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Avis sur les perspectives agricoles et alimentaires 2013 / 2014 au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Publié le vendredi 20 septembre 2013 à 13h25min

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 Avis sur les perspectives agricoles et alimentaires 2013 / 2014 au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Des conditions agrométéorologiques favorables à une production
agropastorale moyenne à bonne, malgré une installation tardive des cultures

Du 17 au 19 septembre 2013, s’est déroulée à Niamey au Niger, la concertation régionale du
Dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires (PREGEC) au Sahel et en
Afrique de l’Ouest sur les perspectives agricoles et alimentaires. Au sortir de cette concertation, les
systèmes régionaux d’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ont fait les constats
suivants :

La campagne agropastorale, marquée par une installation tardive des pluies, est caractérisée par
une pluviométrie faible et irrégulière de mai à mi juillet. Une reprise significative de la pluviométrie a
été observée à partir de mi juillet et s’est intensifiée au cours du mois d’août occasionnant par
endroits des inondations. Globalement, les pluies recueillies ont été assez bien réparties dans le
temps et dans l’espace depuis le mois d’août. Même si, les cumuls saisonniers sont en général plus
faibles que ceux de l’année passée exceptionnellement pluvieuse, ils sont supérieurs à la normale
1971-2000.

Sur le plan hydrologique, les débits des différents cours d’eau ont débuté leur évolution de manière
timide. A partir de juillet, ils ont atteint des niveaux proches de ceux de l’an passé et supérieur à la
moyenne. Le niveau de remplissage des barrages évolue normalement, ce qui présage de bonnes
disponibilités d’eau pour la production agricole de contre-saison.
Comme conséquences de la physionomie de la pluviométrie et de l’hydrologie, les semis ont
globalement accusé des retards et des re-semis ont été observés en juin et juillet et par endroits en
août. A partir de fin juillet, les cultures ont bénéficié d’assez bonnes conditions hydriques et de la
mise à disposition des intrants pour leur croissance et développement végétatif. La majorité des
cultures sont en phase de reproduction et maturation. Seuls les semis tardifs sont actuellement en
phase de croissance végétative et ont besoin d’apports hydriques jusqu’en octobre 2013. Les
rendements espérés seront équivalents à supérieurs à la moyenne 1971-2000 et inférieurs dans
certaines localités du Nord Sénégal, des régions de Tillabéri, de Tahoua et l’Est de Zinder au Niger, les
Wilaya du Gorgol et de Guidimakha de la Mauritanie et les régions du Lac et de Biltine au Tchad.

Localement, les rendements du riz seront affectés suite aux inondations notamment au Nord du
Bénin, la zone du fleuve au Niger et en Gambie.

La situation phytosanitaire est globalement calme. Toutefois, la menace acridienne et des oiseaux
granivores sur les cultures persistera tout le reste de la campagne notamment dans les pays de la
ligne de front (Mauritanie, Mali, Niger et Tchad).

Malgré un début difficile d’émergence et de croissance des pâturages, une nette amélioration a été
observée à partir de juillet dans la quasi totalité des zones agropastorales. Dans la bande sahélienne,
les niveaux de la biomasse sont équivalents à supérieurs à ceux de l’année dernière et de la moyenne
de 1998-2012, mais faibles dans le nord Sénégal, les Wilaya du Gorgol et Guidimakha, par endroits à
Diffa au Niger et dans le Sahel tchadien. L’état d’embonpoint des animaux est satisfaisant.

Selon les estimations à mi-parcours, la production céréalière totale attendue dans les pays du
Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pourrait atteindre 58 460 000 tonnes si l’allure de la saison se
maintenait et si les pluies se poursuivaient jusqu’au mois d’octobre 2013 et si la situation
phytosanitaire reste calme.
Dans cette hypothèse, la production de la présente campagne serait en
hausse de 7% par rapport à la campagne agricole 2012-2013. Par contre, dans le cas d’un arrêt
précoce des pluies, particulièrement dans l’Est du Sahel, la production céréalière de la zone serait
estimée à 53 000 000 tonnes, soit une baisse de 3% par rapport à la campagne précédente.

La situation du marché se caractérise par un bon approvisionnement des principaux bassins même si
le rythme et le volume des flux sont faibles par endroits comme au Nigeria. Cependant, on note de
nombreuses tracasseries le long des axes routiers. La filière maïs qui contribue fortement à la
sécurité alimentaire de la région est la plus touchée.
D’octobre 2012 à juin 2013, les prix sont demeurés supérieurs à leur niveau de l’année passée et à la
moyenne quinquennale. Cependant, depuis la mi-août 2013, suite à la bonne reprise des pluies, des
stocks commerçants ont été mis en marché. Avec l’apparition des nouvelles récoltes (maïs, arachide,
niébé) sur les marchés, on assiste à des baisses saisonnières des prix dans l’espace régional et de
façon modérée au Bénin et plus marquée au Nigeria. Ces baisses vont s’accentuer d’Est en Ouest au
fur et à mesure que les nouvelles céréales arriveront sur les marchés.
Le prolongement de la période de soudure suite au retard dans l’installation de l’hivernage et les
impacts des inondations par endroits pourraient augmenter la prévalence de la malnutrition aiguë
globale chez les enfants de moins de 5 ans. Les principaux facteurs aggravants sont l’infection
palustre, la diarrhée et les infections respiratoires aiguës.

Recommandations

Sur la base de ce qui précède, il est recommandé :
- aux dispositifs régionaux d’information (CILSS, FEWS NET, PAM, FAO,..) :
· Continuer la veille stratégique pour la surveillance des inondations.
· Poursuivre la veille sur le fonctionnement des marchés et des flux intérieurs et
transfrontaliers en vue de détecter à temps les disfonctionnements.
- aux Etats :
· Appuyer les programmes de production de décrue et d’élevage pour améliorer la résilience
des populations en insécurité alimentaire.
· Maintenir la veille sur les déprédateurs particulièrement le criquet pèlerin.
· Continuer les actions de prévention et de traitement de la malnutrition.

Fait à Niamey, le 19 septembre 2013

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Vos commentaires

  • Le 23 septembre 2013 à 18:17, par Bayo Lansana En réponse à : Avis sur les perspectives agricoles et alimentaires 2013 / 2014 au Sahel et en Afrique de l’Ouest

    Je remercie très sincèrement l’équipe de rédaction de cet avis. Cependant, on constate en général que très peu d’informations sont fournies sur les pays côtiers concernant la pluviométrie et les facteurs de risques (inondations, déficit hydrique, attaques de nuisibles etc.)
    Pour vos prochaines publications, j’espère que vous en tiendrez compte.
    Cordialement

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