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Israël - Palestine : Après Arafat, la paix des braves ?

Publié le mercredi 19 janvier 2005 à 07h39min

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Il y a une dizaine de jours était élu à la présidence de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas dit Abou Mazen, qui succède ainsi à feu Yasser Arafat, décédé il y a deux (2) mois. D’un autre côté, Ariel Sharon, qui avait fort affaire avec sa coalition en Israël, réussissait à former, avec le parti travailliste de Shimon Pérès et le petit parti ultraorthodoxe du judaïsme unifié de la Torah, un cabinet.

Ce qui lui permet d’envisager avec plus de sérénité le retrait unilatéral de la bande de Gaza. La question qui nous vient à l’esprit est de savoir si la nouvelle autorité palestinienne et la nouvelle coalition au pouvoir en Israël parviendront à tourner la page d’un conflit qui dure depuis près de soixante (60) ans.

La haine que peuvent nourrir ou que nourrissent des frères et/ou sœurs les uns envers les autres est inversement proportionnelle à l’amour fraternel qu’ils éprouvent les uns pour les autres. Les Arabo-musulmans et les Juifs qui sont tous deux des descendants d’Abraham du fait que les premiers ont pour ancêtre Ismaël et les seconds, Isaac (tous deux fils du célébre patriarche) n’échappent pas à cette règle.

Cette inimitié est si parfaite que ses développements et ses conséquences se sont étendus au monde entier, mettant ainsi en danger toute la planète terre. En effet, que n’a-t-on pas dit ou fait au nom de la cause palestinienne ?

En envahissant le Koweit au début des années 1990, Saddam Hussein, pour qui ce pays n’était qu’une province irakienne, s’était prévalu du fait que si Israël pouvait occuper des territoires arabes et surtout palestiniennes sans que la communauté internationale, malgré les résolutions de l’Organisation des nations unies (ONU), ne puisse rien y changer, qu’est-ce qui pouvait l’empêcher, en tant que président d’Irak, de s’approprier un territoire qu’il estime appartenir à son pays.

Les attentats sont légion qui ont été perpétrés contre des synagogues, des intérêts juifs, européens et americains, des personnes individuelles occidentales, des lieux publics, des ambassades au nom de la lutte pour le triomphe de la cause palestinienne. Des cimetières juifs ont été profanés pour la même raison. Même les pays arabes ou comptant des musulmans au sein de leur population ont été victimes de ce genre d’action.

En Israël et dans les territoires occupés, les attaques suicides du côté palestinien et les représailles du côté israélien se succèdent quasi quotidiennement avec leurs lots de victimes innocentes, contribuant ainsi à reporter aux calendes grecques toute perspective de règlement pacifique du conflit.

Tant et si bien qu’aujourd’hui le monde est devenu moins sûr, car les situations en Afghanistan et en Irak ont été greffées à la défense de la cause palestinienne par des organisation de la terreur aveugle comme arme de lutte contre un Occident (et singulièrement les Etats-Unis) qu’elles accusent d’être contre l’islam et les musulmans.

Au regard de ce tableau, dont la couleur sombre n’échappe à personne, la paix entre Israël et ses voisins arabes à commencer par la Palestine ressemble à la ligne d’horizon qui, à mesure qu’on s’en approche, s’éloigne.

Faut-il pour autant désespérer ?

Reconnaître que la situation du monde sur le plan sécuritaire s’est complexifiée par rapport à celle d’avant le 11 septembre 2001 n’est pas une trouvaille.

Quotidiennement les faits nous rappellent que malgré le triomphe de la démocratie et de la (relative) paix en Afghanistan, la chute de Saddam Hussein, les élections démocratiques qui se profilent en Irak et la renonciation par la Libye de son programme nucléaire militaire, les citoyens du monde sont plus inquiets aujourd’hui qu’hier.

Cela, c’est une attitude réaliste qui tire sa source des faits. Mais pour dramatiques qu’ils puissent être ou paraissent, ces faits ne doivent pas conduire au pessimisme ou au défaitisme. Des raisons ? Eh bien en voici quelques-unes :

Il n’est point de conflit qui ne se termine pas par la paix soit par la suite d’un accord soit par le manque de combattants. La guerre dite de cent ans, qui a opposé la France des Capetiens et l’Angleterre des Plantagnets s’est quand même soldée par la paix. Il en sera ainsi un jour du conflit israélo-arabe.

L’administration Bush II est bien consciente que le soutien que les Etats-Unis ont toujours apporté à l’Etat hébreu n’est pas antithétique avec la nécessité d’exercer des pressions sur le gouvernement Sharon dans le sens de la reprise du processus de pays.

La lutte contre le terrorisme passe aussi par la résolution de la question palestinienne, que les criminels de tout bord utilisent comme prétexte. Effectivement, si la chasse aux terroristes est une action dont on ne peut discuter la pertinence, la résolution des conflits (tels que celui du Moyen-Orient) par la voie diplomatique est également un moyen efficace de combat des sources d’inspiration des idéologies terroristes.

Du côté palestinien, l’avènement de Mahmoud Abbas à la tête de l’autorité est intervenu à un moment important de la lutte de son peuple : si par respect pour Yasser Arafat, les hauts responsables palestiniens ne critiquaient pas l’intifada armée et les attaques suicides, aujourd’hui ils reconnaissent que ces méthodes de lutte ont montré leurs limites.

Mieux, le numéro 1 palestinien lui-même l’a relevé officiellement. Certes, on ne peut manquer de louer le courage et la hardiesse des candidats au suicide ; on ne peut non plus manquer de saluer la détermination qui consiste à se sacrifier pour la cause de son peuple.

Cependant, on peut douter de l’efficacité de ces attaques ; elles entraînent de très violentes réactions de la part d’Israël et cristallisent les positions des uns et des autres. En reconnaissant que l’intifada armée et les attaques suicides peuvent être contre-productives, M. Abbas a fait un grand pas.

Il faut espérer qu’il soit compris des siens et que quelque extrémiste ne lui fasse pas subir le même sort que celui de l’ancien premier ministre israélien Yitzhak Rabin assassiné par un extrémiste juif (Yeshiva) le 5 novembre 1995 alors qu’il s’apprêtait à signer un accord de paix avec Yasser Arafat.

La nouvelle coalition dirigée par Ariel Sharon et qui compte en son sein des travaillistes est bien partie pour réaliser le retrait unilatéral de la bande de Gaza. Et si les choses se révélaient concluantes, il est à parier que d’autres initiatives suivront. A l’évidence, cette initiative à des limites objectives car il faut être au moins deux pour faire la paix alors que Ariel Sharon semble décidé à la faire tout seul.

Néanmoins, la suite dépendra de la façon dont l’après-retrait sera géré par l’autorité palestinienne. Par ailleurs, il n’est pas naïf de penser que la présence des travaillistes au sein de l’équipe Sharon contribuera à atténuer les velléités extrémistes et radicales de la fraction la plus à droite du Likoud.

Enfin les autres grands acteurs de la vie inernationale comme l’Union européenne, la Russie, la Chine et le Japon ne manqueraient pas, si des signaux étaient émis par les différentes parties, d’apporter leur contribution au solutionnement du conflit.

En plus de ces raisons, il n’est pas inopportun d’attirer l’attention d’Israël sur le fait que malgré la bonne volonté de Mahmoud Abbas, sa marge de manœuvre ne sera grande qu’au fur et à mesure qu’il va réformer l’autorité palestinienne, les forces de sécurité et l’économie pour asseoir son pouvoir. Il lui faudra donc du temps.

C’est dire que pendant encore quelques semaines voire quelques mois, des attaques suicides ou aux roquettes ne sont pas à exclure.

Non pas que la nouvelle autorité donne sa bénédiction aux initiateurs de telles actions, mais parce que cela relève des résidus de l’intifada armée. Les victimes de ces actions et leurs ayants-droit ne seront certainement pas du même avis que nous, mais il est indiscutable qu’aucun homme d’Etat n’a jamais pris, d’un coup de baguette magique, le contrôle d’un appareil.

C’est dire qu’Israël et la Palestine, pour la première fois depuis 1995 (année de l’assassinat de Yitzhak Rabin), ont des chances pour parvenir à la paix à condition que les parties concernées soient mues par de bonnes intentions et que la communauté internationale les y aident.

Zoodnoma Kafando
sidwaya

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