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Le Burkina Faso entend surfer sur son « rayonnement » international pour favoriser les investissements étrangers.

Publié le jeudi 31 octobre 2013 à 18h00min

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Son « protocole » était là. Sa « com » aussi. Ainsi que son ministre délégué en charge de la Coopération régionale. Djibrill Y. Bassolé, quant à lui, était officiellement en déplacement avec le président du Faso à Kigali. La salle des conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale avait fait le plein : collaborateurs, diplomates, officiers supérieurs, journalistes… Pas le plein des grands jours mais le plein quand même. Orateur du jour : Beyon Luc Adolphe Tiao, Premier ministre du Faso.

D’où aussi, bien sûr, la présence de son staff. Ordre du jour : cérémonie d’ouverture de la 3ème conférence des consuls honoraires du Burkina Faso. Sur un thème dans l’air du temps gouvernemental : « Rôle des consuls honoraires dans la promotion des investissements étrangers au Burkina Faso ». En la matière, Tiao sait de quoi il parle. Avant d’être chef du gouvernement, il était ambassadeur en France et sait le poids dont pèsent les consuls honoraires dans l’image du Burkina Faso et le bon déroulement de sa diplomatie économique.

Les consuls honoraires étaient donc là. Pas tous, loin de là. Il n’est pas toujours facile de se libérer pour plusieurs jours de conférence au cœur de l’Afrique quand on est consul honoraire dans un pays du bout du monde comme le sultanat de Brunei Darussalam ou d’autres encore d’Asie et d’Amérique. Tiao a mis l’accent sur la disponibilité de ces hommes et de ces femmes qui, par passion pour un pays, lui consacrent du temps sans jamais espérer de rémunération.

« Au-delà des considérations politiques, économiques et géostratégiques, a souligné le premier ministre, les relations entre Etats sont aussi et avant tout le fait de personnes anonymes, acquises à une certaine cause, et animées d’idéaux qui leur permettent de travailler à la consolidation des rapports entre pays. En plus de leurs initiatives, les actions quotidiennes suscitées et promues par ces personnes de bonne volonté qui affectent positivement les relations entre pays sont à saluer et à encourager ». Des hommes et des femmes « anonymes » ; des hommes et des femmes de « bonne volonté ». Tiao a trouvé les mots justes pour décrire ce que sont les consuls honoraires.

Michel Planes est l’un d’entre eux. Ce barbu jovial, ancien notaire atypique, est consul à Perpignan pour la région Languedoc-Roussillon. Il illustre parfaitement la façon d’être de la Méditerranée Ouest française. Il est, me semble-t-il, un des derniers consuls honoraires créés en France. Il a été nommé en conseil des ministres le 4 juin 2010 ; et installé officiellement par l’ambassadeur Joseph Paré le 13 novembre 2011. Le Burkina Faso était déjà pour lui un pôle d’ancrage. Il y a dirigé, pendant une dizaine d’années, l’action de l’ONG « Travailleurs sociaux sans frontière ». Ce qui lui a valu d’être fait chevalier de l’Ordre national burkinabè.

Doyen des consuls honoraires, c’est lui qui a eu l’honneur d’intervenir à l’ouverture de la cérémonie d’hier matin. Pour dire que le job de consul honoraire était à « géométrie variable » et que leur rôle était « d’être utiles ». Ils le sont a dit Tiao. Ils sont des « facilitateurs de contacts entre les Etats dans le dispositif diplomatique ». Et c’est pourquoi il entend qu’ils puissent jouer un rôle dans la « mobilisation des ressources » afin que le Burkina Faso, dans un « contexte d’austérité » puisse faire face à « la réduction de ses capacités de financement ».

Tiao a rappelé que le Burkina Faso finance son budget à hauteur de plus de 75 % sur ses ressources propres mais que les défis à relever obligent à promouvoir, plus que par le passé, les investissements étrangers. Il a, à cette occasion, annoncé la très prochaine tenue d’une session du Conseil présidentiel des investissements*.

Il y a tout juste quatre mois, le 29 juin 2013, l’opposition politique burkinabè avait organisé une « marche » qui n’avait pas manqué d’ampleur. Et avait suscité bien des commentaires. Quelques questions politiques (Sénat, article 37) permettaient à l’opposition de mobiliser une population urbaine exacerbée par la vie chère et des perspectives d’avenir difficiles pour la jeunesse malgré la promesse d’une « émergence » prochaine (mais peu crédible). Le gouvernement semblait alors au creux de la vague. A tel point qu’il a, pour l’essentiel de ses membres à commencer par le premier ministre, fait l’impasse sur les congés d’été. La rentrée promettait d’être délicate ; pour l’instant, elle n’aura pas (tant mieux) tenu cette promesse.

« Notre pays connaît un rayonnement, une certaine notoriété et de la considération sur l’échiquier international » s’est félicité Lucien Marie Noël Bembamba, ministre de l’Economie et des Finances, après avoir été reçu en audience, le dimanche 13 octobre 2013, par le président de la Banque mondiale à Washington, Jim Yong Kim. Sérieux, rigueur, compétence, le Burkina Faso est crédible malgré les dysfonctionnements que l’on peut constater, ici et là, au sein de son administration « politique ». Il est, plus encore, omniprésent sur la scène africaine et internationale. Avec des résultats. Qui résultent d’une démarche réfléchie et structurée.

Bembamba ne peut que s’en réjouir et en recueillir les fruits. « C’est vrai que ce n’est pas courant que le président de la Banque mondiale rencontre personnellement les délégations au cours de ces assemblées […] Le président Kim de la Banque mondiale veut faire du Burkina un modèle de réussite de la politique qu’il veut imprimer à la Banque mondiale, notamment pour éradiquer l’extrême pauvreté et promouvoir la prospérité partagée […] Il s’est personnellement engagé à nous accompagner surtout pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et ce à travers des actions plus concrètes et plus visibles »**. Avec un taux de croissance démographique de 3,1 % l’an, il est vrai que la croissance économique est vite plombée et qu’il faut atteindre des scores exceptionnels pour que les choses bougent.

Bembamba dit que la Banque mondiale veut porter l’effort sur le secteur d’activité qui crée des revenus pour les plus pauvres : agriculture et sécurité alimentaire ; sans négliger les secteurs sociaux : éducation et santé. « Dans tous les cas, a souligné Bembamba, cette thérapeutique de la redistribution des fruits de la croissance sera désormais au cœur des programmes que nous aurons avec les institutions de Bretton Woods ». C’est donc la même problématique, celle de la « croissance partagée », avec le FMI qui va engager un nouveau programme avec le Burkina Faso dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) tout en accordant certains prêts concessionnels en vue de financer des projets infrastructurels importants.

Pas de politique économique sans politique sociale, c’est le leitmotiv gouvernemental. Qui répond aux attentes d’une population lasse d’entendre évoquer la bonne santé diplomatique et économique du Burkina Faso sans que, socialement, sa situation évolue significativement. C’est aussi, pourquoi, la conférence des consuls honoraires du Burkina Faso a pris un sens tout particulier cette année. Prendre à témoin le reste du monde que Ouagadougou a pour priorité la « croissance partagée ». Y compris avec ses partenaires étrangers.

* La création du Conseil présidentiel des investissements a été proposée lors de la rencontre annuelle secteur public-secteur privé de Bobo Dioulasso, en 2007, au nom du conseil d’administration de la Maison de l’entreprise du Burkina Faso (MEBF). Cette création résulte d’une mission organisée du 8 au 12 août 2007 à Maurice, conduite par Jean-Baptiste Compaoré, ministre de l’Economie et des Finances. Rappelons que la MEBF a été créée le 10 septembre 2002 avec le concours de la Banque mondiale, de la Chambre de commerce et du patronat burkinabè. Son créateur a été Alain R. Coefe, alors président de la commission promotion du secteur privé à la Chambre de commerce, qui en a été le premier président de son conseil d’administration.

** Toutes les citations du ministre Lucien Marie Noël Bembamba sont extraites de l’entretien qu’il a accordé à Pierre Waongo, attaché de presse de l’ambassade du Burkina Faso à Washington (Sidwaya du mardi 22 octobre 2013).

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 1er novembre 2013 à 06:45, par verite no 1 En réponse à : Le Burkina Faso entend surfer sur son « rayonnement » international pour favoriser les investissements étrangers.

    Je constate que ce journsliste est pire qu’un griot.

  • Le 2 novembre 2013 à 20:47, par Le Sage. En réponse à : Le Burkina Faso entend surfer sur son « rayonnement » international pour favoriser les investissements étrangers.

    Écoutez, M. BÉJOT, il y a des choses que vous ignorez dans ce pays de savane pourtant. Sans faire dans la dentelle, je désapprouve la belle hypocrisie du 1er Ministre Luc Adolphe TIAO que je connais très bien qui reconnaît la nécessité de l’implication des consuls honoraires dans les actions de développement au Burkina Faso, mais, en même temps ne fait RIEN, mais là, RIEN pour promouvoir ces actions de développement. Alors vos belles phraséologies, vous pouvez les garder pour vous.
    Quant au saut du coq à l’âne sur les rapports entre Le Ministre Bembemba avec le Président de la banque Mondiale, je ne vois pas ce que cette coopération financière a à voir avec la conférence des consuls honoraires d’ailleurs boudée par les intéressés ( sur 80 consuls honoraires, seul 1/4 était présent à Ouaga. Cela apprendra à nos autorités à ne prendre que des étrangers) qui sont pensent-ils plus patriotes que les burkinabè.
    M. BÉJOT, savez-vous que le Ministre des Finances est le mari de la petite sœur du. Président du Faso ? Si vous voulez sérieusement faire votre travail de journaliste, vous devez avoir toutes les bonnes informations à savoir que ce ministre des finances est à l’abri du besoin s’il n’est milliardaire alors qu’au Burkina, nombreux sont les couches fragiles qui n’arrivent pas à assurer un repas par jour. C’est de ceux-là que ces gouvernants parlent au nom de....alors qu’eux-même ont réalisé leur propre développement. Tant que vous, BÉJOT et les gouvernants ne vont pas cesser d’être sectaires et partiaux, il n’y aura pas de salut. Depuis ma naissance, je n’ai jamais vu prospérer le MAL. Resaissisez-vous.....

  • Le 3 novembre 2013 à 05:57, par Le Sage. En réponse à : Le Burkina Faso entend surfer sur son « rayonnement » international pour favoriser les investissements étrangers.

    Écoutez, M. BÉJOT, il y a des choses que vous ignorez dans ce pays de savane pourtant. Sans faire dans la dentelle, je désapprouve la belle hypocrisie du 1er Ministre Luc Adolphe TIAO que je connais très bien qui reconnaît la nécessité de l’implication des consuls honoraires dans les actions de développement au Burkina Faso, mais, en même temps ne fait RIEN, mais là, RIEN pour promouvoir ces actions de développement. Alors vos belles phraséologies, vous pouvez les garder pour vous.
    Quant au saut du coq à l’âne sur les rapports entre Le Ministre Bembemba avec le Président de la banque Mondiale, je ne vois pas ce que cette coopération financière a à voir avec la conférence des consuls honoraires d’ailleurs boudée par les intéressés ( sur 80 consuls honoraires, seul 1/4 était présent à Ouaga. Cela apprendra à nos autorités à ne prendre que des étrangers) qui sont pensent-ils plus patriotes que les burkinabè.
    M. BÉJOT, savez-vous que le Ministre des Finances est le mari de la petite sœur du. Président du Faso ? Si vous voulez sérieusement faire votre travail de journaliste, vous devez avoir toutes les bonnes informations à savoir que ce ministre des finances est à l’abri du besoin s’il n’est milliardaire alors qu’au Burkina, nombreux sont les couches fragiles qui n’arrivent pas à assurer un repas par jour. C’est de ceux-là que ces gouvernants parlent au nom de....alors qu’eux-même ont réalisé leur propre développement. Tant que vous, BÉJOT et les gouvernants ne vont pas cesser d’être sectaires et partiaux, il n’y aura pas de salut. Depuis ma naissance, je n’ai jamais vu prospérer le MAL. Resaissisez-vous.....

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