Au regard de la situation politique du moment, l’opposition ne doit s’en offusquer outre mesure. C’est de bonne guerre. Car, aucun pouvoir au monde ne ferait lui-même la place à son opposition. A moins que… Au lieu de considérer cette situation comme une façon pour le pouvoir de la désorganiser ou de vider la chefferie de file de son contenu, l’opposition qui se dit « véritable » doit maintenant démontrer qu’avec ou sans statut, elle sait s’opposer, elle sait mobiliser et sait défendre ses points de vue. C’est l’occasion pour elle de se réorganiser effectivement afin de constituer cette opposition dont rêve les démocrates. Peut-être même le pouvoir ! Sait-on jamais.

En effet, sans cautionner cette modification du statut de l’opposition politique, il faut de même faire remarquer qu’il est indécent pour un président de parti politique de se vassaliser auprès du président d’un autre parti tout simplement parce qu’il est chef de file de l’opposition. Autrement dit, c’est une autre manière de « grandir » ce chef-là, tout en réduisant à leur plus petite expression les autres formations politiques. Ce qui, à long terme, va menacer le pluralisme démocratique qui prône plusieurs courants de pensées politiques et la diversité des opinions. Mais à contrario, si des partis politiques admettent librement qu’ils peuvent se coaliser ou se fondre dans un seul parce qu’ils ont la même idéologie politique, tant mieux pour la démocratie. D’ailleurs, c’est ce que pensent, veulent et même conseillent des observateurs du landernau politique national. A la différence de l’affiliation au chef de file de l’opposition, cette coalition ou regroupement est volontaire et libre.
On attend donc de voir, les jours à venir, ce que sera le paysage politique burkinabé. Sans présager de rien, on peut dire que nécessairement, on assistera dans les prochains mois à une réorganisation de ce paysage-là. Ce qui est tout à fait normal, car la politique n’étant pas fichée, elle doit s’adapter régulièrement au contexte du moment. Celui des reformes et de la réorientation des pratiques politiques de part et d’autre pour ce qui nous concerne actuellement au Burkina Faso. C’est aussi, et surtout, celui des comportements nouveaux des Burkinabé qui veulent qu’on leur compte, qu’on leur explique et qu’on les convainque.

Et dans ce nouveau paysage, l’opposition a bel et bien un grand rôle à jouer. Que ce soit en regroupement au sein d’une quelconque chefferie de file ou pas. C’est à elle d’inventer son modèle de faire la politique. Au cas contraire, si elle attend le pouvoir, ce sera pour longtemps. Pour ne pas dire jamais. Zéphirin Diabré, le chef de file a donc d’autres soucis. Et cela est d’autant plus vrai que certains membres de son opposition qui le suivent en ce moment ne sont pas des exemples dans ce qu’on appelle dans certains milieux le nomadisme politique ou le « tubedigestisme ». S’il peut, tant mieux.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso