LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

Publié le jeudi 17 octobre 2013 à 17h43min

PARTAGER :                          

Lorsque, il y a quelques années de cela, les premiers lingots d’or ont été produits au Faso, ils étaient nombreux, les Burkinabè, qui pensaient que le pays avait définitivement tourné le dos à la misère. Effectivement, de nos jours, le Burkina est un pays grand producteur d’or. Ce métal a contribué pour plusieurs dizaines de milliards au budget de l’Etat. En principe, le pays des Hommes intègres devrait changer de visage. Tous les secteurs d’activités devraient pleinement profiter de ce boom. Et pourtant, la réalité est toute autre.

Certes, l’exploitation de l’or est un fait palpable, mais son impact reste peu visible sur les Burkinabè. Les populations continuent d’être confrontées aux mêmes difficultés de survie. Plus grave, même les communes d’accueil de ces sites aurifères n’ont pas véritablement tiré de profits de cette exploitation. Dans ces villages, il y a eu tout au plus quelques constructions d’infrastructures scolaires et sanitaires. Les routes, par contre, sont toujours dans un état qui laisse à désirer. Le grand espoir des populations qui voyaient dans l’ouverture de ces sites une bonne occasion de création d’emplois pour leurs jeunes a été déçu. C’est cela qui explique, par moments, des mouvements de protestation dans certaines localités.

En fait, la question de la gestion de l’exploitation de notre sous-sol a été mal engagée. Dans l’euphorie générale au début, les textes qui ont été pris pour encadrer l’exploitation de ces gisements ont déroulé un boulevard aux sociétés minières. Sous prétexte d’encourager les investissements au Faso, trop de facilités ont été faites aux investisseurs. Ainsi, les sociétés se sont-elles retrouvées avec beaucoup de droits et très peu de devoirs. Pour leur permettre de rentrer dans certains de ces droits, les pouvoirs publics n’hésitent pas à utiliser la manière forte avec notamment la réquisition des forces de l’ordre. C’est encore ce secteur qui bénéficie d’arrangements fiscaux au point de donner raison à ceux qui pensent que derrière toutes ces sociétés se trouvent les gourous du système en place. Il est donc plus que temps qu’un domaine aussi sensible soit soumis à une régulation comme on en trouve dans les secteurs des marchés publics, de l’électricité et des télécommunications. La seule appartenance à l’Initiative pour la transparence des industries extractives n’est pas un gage suffisant pour laisser s’installer ce que le grand public perçoit parfois comme un non-droit dans le secteur.

Il n’est donc pas surprenant que les zones minières deviennent, paradoxalement, une concentration de misères. C’est effectivement en ces lieux que les mœurs sont dépravées avec une prostitution galopante. C’est là-bas aussi que sont sérieusement compromis le devenir et l’avenir du Faso. On y assiste à la désertion des classes par les élèves. L’or fait tellement rêver que les parents salivent sur les gains immédiats au lieu d’investir dans l’éducation. Les classes se vident au profit des sites miniers. L’environnement, lui aussi, a pris un grand coup avec la destruction du couvert végétal. L’introduction des produits toxiques amplifie cette menace car, naïvement, les populations se font complices comme l’atteste la récente saisie, à la frontière avec le Ghana, d’une importante quantité de cyanure. Ce produit, non seulement, ruine le sol, mais empoisonne les eaux et par conséquent tue à petit feu les Hommes du Faso.

Malgré la gravité de la situation, l’Etat burkinabè est resté imperturbable. La seule initiative sérieuse est venue du Conseil économique et social qui a préconisé la mise en place d’un fonds financé par les compagnies minières et par l’Etat pour réaliser des investissements attendus des populations. Sauf que, de nos jours, le cours du métal jaune pique du nez.

Adam Igor

JJ

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 octobre 2013 à 05:37, par IB En réponse à : Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

    Mon cher journaliste, à qui la faute comme le dirait quelqu’un.Mais sachez que les sites aurifères sont différents des gisements ou mines d’or exploités par les sociétés étrangères en général. Les sites aurifères sont anarchiquement et essentiellement exploités par les populations locales. Donc les retombées économiques de cette exploitation vont dans la poche de ces populations. Et ce ne sont pas ces populations qui vont construire des routes. Des textes existent pour l’organisation et l’encadrement des sites aurifères mais les autorités sont submergées et ont abandonné toute tentative dans ce sens (manque criard de personnel et de moyens). Quant aux grands gisements d’or exploités par les sociétés étrangères, là l’activité est encadrée par une loi et la part de l’Etat est garantie. Maintenant c’est l’Etat qui ne joue pas son rôle en finançant des projets au bénéfice des populations des zones concernées. Et comme je l’ai dit souvent, toutes les recettes engrangées par l’Etat de la part des sociétés minières sont connues publiquement grâce à l’adhésion du Burkina à l’ITIE. C’est à la société civile de jouer son rôle en demandant des comptes à l’Etat.

  • Le 18 octobre 2013 à 08:40 En réponse à : Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

    Voila des genre d’article tres dangereux qui entretiennent volontairement et a dessein une confusion dan l’esprit des gens. Comment peut ont mélanger les pratiques des sites miniers "modernes" avec celles des sites aurifere d’orpaillage ? Est-ce que vous avez vu un seul site minier (Essakane, Bissa, semafo, taparko, youga, kalsaka, perkoi, ...) ou la prostitution est developpée ? Est ce que vous avez vu un seul site moderne ou emploi des enfants ? ou on utilise anarchiquement des produits chimiques ? ça n’existe pas. Les societies minieres modernes commandes officiellement leur produit chimiques (Cyanur) et c’est escorté au vu et au su de tout le monde. D’ou vien alors la confusion qu’on à saisi 2 tonne de Cyanur par la douane ? Arretez de mélanger et de semer la confusion dans l’esprit des gens entre les sites miniers "modernes" et les sites d’orpaillage.

  • Le 18 octobre 2013 à 09:54, par ildo33 En réponse à : Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

    Bel article, mais vous êtes en retard en matière d’information.
    Le nouveau code minier récemment adopté (Début octobre) a fortement réduit les avantages initialement accordés avec créations de fonds pour les générations futures et pour la commune d’implantation.
    je vous invite à rechercher l’information juste et à corriger votre article.
    Cordialement

  • Le 18 octobre 2013 à 10:50 En réponse à : Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

    Le savez vous ? Il existe des services de l’état qui n’ont pas encore exécutés les décisions sur le relèvement des salaires prise en septembre. Est ce admissible ?

    • Le 18 octobre 2013 à 15:17, par Bénéwindé En réponse à : Exploitation minière : Cet or qui brille pâle

      Mon ami de 10:50, vous êtes hors sujet ; l’article parle des retombées de l’exploitation de l’or au Burkina et non du relèvement des salaires des fonctionnaires.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND