LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pays de la Loire-Burkina : Rationaliser les actions de la coopération décentralisée

Publié le lundi 4 novembre 2013 à 23h24min

PARTAGER :                          
Pays de la Loire-Burkina : Rationaliser les actions de la coopération décentralisée

Depuis 1978, l’association « Echange Solidarité Nord-Sud » mène des activités au Burkina, particulièrement à Boussou, une commune rurale de 16 villages dans le nord du pays. Elle y a contribué à la construction d’un collège de 4 classes en 1997, devenu en 2005 un lycée, puis à son électrification. L’association organise aussi des parrainages d’élèves issus de familles modestes. « Urgence Afrique » finance la fabrication de « Mobi-Secours », des ambulances fabriquées avec des moteurs de mobylette destinées à transporter les malades dans les campagnes. En 2013, l’association a livré au total 92 engins de ce type, d’un coût de 5300 euros l’unité (fabrication, emballage, transport en container, etc.). Quant à l’association Soli’Smile, elle s’attèle depuis 2008 à l’alphabétisation des adultes, en majorité des femmes, dans le village de Gombousgou, dans la région du centre-est.

Ces trois associations font partie de près d’une cinquantaine venant des Pays de la Loire, dans l’ouest de la France, qui entretiennent des liens de coopération avec plusieurs villes et villages burkinabè. Chacune mène ses activités dans un domaine et sur un territoire, parfois dans l’ignorance totale de ce que fait l’autre.

Mais, à l’heure où la crise financière a contraint les pouvoirs publics à revoir à la baisse le volume de leurs aides au développement, il est plus que nécessaire pour les acteurs de la coopération décentralisée de rationaliser leurs moyens d’interventions pour les rendre plus efficaces. Si, par leur longue expérience, certains maitrisent tous les rouages d’une collaboration heureuse avec les partenaires du sud, d’autres, en revanche se heurtent parfois à des difficultés en raison de la méconnaissance des réalités sociales, économiques et culturelles des pays dans lesquels ils interviennent.

Comment maitriser rapidement le fonctionnement de l’administration pour mener à bien une activité ? Y a-t-il d’autres acteurs dans la même zone géographique et dans quels domaines agissent-ils ? Quel type de collaboration deux ou plusieurs associations ou acteurs de la coopération décentralisée peuvent-ils établir entre eux ? Autant de questions sur lesquelles les associations des Pays de la Loire, dans l’ouest de la France, ont planché les 30 et 31 octobre, le premier jour étant consacré à la coopération décentralisée avec le Burkina.

Dans la salle Thiers-Boisnet où ont eu lieu les échanges, 23 associations sur une cinquantaine venant de la région étaient présentes et ont exposé les projets qu’elles conduisent dans différentes localités du Burkina.

Après la présentation des acteurs, trois groupes ont été formés et invités à discuter sur la mutualisation des moyens dans la région mais également au Burkina et la possibilité de travailler en complémentarité. Il a été surtout question de connaissance mutuelle sur le terrain de la solidarité internationale, savoir ce que fait l’autre et comment partager les informations sur des actions ou projets que d’autres ont déjà menés. « Dans ses actions internationales, la région des Pays de La Loire soutient des associations, ONG de toutes natures sur différents pays dont le Burkina où nous avons financé une trentaine de projets depuis trois ans. A présent, il est indispensable de mettre les acteurs en réseau et renforcer les échanges entre eux de façon à créer une synergie et une cohérence des actions menées », explique Philippe Papin, conseiller régionale des Pays de la Loire et 2e vice-président des relations internationales de la région.

Première région de France par le nombre d’associations ayant des liens de coopérations avec les pays du Sud et par le volume de l’aide financière consacré à la coopération décentralisée, 700 000 euros par an, le conseil régional des Pays de La Loire entend veiller plus que par le passé à l’utilisation rationnelle de cette aide. « Nous avons mis en place un système pour veiller à la cohérence du financement et pour examiner la pertinence des projets à travers une commission réunissant des experts dans divers domaines », ajoute -t-il.

Satisfait de la qualité des relations entre sa région et le Burkina, le conseiller régional s’est réjoui de la bonne exécution des projets et surtout du fait qu’ils s’inscrivent dans les politiques publiques burkinabè. Depuis la communalisation intégrale, les projets et actions menés dans le cadre de la coopération décentralisée doivent en effet s’inscrire dans le schéma et plans locaux de développement.

A la fin des discussions de groupes, les participants ont souligné la nécessité de partager les expériences, mutualiser les moyens dans l’organisation de certains évènements culturels et jouer à fond la carte de la complémentarité aussi bien en France qu’au Burkina. Les acteurs sont par ailleurs invités à s’inscrire sur www.alcid.org, la plateforme mise en place et qui sert d’annuaire actualisé pour ceux qui souhaitent connaitre et entrer en contact avec d’autres acteurs.

Prenant la parole, l’ambassadeur du Burkina en France, Eric Tiaré, qui effectuait sa première sortie en province depuis son arrivée en août dernier, a remercié les participants pour leur implication dans le développement économique et social du Burkina. Il a salué le dynamisme de la coopération décentralisée entre la France et le Burkina et s’est dit disponible pour accompagner les acteurs intervenant dans les différentes régions du Burkina. Il a ensuite rappelé que l’économie du Burkina, qui repose essentiellement sur l’agriculture est fragile en raison des aléas climatiques et qu’elle a été touchée par la crise malienne. «  Nous avons reçu près de 50 000 Maliens qui ont fui l’occupation du nord ; le gouvernement a fait des efforts pour leur venir en aide, mais leur retour n’est pas encore effectif », a-t-il expliqué. Il a aussi évoqué la suspension de la mise en place du sénat, le temps de continuer les concertations « parce que ça ne doit pas être une cause de division des Burkinabè ». Il a ensuite répondu à des questions sur la réforme agraire qui, selon certains, risque de tuer l’agriculture familiale, sur la culture massive du coton alors que le pays n’arrive pas à nourrir la population et à donner du travail à la jeunesse.

Plusieurs Burkinabè de la région ont assisté aux débats qui se sont achevés à 17 h, dont Anatole Compaoré, conseiller municipal et Paul Roger Nikièma, délégué CSBE.

Joachim Vokouma

Lefaso.net (France)

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique