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Côte d’Ivoire : On a tout "gnagmé" encore !

Publié le mercredi 26 janvier 2005 à 10h33min

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L’homme est continentalement reconnu pour n’avoir pas la langue dans sa poche : il l’a prouvé maintes fois en clamant haut ce que certains de ses pairs pensaient bas. Omar Bongo Ondimba, puisqu’il s’agit de lui, a récemment reçu chez lui les membres du conseil de paix de l’Union africaine.

Il y avait au menu, entre autres questions, la crise ivoirienne. Houleuse, dit-on, aura été la réunion à propos. Qu’a bien pu penser l’hôte de toutes ces tergiversations ? C’est bien ce que Guillaume Soro, presqu’un fils, aimerait savoir en approchant celui-là qu’il semble beaucoup admirer.

Bongo : Le moral est-il toujours bon ?

Soro : Il aurait pu l’être mieux si tout avait été un peu plus clair à Libreville !

Bongo : J’avoue que j’aurais préféré plus grande clarté dans la rédaction de la résolution, mais enfin ! On a encore préféré jouer avec notre chère langue française...

Soro : Résultat, ces gens-là bombent le torse en criant victoire !

Bongo : C’est dommage ! Savoir habilement jouer des rivalités entre les gens ne signifie pas qu’on est un génie de la diplomatie !

Soro : En tout cas, voilà que de simples tournures de phrases ont rendu ces gens-là hystériques.

Bongo : Enfin... le simple bon sens et la plus élémentaire décence ordonnaient pourtant de conserver de tels sentiments sous le boisseau. Entre nous, le patriotisme et la sincérité ne sont pas toujours d’un seul côté !

Soro : Je comprends difficilement l’attitude du médiateur...

Bongo : Faut pas lui en vouloir ! Son pays est indépendant depuis une petite dizaine d’années. Il a encore beaucoup à apprendre de l’Afrique. C’est plutôt Gbagbo qui m’inquiète...

Soro : Vous semblez tous tout ignorer de ce monsieur-là !

Bongo : Je crois qu’on commence à le comprendre, malgré les ambiguïtés de son vocabulaire très spécifique...

Soro : L’homme Gbagbo possède un langage à lui qu’il faut savoir décrypter lorsqu’on échange avec lui.

Bongo : Nous n’allons tout de même pas nous transformer en Champollion du langage politique !

Soro : D’accord, mais je pense que ses pairs auraient dû lui tenir le langage franc de la fraternité africaine et non celui qui relève plus de la complaisance.

Bongo : Je crois que l’homme s’est laissé subjuguer par ses anciens démons idéologiques. Je comprends mieux certaines attitudes d’Houphouët-Boigny...

Soro : Même que certains de ses partisans n’arrivent plus à comprendre ces volte-face et ces revirements !

Bongo : Voilà un homme qui ne s’embarrasse guère des échecs qu’il subit ; qui joue gros aussi longtemps qu’il a conscience de ne pas prendre des risques, c’est terrible, mais tout ça va durer combien de temps encore ?

Soro : Ce sont nos amis les Français qui doivent en faire une tête ! S’ils ne s’étaient pas vite interposés en 2002, nous n’en serions pas là !

Bongo : Cette immense kermesse anti-française organisée par les pseudo-patriotes est vraiment dégoûtante.

Soro : En attendant, cette démagogie nationaliste fait énormément de mal à l’économie du pays !

Bongo : C’est peut-être là que les gens démasqueront les rêveurs et les marchands d’illusions !

Soro : Des gens, désespérés, tentent de se suicider alors que le pays regorge de tout...

Bongo : Je suppose que ces gens d’Abidjan ont entendu le décodage de la résolution, effectué par le président de la commission de l’Union ! Chacun sait qu’aucun référendum n’est possible dans un pays divisé ; que le désarmement devra s’effectuer à l’issue du règlement des questions essentielles dont le fameux article 35. Alors, où se situe le problème ? Il appartient à Gbagbo d’en tirer les conclusions, de voir où peut conduire son entêtement à poursuivre un impraticable référendum !

Soro : Là-bas on dit que l’Union africaine est favorable à un référendum.

Bongo : Il y a mauvaise foi quelque part : c’est une option, a dit la résolution, à la condition cependant que tous les partis appellent à voter pour la révision de l’article incriminé ! Je ne suis pas sûr que ce soit là le vu des hommes forts d’Abidjan ! Là se trouve le vrai fond du problème.

Soro : Voilà un constat qui ne pousse vraiment pas à l’optimisme ! Qu’allons-nous devenir ?

Bongo : Vous vous en sortirez, j’en suis sûr !

Soro : Tel est le souhait de tous les Ivoiriens, mais comment nous en sortirons-nous ?

Bongo : Les ressources morales des Africains sont plus grandes qu’on ne le pense... Sais-tu la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu’un buf ?

Soro : Ah, ah, ah !

Propos diplomatiquement recueillis par JJ
Propos diplomatiquement recueillis par JJ

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