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CEDEAO : John Kufuor passe la main à Mamadou Tandja

Publié le samedi 22 janvier 2005 à 09h23min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré a participé, aux côtés de ses pairs de la sous-région, le 19 janvier 2004, au "House of parlement" d’Accra (Ghana) à la 28e session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Un sommet qui a permis à la CEDEAO de se doter d’une Politique agricole commune (PAC), de passer en revue son action sur le terrain et de désigner un nouveau président en remplacement du président ghanéen dont le mandat était arrivé à terme.

Onze chefs d’Etat étaient mercredi à Accra pour la 28e session de la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO. Il s’agit de John Kufuor (Ghana), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Mathieu Kérékou (Bénin), Abdoulaye Wade (Sénégal), Amadou Toumani Touré (Mali), Mamadou Tandja (Niger), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Charles Gyude Bryant (Libéria), Yahya Jammeh (Gambie) et Henrique Pereira Rosa (Guinée-Bisau). La Sierra-Léone a été représenté par son vice-président, Solomon Berewa et le Togo par son Premier ministre, Kofi Sama. Passant en revue les activités de leur organisation, les chefs d’Etat ont insisté sur la nécessité d’instaurer davantage le dialogue, la tolérance dans les relations entre pays membres. Cela pourrait apporter, de leur avis, plus de paix et de stabilité à la sous-région. Ils ont en outre, décidé de poursuivre les réformes entreprises au sein de leur organisation en vue de la rendre encore plus performante. Ils ont aussi adopté le rapport annuel du secrétaire exécutif de la CEDEAO et pris connaissance des travaux des 52e et 53e session du Conseil des ministres. Il ont également approuvé la nouvelle politique agricole de la CEDEAO qui vise à garantir une sécurité alimentaire durable et une gestion judicieuse des ressources naturelles. Les chefs d’Etat qui ont par ailleurs, donné leur accord pour la mise en œuvre du plan-cadre pour l’amélioration de l’approvisionnement en électricité de la région estiment que ces nouvelles mesures et instruments permettront de réguler le commerce dans la zone tout en y réduisant le coût de la production et facilitant la participation du secteur privé dans tous les secteurs de la vie économique régionale. Ce plan-cadre nécessitera dans sa phase exécution, des investissements de l’ordre de 16 milliards de dollars pour la production et la transmission de l’électricité. Evoquant le bilan des deux mandats du président Kufuor à la tête de la CEDEAO, les chefs d’Etat ont noté que sous sa houlette, l’Organisation ouest-africaine a renoué avec sa vocation initiale : l’intégration économique.

John Kufuor a notamment réussi à obtenir de la Banque mondiale, 4, 5 milliards de dollars pour le développement des infrastructures de la région. Il a également œuvré à raviver le Fonds de la CEDEAO qui ambitionne de capitaliser 500 millions de dollars de contribution des Etats membres pour une relance des liens commerciaux au sein de ce bloc de 25 millions de personnes. La création d’une seconde zone monétaire (Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest-ZMO) regroupant la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Nigeria et la Sierra-léone dans l’espace CEDEAO a aussi constitué une activité phare de John Kufuor. Le président ghanéen s’est aussi investi dans la résolution des conflits (Liberia, Sierra Léone). Il quitte cependant la CEDEAO au moment où la crise en Côte d’Ivoire reste d’actualité malgré tous ses efforts et bons offices. Concernant la Côte d’Ivoire du reste, le sommet apporte son soutien à l’initiative de paix de l’Union africaine (UA).

Tandja, un choix de consensus

Les chefs d’Etat qui ont désigné le président nigérien, Mamadou Tandja pour succéder à John Kufuor ont également apporté un soutien à la Guinée-Bisau qui doit organiser bientôt des élections importantes de son histoire.

Sur le choix de Mamadou Tandja, le secrétaire exécutif de la CEDEAO expliquera que le président nigérien a été élu par ses pairs, par consensus.

"M. Tandja a été, il y a deux ans, président en exercice de l’UEMOA (Union économique et monétaire de Ouest-africaine ; c’est quelqu’un qui est bien considéré par tout le monde. Personne n’a de problème avec lui. Il va nous permettre de poursuivre nos efforts pour la paix en Côte d’Ivoire, au Liberia et en Guinée-Bisau, " a déclaré le Ghanéen, Ibn Chambas.

Le sommet d’Accra voit donc la EDEAO repartir du bon pied avec à la clé, les femmes de l’Afrique de l’Ouest qui entendent participer plus à l’évolution de leur organisation. Des femmes qui ont réclamé à Accra, au moins 30% de présence dans les instances sous-régionales, y compris au niveau des chefs d’Etat.

Victorien A. SAWADOGO
visaw@yahoo.fr
Envoyé spécial à Accra.


Encadré

Youssouf Ouédraogo

"La CEDEAO gagne en crédibilité"

Le ministre des Affaires étrangères fait le bilan de la participation de notre pays au 28e Sommet de la CEDEAO.

Youssouf Ouédraogo pense que l’organisation communautaire y a franchi un pas important dans son évolution.

Youssouf Ouédraogo : Les chefs d’Etat ont d’abord salué l’état d’avancement du processus d’intégration de la CEDEAO. C’est une organisation qui, au fil du temps, fait la preuve que la volonté politique peut aider énormément à l’avancée des peuples.

Sur le terrain politique, la question de la paix, de la stabilité, de la sécurité est un des volets les plus importants. La CEDEAO est une des régions qui avaient été pendant longtemps, paisible mais qui, ces dernières années, a été frappée de grands conflits, notamment en Côte d’Ivoire. Avant, c’était la Sierra-Léone et la Guinée-Bisau. Les chefs d’Etat se sont focalisés sur la nécessité de continuer de travailler de concert avec l’Union africaine à trouver les solutions définitives aux conflits et à œuvrer au renforcement de la démocratie. C’est en effet, ces dispositions qui stabilisent les sociétés et qui permettent de renforcer le développement économique.

Mais, il y a aussi les autres mécanismes d’intégration, notamment le respect des règles communautaires de libre circulation des personnes, des biens et des services, les mécanismes de prélèvement communautaire de solidarité qui doivent permettre à la CEDEAO de disposer de ressources de façon à être plus autonome dans le financement de ses activités et le développement des infrastructures.

Les chefs d’Etat ont aussi adopté une politique agricole commune. C’est un grand pas en avant. Ils ont également abordé les questions internationales. Ce qui leur a permis de discuter de la réforme de l’ONU, notamment du Conseil de sécurité.

Ils ont adopté à ce sujet une position commune qu’ils comptent défendre au prochain Sommet de l’Union africaine qui se tiendra à Abuja en République fédérale du Nigeria à la fin du mois de janvier . Ils veulent faire en sorte que l’Afrique soit présente avec des membres permanents au Conseil de sécurité comme le Sommet de Hararé l’avait déjà recommandé. C’était en 1997. Au total, nous avons le sentiment que la CEDEAO gagne en crédibilité et que malgré les difficultés qui jalonnent le monde actuel, la communauté est un espace de convergence qui se construit chaque jour.

C’est aussi une zone où la volonté politique est réaffirmée chaque jour pour résoudre les difficultés qui surviennent.

C’est aussi un espace de développement, c’est la raison pour laquelle le Burkina Faso, par la voix du président Compaoré, a réaffirmé le soutien de notre pays à toutes les initiatives qui sont développées par la CEDEAO afin d’accroître la capacité autonome des 15 Etats membres, à promouvoir un développement durable dans leur région. C’est en cela que nous accueillons favorablement le renforcement de la Banque d’investissement de la CEDEAO.

C’est d’ailleurs un Burkinabè qui la dirige. Nous nous félicitons en outre, des réformes entreprises au sein du secrétariat exécutif pour l’adapter aux exigences du nouveau monde. Cela pourrait se concrétiser avec la nomination de commissaires.

De plus en plus, il ne faut pas seulement promouvoir des idées, mais surtout mettre l’accent sur les capacités de résolution de problèmes. Cela ayant en plus l’avantage de nos rapprocher du monde.

S. : Quelle lecture, les chefs d’Etat ont fait de la décision du Conseil de paix de l’UA de soutenir un éventuel référendum en Côte d’Ivoire ?

Y.O. Les chefs d’Etat ont, à la lumière du Conseil de paix de Libreville, estimé que la lecture que les membres du Conseil de paix ont eue est flexible. Ils demandent que des conditions soient remplies pour le référendum. Si cela n’est pas fait, il revient aux chefs d’Etat à la fois de la CEDEAO et de l’Union africaine de reconsidérer les positions.

Ce n’est pas un débat qui est clôturé.

Propos recueillis par Victorien A. SAWADOGO
(visaw@yahoo.fr),
Envoyé spécial à Accra
Sidwaya

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