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Assassinat des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon : « C’est une atteinte grave à la liberté de la presse »

Publié le mardi 5 novembre 2013 à 23h45min

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Assassinat des journalistes  Ghislaine Dupont et Claude Verlon : « C’est une atteinte grave à la liberté de la presse »

Nous avons recueilli, ce lundi 4 novembre 2013 à Ouagadougou, la réaction du président de l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), Jean Claude Méda, par rapport à l’assassinat des deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Dans sa réaction le président Méda ne manque pas de mots pour déplorer et condamner ce double assassinat qui porte, dit-il, « un coup très dur à la liberté d’expression ». Il en appelle par ailleurs à la responsabilité des « soi-disant garants de la démocratie » pour que de tels drames ne se produisent plus. Ses propos.

« Nous avons appris avec une grande émotion l’assassinat des deux journalistes Claude Verlon et Ghislaine Dupont, tous correspondants de la Radio France Internationale (RFI), envoyés au Mali pour une émission spéciale au compte de RFI. Cette nouvelle nous inspire d’abord un sentiment de compassion pour les parents des deux journalistes. A leurs familles, nous exprimons toute notre profonde compassion. A l’égard de toutes les rédactions de RFI nous avons un sentiment de solidarité. Solidarité parce que leurs confrères, qui sont aussi nos confrères, ont été lâchement assassinés sur le terrain du travail. Et ça, nous le ressentons en tant que journalistes parce que ce qui leur est arrivé pourrait arriver à n’importe qui d’entre nous journalistes. Nous éprouvons également un sentiment de colère par rapport à ce double assassinat parce que nous n’admettons pas et nous n’acceptons pas que les journalistes paient de leur vie des événements dont ils n’ont pas été à l’origine. La situation au Mali n’est pas créée par les journalistes. C’est l’échec des politiciens maliens qui ont conduit une politique désastreuse qui a abouti à une crise.

Mais, nous journalistes, nous ne sommes pas comptables de cette crise, mais nous avons le devoir d’informer parce que l’opinion cherche à comprendre ce qui se passe au Mali. Et c’est dans ce cadre que les deux confrères Claude Verlon et Ghislaine Dupont se sont rendus au Mali. Donc, les journalistes n’ont pas à payer de leur vie l’échec des politiques mises en place par les classes politiques. Les deux journalistes n’avaient pas à payer de leur vie parce qu’ils ont essayé de traduire le désarroi des simples populations du Nord-Mali. C’était de leur droit, c’était de leur devoir. Les meurtriers de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont doivent savoir qu’ils viennent de porter un coup, un coup très dur à la liberté d’expression. C’est dommage, puisqu’ils n’ont rien compris à la liberté de presse. Parce qu’eux-mêmes ils ont besoin de la presse. Les assassins auraient pu même demander à Claude Verlon et à Ghislaine Dupont de faire passer leurs points de vue. Et les deux journalistes, conformément à l’éthique et à la déontologie, l’auraient fait. Les assassiner, c’est tout simplement une vision très courte de ce que c’est que l’information, une vision très courte de leur action et une vision très négative de ce qu’ils veulent transmettre comme leur perception du monde, comme leur perception de ce que devrait être la lutte des peuples du Nord-Mali.

En ce moment même, au Mali, il y a une concertation des populations du Nord. Parce que le problème, à mon sens, est une question de décentralisation, de révision de la politique vis-à-vis des régions telle que cela a été menée. C’est à ce niveau, je pense, que les assassins devraient porter le débat et non s’en prendre à des journalistes innocents qui ne font que leur travail. C’est vraiment avec amertume que nous accueillons le double assassinat de Claude Verlon et de Ghislaine. Nous avons là une atteinte très grave à la liberté de la presse. Mais, cela ne doit pas refroidir l’ardeur des journalistes à aller là où il faut collecter l’information. Malgré les difficultés et les risques, les journalistes ne doivent pas renoncer à leur mission d’information. Maintenant, j’en appelle à tous ceux qui sont garants de la démocratie, soi-disant, les politiciens pour que réellement s’exerce le pouvoir dans le sens d’une démocratie réelle qui va nous épargner ces victimes ».

Propos recueillis par Grégoire B. BAZIE

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