur chemin... Il y a de l’espoir. Cependant, je pense qu’on fait croire à beaucoup de médiocres qu’ils sont bons. C’est un handicap. Il faut révéler les vrais talents qui ont tendance à être cachés par des pseudo-artistes. Il ne faut plus donner l’occasion aux opportunistes... c’est nuisible même pour l’image du pays.

Que proposez-vous donc comme solutions ?

Je pense que nos chaînes de télévision en l’occurrence la télévision nationale ne doit pas diffuser certaines chansons. C’est l’une des solutions. Si l’on arrive à imposer cela, beaucoup d’artistes se remettront en cause. On voit bien que la plupart des musiciens ne sont pas inspirés. Pour ma part, j’espère ouvrir un studio d’enregistrement et une chaîne de télévision pour apporter ma modeste contribution à la musique burkinabè.

Interview réalisée par Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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