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Interview du Dr André Tibiri, Président de l’ODJ : « Les masses savent que Blaise ne peut plus apporter une réponse à leurs besoins »

Publié le dimanche 10 novembre 2013 à 23h40min

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Interview du Dr André Tibiri, Président de l’ODJ : « Les masses savent que Blaise ne peut plus apporter une réponse à leurs besoins »

André Tibiri est chercheur à l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), un institut du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST). Il est surtout connu comme Président de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ) créée le 07 décembre 2000. Il a été l’une des figures emblématiques du mouvement étudiant à la fin des années 90 en tant que premier responsable de l’ANEB puis de l’UGEB. Dans cet entretien, la situation de l’université de Ouagadougou, les questions de politiques nationales sont passées au peigne fin.

Que devient André Tibiri après les années chaudes de 1997-2000 ?

Qu’est-ce que je deviens ? J’étais étudiant, naturellement j’ai fini mes études. J’ai soutenu une thèse de doctorat en Sciences Biologiques Appliquées, Option Biochimie-Chimie des Substances Naturelles. Actuellement je suis agent de l’Etat, Chercheur à l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), un des quatre instituts qui composent le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST). Du point de vue militant, je suis Président de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso (ODJ).

Quels sont les objectifs que vous poursuivez en créant cette structure ?

L’ODJ c’est simplement l’organisation de la jeunesse combative du Burkina Faso. Créée pour défendre les droits démocratiques et sociaux de la jeunesse du Burkina et promouvoir la solidarité entre jeunes de toutes les conditions sociales. Ses objectifs s’articulent autour de six (6) points principaux : 1) promouvoir et défendre les libertés démocratiques de la jeunesse ; 2) promouvoir, défendre et protéger les droits démocratiques et sociaux de la jeunesse ; 3) développer l’entraide et la solidarité entre les différentes couches de la jeunesse ; 4) organiser toute activité susceptible de contribuer à l’épanouissement des jeunes ; 5) participer activement à la lutte du peuple burkinabé pour la justice, la liberté, la démocratie et le progrès véritables ; 6) développer la solidarité de lutte avec les jeunes du monde en particulier ceux d’Afrique. Dans le contexte qui est celui du Burkina, caractérisé essentiellement par la domination impérialiste et la lutte de notre peuple pour son affranchissement social, elle s’est dotée d’une orientation patriotique et révolutionnaire pour l’atteinte de ses objectifs. Tout jeune, burkinabé ou résident au Burkina Faso, sans distinction d’origine ethnique, de conviction philosophique et politique ou de croyance religieuse, peut-être membre de l’ODJ à condition qu’il accepte ses statuts et son règlement intérieur et s’engage à les respecter.

D’où est venue l’idée, sinon le besoin de créer cette organisation ?

Dans le contexte d’élan de luttes populaires dans notre pays, principalement à partir de la crise née de l’affaire Norbert Zongo avec une participation de plus en plus massive des jeunes de toutes les couches sociales, il était important de trouver un cadre authentique d’expression et de lutte pour l’ensemble de la jeunesse progressiste de notre pays. L’ODJ ambitionne répondre à ce besoin politique fondamental.

Comment l’ODJ est structurée et quelle est sa représentativité ?

L’ODJ est une organisation d’envergure nationale. Elle est donc dirigée par un Bureau Exécutif National (BEN). Au niveau provincial, l’ODJ est structurée en sections. Les sections sont structurées en sous-sections au niveau des communes et arrondissements. La sous- section se décline à son tour en comités dans les secteurs et villages. Enfin, en bas de l’échelle nous avons les sous-comités au niveau des quartiers, rues, marchés, sites miniers, plaines agricoles, etc.

L’ODJ est une organisation en pleine construction dont la physionomie (représentativité) change beaucoup. Au dernier bilan en juin 2013, l’ODJ disposait de 30 sections provinciales sur les 45 que compte le pays, avec 40 sous-sections communales, plus de 120 comités de village et secteurs et une dizaine de cellules féminines, qui sont des structures spécifiques de mobilisation du genre féminin. A travers ce dispositif organisationnel, l’ODJ mène essentiellement un travail de sensibilisation et d’éducation de la jeunesse, mais aussi de lutte.

On sait que vous êtes actif sur les questions des mines et des logements. Où en est-on avec ces luttes et quelle est votre analyse sur la politique minière et de logement au Burkina Faso ?

Oui en effet, la question des mines intéresse beaucoup l’ODJ car les sites miniers et l’exploitation minière mobilisent des foules de jeunes à travers le pays. Les conditions dans lesquelles ils travaillent et leur rémunération sont souvent sujet à caution. C’est pourquoi l’ODJ cherche par tous les moyens à organiser ces jeunes pour leur offrir la possibilité de défendre leurs droits. La question minière est également une question qui intéresse toute la jeunesse et même tout notre pays, car il s’agit de la richesse de notre sous-sol, donc d’un patrimoine national qui plus est, est épuisable. Son exploitation peut par ailleurs porter une souffrance à l’environnement. Dans le Nord, notamment dans le Yagha, nous disposons de structures organisées. Certains de nos militants y ont engagé une lutte il y a de cela deux ans contre la société minière Kindo Adama (SOMIKA) qui règne en chef dans cette région. Cette lutte a été férocement réprimée. Nos camarades (3) ont été ainsi jugés et emprisonnés pour deux ans avec une amende cumulée de plus de 8 millions de francs. Cependant, l’organisation et la lutte se poursuivent. Nous y disposons de nombreux comités et une plateforme revendicative a été adoptée.

Fondamentalement, il y a à craindre que nos autorités, à travers les textes de lois dits « incitatifs » pour soi-disant « attirer les investisseurs » ne nous aient engagés dans une véritable opération de braderie de notre patrimoine à travers l’exploitation minière. D’après ces textes, une compagnie minière installée au Burkina Faso dispose de 5 années fermes pendant lesquelles elles exploitent l’or sans payer des impôts. En outre, en termes de royalties, l’Etat ne dispose que de 10% des intérêts réalisés. Cinq ans sans impôt, avec 90% des bénéfices. C’est purement et simplement de la dilapidation. Toute chose qui motive notre engagement dans ce secteur.

Le logement est également un autre centre d’intérêt de l’ODJ. Il faut vraiment se poser la question de savoir s’il y a une politique de logement au Burkina Faso, quand on voit l’envolée des prix des matériaux de construction, et lorsqu’on voit comment les loyers augmentent, on se demande vraiment où est l’Etat. L’essentiel des programmes des mairies est constitué d’opérations de lotissements autour desquels il y a toutes sortes de trafic maffieux comme la presse l’a abondamment rapporté. Le combat de l’ODJ consiste à exiger la transparence dans ces lotissements en exigeant des municipalités des structures de gestion démocratiques et transparentes. Nous le faisons souvent en liaison avec d’autres associations des populations concernées.

Vous avez été l’une des figures emblématiques du mouvement étudiant à la fin des années 90 en tant que premier responsable de l’ANEB puis de l’UGEB. Quels souvenirs gardez-vous de ces moments ?

Difficile à dire, surtout que l’action continue comme on le voit. Mais c’est bien un honneur et une fierté pour moi d’avoir dirigé ces organisations prestigieuses et d’avoir bénéficié de la confiance de milliers de jeunes qui ont traversé le campus. J’en garde de bons souvenirs, et beaucoup de souvenirs émouvants. Un exemple : ma thèse a été quelque peu difficile et a trainé en longueur. Cependant j’ai senti (et vécu aussi !) comme un soutien et une solidarité morale indicible à mon égard. Un jour en circulation, un ancien camarade que je ne connais pas et que je ne saurai reconnaitre m’a arrêté dans la circulation, au crépuscule. Manifestement, il était très content de me voir. Après les salutations d’usage il me demande : « Tibiri, et ta thèse ? » sa voix était si sincère. Je lui ai répondu « je suis dessus, et je crois que ça va aller bientôt ». Il m’a dit « tu sais, il faut garder courage, nous prions tous les jours pour toi ». Je suis réparti avec le sentiment que toute cette jeunesse qui s’est battue et qui se bat toujours, n’a pas seulement confiance en la lutte, mais bien plus, elle a foi en la lutte. C’est également une période où j’ai beaucoup appris, tant dans la lutte que dans la vie sociale pour avoir eu la chance de côtoyer des gens qui m’ont marqué tant par leur modestie que par leur sens de l’écoute. On ne peut que garder de bons souvenirs de moments pareils. C’est sans aucun doute une partie de ma vie que je ne pourrai jamais oublier.

Quelle lecture faites-vous aujourd’hui de la situation qui prévaut à l’université ?

Malheureusement la situation a évolué de mal en pis, principalement du fait de la politique du pouvoir de la IVe République, une politique fondée sur les recettes de la Banque Mondiale et du FMI. Malgré la résistance, souvent héroïque des étudiants, le pouvoir n’a jamais voulu lâcher du lest, ni même entendre raison. Il a multiplié les actes anti-étudiants et antipédagogiques. L’invalidation de l’année universitaire 99/2000 paraît être un souvenir lointain, pourtant il est bien la source de l’accélération de la dégradation de la situation à l’université à tout point de vue. Ce fut un acte hautement réactionnaire et outrancièrement revanchard contre la communauté universitaire. Plus près de nous, nous avons la féroce répression de 2008 suivie de la démolition de la plus grande des cités universitaires et l’occupation de l’université par la police.

Le dernier épisode qui a révolté et indigné plus d’un burkinabè est l’expulsion manu militari et sans appel en août dernier des étudiants des cités universitaires. Et tout cela n’est que la partie visible de l’iceberg. Quotidiennement le pouvoir s’ingénie à prendre des mesures inspirées du Programme d’ajustement structurel dont la sommation constitue aujourd’hui un lourd fardeau pour l’étudiant. La plupart de ces mesures sont prises sans considération de la situation sociale de l’étudiant ou de l’enseignant, aujourd’hui très démotivé. La mise en œuvre du système LMD dans ce contexte a fini de plonger l’université dans une crise profonde avec des années académiques cycliques ou en accordéon. Le blanchissement technique et les Etats généraux n’ont finalement pas été des évènements majeurs ou des solutions miracles et le pouvoir continue de souffler le chaud et le froid. Après les mesures d’expulsion et l’indignation populaire qui s’en est suivie, il a engagé une opération de charme à travers les médias, annonçant l’investissement de milliards de francs pour réfectionner ou étendre les capacités d’accueil des infrastructures et améliorer la situation sociale de l’étudiant. Mais à mon avis, le véritable tendon d’Achille de tout cela est bien le PAS, il faut rompre avec les PAS pour espérer sortir de cette situation.

On voit qu’André Tibiri, n’a pas complètement quitté le mouvement étudiant, ce d’autant que l’ODJ est pilotée et composée des anciens de l’ANEB et de l’UGEB. ODJ, mouvement politique, semble être une excroissance de ces organisations syndicales. Est-ce à dire alors que l’ANEB et l’UGEB sont des antichambres du militantisme politique ?

Vous dites que « l’ODJ est pilotée et composée des anciens de l’ANEB et de l’UGEB ». En partie oui, mais comme je l’ai dit plus haut, l’ODJ s’adresse à toute la jeunesse du Burkina. Elle n’est donc pas seulement une affaire des anciens militants de l’UGEB, ni une excroissance, même si ceux-ci y jouent actuellement un rôle important. Ils y sont déjà numériquement faibles et cela est une tendance qui va aller en se renforçant. De par sa nature et sa composition donc, l’ODJ n’est pas une UGEB bis. Ceci étant, je ne contredirai pas le fait que l’UGEB soit une antichambre du militantisme comme vous dites. L’UGEB a toujours éduqué ses militants dans le sens de la lutte et de l’engagement militant, même après le campus. Dans sa plateforme politique d’union, l’UGEB stipule clairement qu’elle forme ses militants afin qu’ils se positionnent de façon consciente dans le camp du peuple. Ceci constitue le trait d’union entre le militant étudiant sur le campus et le militant de la vie active après le campus. Si beaucoup d’anciens militants de l’UGEB continuent donc à militer dans les associations, mouvements et partis politiques, cela peut effectivement être comptabilisé à l’actif de l’UGEB.

Pourquoi André Tibiri a préféré un mouvement politique à un parti politique qui aurait l’avantage de conquérir le pouvoir et opérer un changement ?

Je pense également qu’un mouvement ou association telle que la nôtre peut participer à ce changement et si j’ai choisi cette façon de me battre, c’est parce que j’estime qu’en l’état actuel, c’est sans aucun doute la forme la mieux appropriée pour moi d’apporter ma modeste contribution à la lutte de notre peuple. Dans l’ODJ nous faisons essentiellement de la sensibilisation et de l’éveil de consciences. Cela participe à la formation d’une jeunesse consciente à même d’être actrice d’un changement. L’exercice du pouvoir d’Etat offre l’opportunité en effet d’opérer un changement, mais cela reste une tâche ardue. Le parti politique aura d’autant plus de chance de réussir ce défi s’il dispose de liens étroits (pas nécessairement d’ordre organique, non, mais d’ordre moral) avec les masses à travers leurs organisations représentatives et s’il arrive à élever leur conscience au niveau de son programme et des exigences nécessaires à sa réalisation. C’est pourquoi l’ODJ, qui ambitionne être un acteur du changement, accorde une attention particulière aux partis politiques, aux propositions qu’ils formulent et à leurs programmes, quand ils en ont.

Après le campus, nombre de leaders du mouvement étudiant peinent à se faire une place dans l’espace public. Ya t-il un problème d’adaptation et de transition de la vie estudiantine à la vie active ?

S’il s’agit de la question de l’emploi, il y a tous les cas de figures ; certains peinent, d’autres non. Et en dehors des cas de répressions (il y en a, malheureusement !), l’adaptation d’un étudiant après ses études ne présente à mon avis aucune particularité liée au fait qu’il ait été leader. La réalité c’est que le marché de l’emploi est étroit et dans ces conditions, il est difficile de se faire une place au soleil après ses études. Evidemment, lorsqu’on a été leader étudiant, cela peut ne pas passer inaperçu.

Notre pays traverse depuis la mort de David Ouédraogo qui a conduit à l’assassinat de Norbert Zongo une crise politique et surtout sociale. Cette année, la crispation se fait autour du sénat, de l’article 37 et de la « dynastisation » du pouvoir. Quelle est votre position sur ces différents sujets de controverse ?

En effet, l’opinion publique pour une bonne partie est aujourd’hui figée ou crispée autour de ces questions, sénat, article 37. Particulièrement la jeunesse, qui n’a pas marchandé sa mobilisation à l’occasion des manifestations organisées autour de ces questions. La raison est bien simple et liée au fait que pour cette jeunesse, sénat ou article 37, c’est la perpétuation du règne Compaoré. Or le système Compaoré, pour eux, c’est l’absence de perspective à tout point de vue. Dans le fond donc, la question politique fondamentale qui est posée, c’est comment répondre aux besoins fondamentaux des masses. C’est à elle qu’il faut apporter une réponse conséquente. Les masses, par leur expérience, savent que Blaise Compaoré ne peut plus apporter une réponse conséquente à cette question. Elles réfutent donc ses tentatives de se maintenir au pouvoir par le tripatouillage de la constitution. L’éventuelle révision de l’article 37 et l’instauration du sénat sont donc des questions d’importance démocratique en ce sens qu’elles peuvent constituer un obstacle à la possibilité de changement. Mais elles sont loin d’épuiser le débat et il serait incorrect et réducteur de considérer que tout est là, car leur simple réfutation en elle-même ne constitue aucunement une réponse à la question posée, à l’impasse politique dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés.

Des syndicats comme l’UGEB et des organisations comme la CCVC, et les partis de l’opposition n’ont pas la même position par rapport à l’alternance. Les uns disent ne pas vouloir de changement pour le changement, alors que d’autres se battent pour le respect de la constitution donc le départ de Blaise Compaoré en 2015. Que pense l’ODJ sur la question ?

Il sied ici de lever certaines équivoques qu’on tente d’établir par des interprétations tendancieuses. 1) Dire qu’on ne veut pas le changement pour le changement ne signifie pas qu’on est pour le maintien de Blaise Compaoré au pouvoir, encore moins qu’on est pour la modification ou la trituration de la constitution. A ce propos, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que certaines de ces organisations telle que l’UGEB ici citée ont bravé, en 1990 à la commission constitutionnelle, les Comités Révolutionnaires avec leurs pistolets au ceinturon et kalachnikov au poing, pour refuser la non limitation des mandats présidentiels et l’instauration d’une 2e chambre (alors baptisée chambre des représentants). 2) Il ne faut pas lier automatiquement départ de Blaise Compaoré et changement. Blaise Compaoré peut bien partir sans pour autant qu’il y ait un changement positif pour les masses. D’aucuns ont d’ailleurs exprimé cela en disant que les burkinabè avaient le choix entre « la continuité dans le changement ou le changement dans la continuité ». Comme dit plus haut, ce dont il s’agit c’est un changement fondamental en faveur des masses. La position développée découle donc de cela. Il ne s’agit aucunement d’une position attentiste mais bien d’une position militante car ces organisations sont bien debout sur le champ de bataille pour la réalisation de ce changement. Plus généralement, il est de la responsabilité des organisations et forces sociales de s’élever au-dessus du débat actuel qui tend à faire du sénat ou de l’article 37 des questions indépassables pour poser de façon juste le problème de sorte à traduire les aspirations véritables des populations et les mobiliser sur cette base. Cela nous permet d’éviter d’essuyer demain des déceptions et des désenchantements (tel que nous l’avons déjà vécu dans l’histoire de notre peuple, janvier 1966 !) et nous positionne pour tirer les leçons de notre lutte et des erreurs que nous aurions pu commettre. De par notre nature d’organisation de masse, nous ne pouvons pas certes, résoudre directement la question du pouvoir d’Etat. Cependant, nous faisons partie des forces du changement en tant que mouvement social et de par notre orientation progressiste et révolutionnaire, nous avons le droit et le devoir d’apprécier les propositions des différentes forces politiques. En ce moment crucial de bouillonnement politique, nous devons garder la tête sur les épaules et observer la vigilance requise pour que nos militants ne servent pas de marchepied pour l’accession au pouvoir.

Comment entrevoyez-vous alors l’horizon 2015 ?

Cela relève de la prospective politique, ce qui n’est pas chose aisée dans le climat d’effervescence actuelle fait de luttes dans tous les secteurs de la vie sociale. L’année 2015 est une année de présidentielle et à ce titre elle constitue nécessairement un tournant politique. Comment est-ce que ce tournant sera amorcé ? Cela dépend du jeu des différentes forces politiques en place et de l’intensité des luttes sociales qui ne manqueront pas dans cette période. Le président Compaoré laisse planer le doute sur sa possible candidature, une question qui sera nécessairement tranchée à un moment ou à un autre, et nul doute que cela influera notablement le climat social. En ce qui concerne particulièrement l’ODJ, nous nous organisons de façon à poser avec force les préoccupations de la jeunesse à n’importe quel pouvoir politique pour leur prise en compte. Les prochaines années, dont 2015, devront donc connaître plus de mobilisation et de luttes de la jeunesse autour de ses problèmes spécifiques, et ce, sur l’ensemble du territoire national.

Interview réalisée par Abdoul Razac Napon

MUTATIONS N°38 du 1er octobre 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact : mutations.bf@gmail.com , site web :www.mutationsbf.net)

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