"Le Privilège," bar dancing au secteur 21 de Bobo-Dioulasso a refusé du monde à l’occasion de la dédicace du premier album de l’artiste Adiaratou Diabaté. Le déplacement en valait la peine pour une artiste qui a déjà convaincu les mélomanes lors de ses multiples prestations précédentes. Les nombreux fans de l’artiste ont voulu chacun avoir la primeur de cet album baptisé "Ma kunko do" .Le nouvel opus est une belle œuvre de six titres. Dans cet album Adjaratou Diabaté aborde le vécu quotidien. De sa voix sublime, perçante et déconcentrée, elle sait trouver les mots avec un ingrédient de proverbes pour accrocher les auditeurs.

En effet, elle tire son inspiration des racines profondes de la tradition des griots dont elle est originaire. Pour dire que depuis le bas âge le chemin de cette artiste semblait déjà tracé. Et comme le talent ne s’essouffle jamais, il faudrait attendre 1997 après un séjour au Mali et en Côte-d’Ivoire pour voir Adjaratou Diabaté intégrer le célèbre orchestre bobolais "Dofini Pawè" .Dans son nouveau milieu, elle va bénéficier d’un encadrement de main de maître. Elle trace dès lors les sillons de sa carrière. Une carrière qui s’annonce riche et prometteuse.

Ecouter Adjaratou Diabaté, c’est se plonger dans l’univers du grand mandingue que le Burkina Faso partage avec fierté avec une dizaine d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans cet album, l’artiste a su concilier harmonieusement les rythmes traditionnels entretenus par la Kora, le n’goni, le lounga, le djembé et les sonorités modernes de l’heure. On y retrouve le genre populaire mandingue bien apprécié et une petite note de salsa. La préparation de l’album a pris trois mois de répétitions intenses du groupe Dankan, animé par des musiciens talentueux et une semaine d’enregistrement au studio Seydoni Mali.

Un fait qui mérite d’être relevé, c’est l’investissement personnel de l’artiste pour la production de l’œuvre. Au lieu d’attendre le soutien d’un bon samaritain pour entrer en studio, l’artiste a voulu compter d’abord sur ses propres forces. Pour ce faire, elle a fait recours à ses différentes prestations dont les recettes ont été mises à contribution. Même si elle a bénéficié d’un coup de pouce de quelques bonnes volontés, la grande part des frais de production de son opus a été à sa charge. Un exemple que certains artistes doivent suivre au lieu de se confiner à attendre l’aide des autres.

Le témoignage rendu de Adjaratou Diabaté, son charisme et son engagement pour la cause de la musique burkinabè ne sont pas feintes. Pour le secrétaire permanent de la Semaine nationale de la culture (SNC) M. Bitchibaly Dansa, le parcours de l’artiste est à saluer. Il a formulé le vœu de voir sa carrière connaître un envol international. Un vœu également repris en choeur par les nombreux fans présents et qui se sont d’ailleurs arrachés les cassettes. L’album reste de belle facture. Il mérite d’être consommé sans modération.

Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya