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Centrafrique : Session de rattrapage à Libreville

Publié le mardi 25 janvier 2005 à 05h28min

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« Bozizé choisit ses adversaires », tel était le titre de notre « Commentons l’événement » paru dans l’édition du lundi 10 janvier 2005. Car depuis l’annonce qu’il a faite lui-même de sa candidature à la présidentielle prévue cette année dans son pays, le général François Bozizé entend mettre toutes les chances de son côté pour rester au pouvoir.

Si cette candidature à la magistrature suprême ne fait plus de doute, les conditions dans lesquelles la course vers le trône qu’a occupé Jean Bedel Bokassa, et, il y a peu de temps, Ange-Félix Patassé, chassé, lui, par Bozizé, se prépare, disons-le, tout simplement à un cafouillage démocratique : tout commence le 30 décembre 2004 quand la Cour constitutionnelle invalide, pour diverses raisons ou prétextes, 7 des 12 dossiers de candidatures qui avaient atterri sur son bureau dans la perspective de la présidentielle du 13 février prochain.

C’était le début d’une grave crise politique malgré le repêchage, par le clone de Guei, des prétendants Jean-Paul Ngoupandé, Charles Massi et Martin Ziguélé.

Mais cela n’a pas suffi pour baisser la tension, les recalés, qui criaient au hold-up électoral, exigeant la dissolution de la Cour constitutionnelle et la requalification de tous les postulants dont les dossiers avaient été invalidés.

Cette situation, on le voit, n’est pas sans fausser le jeu démocratique. Mais il est encore temps de revoir les choses. C’est cette seconde chance à saisir que le président Bozizé et ses candidats « recalés » sont allés chercher à Libreville, après que neuf des douze candidats déclarés eurent demandé, la semaine dernière, la médiation du président gabonais, Omar Bongo Ondimba.

François Bozizé, qui avait, comme indiqué plus haut, repêché trois candidats de son choix, était resté jusque-là sur sa position de rejet des exigences de ses adversaires.

Fort heureusement, il semble mettre de l’eau dans son vin de palme, puisque la session de rattrapage sous l’égide du locataire du palais du bord de la mer semble porter ses fruits, puisqu’un accord a été signé, au terme de longues et houleuses discussions, entre les différentes parties réunies dans la capitale gabonaise : un accord dit « de Libreville », qui permet la tenue des élections présidentielle et législatives le 13 mars prochain.

Soit dit en passant, c’est la troisième fois que le scrutin est reporté. Des candidats en lice donc, tous sont sur la ligne de départ, tous sauf Patassé, recherché par la justice de son pays pour plusieurs crimes.

Si rien ne vient donc changer le cours des choses, on devrait assister, dans un peu moins de deux mois, à un scrutin ouvert dont les conditions de transparence ne sont toutefois pas encore acquises. On a connu le Tout sauf Ouattara (T. S. O.) en Côte d’Ivoire, on a désormais le Tout sauf Patassé (T. S. P.) en Centrafrique.

Car l’ingénieur agronome spécialiste de spiruline, débarqué de la présidence le 15 mars 2004, alors qu’il participait au sommet de la CEN-SAD à Niamey, et réfugié depuis chez son beau-frère Eyadéma, est bien obligé désormais de faire le deuil de ses ambitions présidentielles et de ses velléités de retour.

Pour son malheur, les prétendants au fauteuil de Barthélemy Boganda, qui sont déjà sur leurs starting-blocks, se sont entendus sur le dos d’AFP, qui n’aura pas d’autre choix, le 13 mars 2005, que d’aller taquiner la truite sur le lac Bê quand ses compatriotes, eux, se rendront aux urnes.

Agnan Kayorgo
L’Observateur

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