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Henri Rudolf NEMARO, président de l’Association des géologues : « Nous entendons contribuer à un développement économique harmonieux du Burkina »

Publié le lundi 25 novembre 2013 à 23h37min

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Henri Rudolf NEMARO, président de l’Association des géologues : « Nous entendons contribuer à un développement économique harmonieux du Burkina »

Henri Rudolf NEMARO, ingénieur géotechnicien, est le président du bureau exécutif de l’Association des Géologues du Burkina Faso (AGBF). A ce titre, il est membre du comité d’organisation des premières journées du géologue, qui se tiennent du 28 au 30 novembre 2013 à Ouagadougou. Des tenants et des aboutissants de ces journées, ainsi que des objectifs et ambitions de l’AGBF, M. NEMARO en parle. Interview.

Lefaso.net : Vous organisez du 28 au 30 novembre 2013 des journées du géologue. Quels sont les organisateurs de ces journées ?

Henri Rudolf NEMARO : L’Association des Géologues du Burkina Faso, dénommée AGBF, conformément à son programme adopté en AG le 08 mars 2013, organise les Journées du Géologue, du 28 au 30 novembre prochain sous le thème « Contribution des ressources géologiques au développement socio-économique du Burkina Faso » ; sur le site de la maison de la femme. Les organisateurs de cette journée sont des géologues de différentes spécialités et exerçant aussi bien dans le privé que dans le public. Certains sont même installés à leur propre compte. Il faut aussi mentionner que ces journées sont organisées en collaboration avec le ministère des Infrastructures, du Désenclavement et des Transport, le ministère des Mines et de l’Energie et enfin le ministère de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l’Assainissement. Ainsi des représentants des deux premiers ministères font partie intégrante du comité d’organisation de ces journées.

Lefaso.net : De quoi s’agira-t-il au cours de ces journées du géologue ?

Henri Rudolf NEMARO : Il s’agira au cours de ces journées de discuter du thème, précédemment évoqué, autour de quatre grands axes qui sont : mines, géotechnique, eau et environnement, à travers des sessions. Des expositions seront aussi organisées. Une conférence débat devrait se tenir sur la situation actuelle du géologue et dégager les perspectives. Ces journées seront sanctionnées par une plénière qui fera des recommandations en vue de l’amélioration du métier du géologue au Burkina Faso.

Lefaso.net : Quels sont les objectifs des journées ?

Henri Rudolf NEMARO : Les objectifs sont essentiellement de faire connaître les différents secteurs d’activités du géologue et leur contribution au développement socio-économique du Burkina Faso ; et d’éclairer la conscience collective, sur le rôle du géologue, le plus souvent réduit à l’activité minière. C’est surtout de sortir de la définition réductrice qui consiste à ramener le géologue au seul domaine minier. Les géologues évoluent dans un univers professionnel varié des Géosciences et de la géologie appliquée. Vous avez des géologues qui exercent entre autres :
-  dans le domaine de l’environnement
-  dans le domaine de l’eau : je peux citer les hydrogéologues et les hydrologues
-  dans le domaine du génie civil : je peux citer les géotechniciens et les spécialistes de la géologie de l’ingénieur
- dans le milieu académique : enseignants et chercheurs en géologie fondamentale et/ou appliquée.

Nous entendons sensibiliser le public à désormais définir le géologue comme un professionnel des géosciences.

Lefaso.net : Les journées se tiennent sous le thème : « Contribution des ressources géologiques au développement socio-économique du Burkina Faso ». Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Henri Rudolf NEMARO : Nous avons choisi ce thème pour mettre en évidence la diversité des ressources géologiques du Burkina, et à travers celles-ci les différents domaines d’activités des géologues. Aussi leur contribution au développement socio-économique du Burkina. Nous avons ce besoin pour mieux faire connaitre notre profession de géologue.

Lefaso.net : D’où viendront les participants et combien seront-ils ?

Henri Rudolf NEMARO : Les participants sont des nationaux. Nous les estimons à 200 personnes. C’est la première édition, donc la première expérience. Nous espérons dans les éditions à venir pouvoir inviter des spécialistes et des personnalités du domaine de la géologie, venant de l’extérieur. D’ailleurs, le bureau de l’association organisatrice de ces journées (AGBF : Association des Géologues du Burkina Faso) travaille à tisser des relations à l’international. Nous n’oublions pas aussi de travailler à lier des relations sur le plan national avec des associations sœurs ou similaires.

Lefaso.net : Quelles sont les conditions de participation ?

Henri Rudolf NEMARO : La participation est gratuite et ouverte à tous. Pour les étudiants en géoscience, Il suffit de s’inscrire auprès de la première responsable du département de géologie de l’Université de Ouagadougou. Le nombre de places pour les étudiants est limité à 50.

Pour les professionnels et les sociétés, ceux qui désirent s’inscrire peuvent appeler aux contacts suivants à cet effet : 79 05 79 41 / 78 28 73 78 / 70 25 92 84

La participation donne droit à l’accès aux conférences, pauses café, repas de midi, cocktails libres, excursions.

Lefaso.net : Peut-on dire que le développement du secteur minier ces dernières années a eu un impact sur la situation des géologues du Burkina ?

Henri Rudolf NEMARO : Certainement. Si on prend pour repère le département de géologie de l’Université de Ouagadougou, avec l’engouement que suscitent la recherche et l’exploitation du métal jaune (l’or) ces huit (8) dernières années, on assiste à une augmentation sans cesse croissante des étudiants en géologie (effectif quintuplé ces trois dernières années) rendant ainsi très difficile la tâche des enseignants qui ne peuvent pas produire des miracles pour aller au-delà des moyens mis à leur disposition pour la formation. Cette ruée vers la formation de géologue est fondée sur l’intention ou l’espoir, quoi que mince depuis un certain temps, d’intégrer le secteur minier. Les étudiants qui ont fait ce choix sont, pour la plupart, victime du même choix. Le secteur minier n’arrive plus à absorber toute cette demande. On est presqu’à la saturation.

Comme mentionné précédemment, les capacités humaines et matérielles d’encadrement au département de géologie de l’Université de Ouagadougou sont actuellement dépassées. Cela peut avoir ou même a une influence importante sur la qualité de l’enseignement, donc de l’étudiant formé. C’est le lieu d’attirer l’attention des pouvoirs publics, qu’avec le rush minier, le département de géologie de l’UO, d’où sont absorbés la plupart des géologues des sociétés minières, devrait bénéficier des retombées. Cela devrait être codifié à travers des dispositions pour amener les sociétés à participer à la formation des géologues, à financer le département de géologie, à travers un fond où chaque société, en phase d’exploitation, participera.

Lefaso.net : Cette ruée des géologues vers le secteur minier n’a-t-elle pas un impact négatif dans le rôle que vous devez jouer dans les autres secteurs de la vie nationale ?

Henri Rudolf NEMARO : Justement, il faut leur montrer qu’il existe d’autres domaines de la géologie où on peut évoluer et gagner bien sa vie. Certes, en général, dans le domaine minier, c’est bien payé ; puisqu’il s’agit d’une activité hautement capitalistique, où la rentabilité est immédiate ou à court terme lorsqu’on trouve un gisement intéressant. Mais la saturation de ce domaine amènera ou forcera les géologues formés, qui au départ souhaitaient exercer dans les mines, à s’orienter vers les autres domaines de la géologie. Surtout actuellement avec la crise minière au niveau international, qui n’épargne pas le Burkina, des géologues voient leur salaire fondre au prorata de leur temps de présence au service qui a diminué ; s’ils ne sont pas simplement mis à la touche. On ne peut pas rester les bras croisés. Il faut se réorienter, se former dans d’autres secteurs de la géologie.

Lefaso.net : Quelque chose peut-il être fait pour freiner un tant soit peu cette ruée de nos géologues vers les exploitations minières ?

Henri Rudolf NEMARO : A mon humble avis, c’est l’information et la communication pour mieux faire prendre conscience des contraintes et des risques liés à cette activité d’exploration/exploitation minière. Malheureusement, beaucoup s’en rendent compte après intégration ou après avoir été victimes de la situation. Des exemples foisonnent et ils pourraient servir d’arguments pour freiner cette ruée afin d’élargir les champs d’investigation.

L’AGBF (Association des Géologues du Burkina Faso), entend exercer un leadership auprès du public, et surtout des autorités politiques et acteurs du monde économique, de façon à contribuer à un développement économique harmonieux. Les politiques de formation devront viser
- le développement de plus de filières spécialisées en géosciences,
- le transfert de compétences aux nationaux notamment dans les structures minières,
- la sécurisation formelle des professions des géosciences, par des lois et règlements, (ordres professionnels, autorisations d’exercer, etc.),
- la promotion et l’incitation à l’entreprenariat dans le domaine des géosciences.

Lefaso.net : A quelques heures du début des journées, peut-on dire que tout est fin prêt en ce qui concerne l’organisation ?

Henri Rudolf NEMARO : Dire que tout est fin prêt… je ne saurai le dire… Mais on peut affirmer que les dispositions minimales ont été prises pour le bon déroulement de ces journées… RDV donc à la fin de ces journées pour un bilan de l’organisation. Ce bilan nous permettra de capitaliser une expérience pour encore mieux faire pour les éditions suivantes.

J’exhorte la communauté scientifique notamment géoscientifique à participer massivement aux différents débats qui se tiendront au cours de ces journées. J’invite également la population à venir mieux s’imprégner du large éventail des domaines d’activité de la géologie.

Ces instants de rencontres et d’échanges entre praticiens du domaine de la géologie ne peuvent réussir qu’avec le concours de tous.

Entretien réalisé par Grégoire B. BAZIE

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