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Yiboula Emmanuel BAZIÉ : D’une bourgade ocre du Sanguié aux airs enfumés en Europe…

Publié le mercredi 16 octobre 2013 à 21h41min

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Yiboula Emmanuel BAZIÉ : D’une bourgade ocre du Sanguié aux airs enfumés en Europe…

Yiboula Emmanuel BAZIÉ, 33 ans, vit et travaille en Espagne depuis 8 ans déjà. Bazié a atterrit à Castilla y Léon, région située au nord-ouest d’Espagne, sans réellement réaliser que son rêve était déjà devenu réalité. Avoir une nouvelle chance, une opportunité dans la vie ; et c’est tout ce qui tourmentait Yiboula, perdu entre ce que son imaginaire lui offrait comme destin brumeux et la dure réalité de son Réo natal. C’est à REMAR – BURKINA (ONG espagnole de réhabilitation et de Réinsertion des Marginaux) qu’Emmanuel Bazié expérimente véritablement le volontarisme, l’action humanitaire.

Avec cette ONG qui travaille au Burkina depuis déjà des décennies, Bazié a non seulement roulé sa bosse dans les villes principales du Burkina (Ouaga, Bobo, Koudougou, Ouahigouya. Etc.), mais a pu surtout tisser sa toile de contacts utiles tout en travaillant pour la réinsertion de ses « frères » burkinabè. « Un jour, j’ai rencontré un groupe de médecins espagnols qui venait chaque année au Burkina pour collaborer avec REMAR dans le cadre du développement sanitaire et éducatif… » Dira Bazié pour entamer la conversation. O

ui, tout commence UN JOUR ! Et il suffit d’un jour pour que le changement arrive. Du moins c’est ce qui s’est passé avec Emmanuel : « Un après-midi de mars 2005, j’échangeais avec Dr Antonio Martinez, du groupe de médecins venus en appui à REMAR. Durant notre conversation, ce grand monsieur a sans doute senti en moi une détermination à aller de l’avant ; à apprendre pour mieux servir… Il m’a lancé tout de go : « veux-tu aller te former en Espagne ?  » Yiboula a répondu oui sans même s’en rendre véritablement compte. Il a répondu au Dr Antonio comme s’il répondait à n’importe quel autre expatrié qui oserait lui poser cette question. Et pourtant, machinalement, Emmanuel venait de sceller une décision des plus importantes de sa vie.

Deux semaines après ces échanges informels avec « son blanc » et dix jours après l’arrivée du spécialiste en ophtalmologie chirurgicale en Espagne et voilà que Bazié recevait un appel téléphonique de Dr Antonio Martinez : « As-tu réfléchi ? Veux-tu réellement venir te former ? » Encore une fois, Bazié a dit un « OUI » mécanique avant d’ajouter humblement «  …si l’opportunité se présentait… » ; Tentant plutôt de se convaincre lui-même que de persuader son interlocuteur à l’autre bout du fil.

A partir de cette courte conversation téléphonique, tout allait trop vite pour Emmanuel. A peine un mois plus tard, Yiboula Emmanuel Bazié détenait déjà son passeport avec un visa de long séjour (espace Schengen) estampé dessus.

Yiboula atterrissait à Léon (nord-ouest d’Espagne) le matin du 29 avril 2005 sans réaliser qu’il ne parlait même pas un mot d’espagnol, sans savoir vraiment quelle formation professionnelle il désirait suivre et sans même avoir le temps de bien dire au revoir aux siens restés au pays. Mais Dr Antonio le « sauveur » de Yiboula, avait déjà tout prévu : cours intensifs dans une académie officielle de langue espagnole et son inscription assurée à l’Union Militaire d’Emergences (UME).

« Durant mes deux années de formation à l’UME dans les ELIF (ndlr, Eléments de Lutte contre les Incendies Forestières), par l’entremise de Dr Antonio encore, j’ai rencontré une précieuse infirmière de Léon du nom de Olga Gancedo Rodriguez (….) Et elle est désormais mon épouse…  » Lança Bazié souriant, comme s’il annonçait le clou d’une cérémonie.

Mais pour nous l’histoire ne s’arrêtait pas là ; Bazié tellement modeste, ne nous avait même pas parlé de son travail. Il a fallu que nous le relancions à propos ; il ajouta : « grâce à Dieu et à ma belle-famille, j’ai été intégré à la Brigade des Incendies forestiers comme brigadier spécialisé aux émergences internationales hélico portées. Ici pour l’instant je suis plutôt focalisé aux incendies forestiers. Nous chargeons l’eau, nous survolons les zones en flamme (surtout en été) et nous déversons la charge…  »

Voilà comment en une petite phrase, Yiboula nous résumait le travail noble qu’il accomplit dans les airs européens et même au-delà.

Tout aussi noble c’est ce qui lui tenait à cœur et qu’il a pu réaliser au profit des siens. En effet, en février 2011 le couple Bazié et un groupe d’amis professionnels spécialisés en coopération et développement social au tiers monde effectuaient un voyage au Burkina en vue de créer une ONG d’aide et de coopération. En mettant en place l’Association Humanitaire D’Aide au Burkina Faso (AHDABF), Yiboula ne fait que répondre à un désir venant du cœur ; tout comme lui en a bénéficié, il voudrait aussi que d’autres jeunes de sa contrée, de son pays aient aussi cette seconde chance qui peut venir de nulle part.

Roland Zongo Sanou (correspondant Espagne)

Lefaso.net

Lire aussi : Burkina-Espagne : l’AHDABF fait son « show » pour le Développement du Faso

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