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Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo trop choyé

Publié le mardi 25 janvier 2005 à 05h35min

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Double victoire diplomatique et jubilation dans le camp présidentiel ivoirien ! En plus de la possibilité de recourir au référendum pour la réforme de l’article 35 de la Constitution, le président ivoirien peut se réjouir d’une autre largesse de la communauté internationale et dont les profits s’annoncent pour lui, tout aussi mirobolants.

Il lui est en effet autorisé la réparation de ses avions et hélicoptères, endommagés le 6 novembre dernier par les forces françaises de l’opération Licorne, en représailles au bombardement d’une caserne française à Bouaké, qui avait causé dix morts.

Bien que ces aéronefs doivent rester désarmés et qu’ils ne puissent, en aucun cas, être placés en position d’attaque, bien que l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) doive veiller au grain, ces garanties suffisent-elles pour autant à rassurer sur l’impossibilité pour les forces loyalistes, de lancer encore un déluge de feu sur les positions rebelles ? En obtenant de l’ONUCI et de l’Union africaine l’autorisation de procéder à cette remise en état de sa flotte aérienne, Laurent Gbagbo savoure indubitablement une victoire.

Ainsi, ajoute-t-il un nouveau triomphe à la liste de ses paris secrets comme connus. Au lendemain de la destruction de ses avions Shukhoï, n’avait-il pas promis de reconstituer la flotte détruite ? Le moins que l’on puisse dire, en tout cas, c’est que cette nouvelle donne retardera une fois encore, la “feuille de route” issue des différents accords. Elle n’est pas pour rassurer les Forces nouvelles et pour faciliter leur désarmement.

Cette décision incompréhensible a d’ailleurs fait dire à Guillaume Soro, qu’"en même temps qu’on dit qu’il (le président ivoirien) peut réparer ses avions, on dit qu’il n’a pas l’autorisation de les armer. C’est comme donner la possibilité à quelqu’un de pêcher et de l’empêcher de manger le poisson qu’il a pêché. C’est une rhétorique difficile à comprendre". Le général Henri Poncet, commandant de l’opération française Licorne, perçoit les risques d’une telle décision, lui qui met en garde les belligérants contre toute tentative d’intrusion dans la zone de confiance. En relâchant la pression sur Gbagbo, Paris et les autres capitales risquent gros. D’autant que le président ivoirien a toujours renié jusque-là ses engagements.

Face à une girouette comme le chef de l’Etat ivoirien, prêt à toutes sortes d’intrigues florentines, l’ONUCI et la France peuvent-elles jurer, la main sur le coeur, qu’elles pourront amener Gbagbo à jouer la carte de la loyauté ? Et que dire de ses milices, "Les Jeunes Patriotes", qui n’hésiteront sans doute pas à mettre la pression sur le dispositif de surveillance onusien ? Ils ont en tout cas montré qu’ils sont prêts à tout pour la survie politique du président. Et puis, est-il exclu que Laurent Gbagbo fasse valoir la souveraineté de son régime et de son pays pour utiliser les avions... de la Côte d’Ivoire, une fois réparés ?

Sur demande de la Côte d’Ivoire, la France a intercédé auprès de l’ONU pour la réparation des avions et hélicoptères ivoiriens. Peut-être Paris veut-elle se rattraper après le reproche qui lui avait été fait de n’avoir pas obtenu le mandat de l’ONU avant la destruction des aéronefs. En tout état de cause, tant que ceux-ci étaient cloués au sol, une sorte d’équilibre de la terreur régnait entre les deux camps antagonistes.
Dorénavant, les signes de faiblesse que Gbagbo avait montrer en son temps, ne seront plus, pour lui, que de lointains souvenirs.

Dans ce marécage ivoirien d’où montent tous les périls, l’heure devrait-elle être encore au respect des principes ? Assurément, non. Car cette situation de ni paix ni guerre, où les principes et les bons usages diplomatiques ne sont pas respectés par le premier Ivoirien lui-même. Pour imposer la paix, la communauté internationale devrait plutôt se montrer ferme jusqu’au bout. Les discours et les attermoiements ne devraient plus être de mise.

Mais au fait, a-t-on jamais vu un chef d’Etat africain, incapable de tracer un véritable sillon de stabilité et de paix pour son peuple, être autant excusé et amadoué par la communauté internationale ? Comment expliquer que celle-ci arrive presqu’à se parjurer en concédant à Gbagbo son référendum constitutionnel alors qu’elle avait, entre-temps, haussé le ton ? On en vient finalement à se demander si, en relâchant la pression sur Gbagbo, elle veut réellement la paix pour la Côte d’Ivoire.

Last but not the least, après l’évacuation de ses ressortissants, la France, en ce qui la concerne, avait toute latitude de mener une politique plus lisible, les craintes de représailles étant désormais quasi-inexistantes. Mais en lieu et place, c’est une France cramponnée à sa diplomatie ambiguë qu’il a été donné de voir.

On peut également se demander si la décision de la communauté internationale d’autoriser la remise en état de la flotte aérienne gouvernementale ne traduit pas une certaine lassitude. D’où son soutien quasi affiché à un camp jugé légal et légitime, représenté par Gbagbo, afin de mettre fin à la chienlit ?

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2005 à 16:59, par jacques Lohourou digbeu-Badlor En réponse à : > Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo trop choyé

    Ce n’est pas fini !!!

    Deliberement, vous aviez opte pour une lecture partisane de la crise ivoirienne en esperant que le voeu devienne realite voire...force de loi ; le vague a l’ame, la torture interieure, la souffrance a peine dissimulee qui vous tenaillent, tout cela peut vous etre encore epargne si vous choisissez enfin de "regarder" la realite de la crise ivorienne ; on vous le dit, prenez-en note pour votre sante physique et mentale ainsi que pour la serenite de vos lecteurs ; ne vous torturez pas davantage, car en Cote d’ Ivoire comme ailleurs, l’explosion de la verite confirmera la regle apodictique de la marche des nations vers l’Histoire...

    • Le 25 janvier 2005 à 21:31, par Drame(Ouaga) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo trop choyé

      La verite finit toujours par triompher des mensonges que vous nous avez servis pour soutenir la rebellion en cote d’ivoire.Vous avez emballe tout le monde dans votre folie meurtriere dans ce grand pays voisin ou nous avons nos parents.
      Mais quelque soit la densite de la nuit ,il finit toujours par faire jour. Malgre vos agitations demesurees tout le monde sait desormais le role que vous jouez dans cette crise ivoirienne.
      Vous qui etes si critiques avec Mr Gbagbo porquoi restez vous muets sur les assassinats au quotidien et les betises de Blaise compaore qui est tout pres de nous ici au Burkina.

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