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Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

Publié le mercredi 18 septembre 2013 à 16h56min

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Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

Un groupe de manifestants dans commune rurale de Kindi a fermé les locaux de la mairie pour dénoncer "la gestion opaque du maire", Thomas Baguemzanré, au cours d’une marche organisée, le lundi 16 septembre 2013. Face à ce comportement "contraire à la loi", le secrétaire général de la province du Boulkiemdé, Mohamed Dah, est allé rouvrir les locaux, en présence de la gendarmerie. Mais, le personnel craint pour sa sécurité.

Kindi. Commune rurale de la province du Boulkiemdé, située à 45 kilomètres de Koudougou, vit ces temps-ci, des remous sociaux de tous ordres. Dans ces troubles, un nom revient régulièrement sur toutes les lèvres dans la localité, Thomas Baguemzanré, maire de la commune rurale. C’est la seconde fois que l’édile fait face à une fronde de la population. Il y a quelques temps, suite à l’implantation d’une unité de boisson alcoolisée en face d’une école primaire et àpres la fermeture de cette unité, le maire avait essuyé la colère du chef de Kindi, propriétaire de l’unité. Les autorités communales font de nouveau face à un autre dilemme que l’on croyait résolu. L’attribution par la maire d’un terrain de 13 hectares à son fils pour mener des expérimentations agricoles pour la restauration des terres arides. Un terrain auquel le fils a d’ailleurs renoncé, à travers une lettre publique. Il aurait pris comme pretexte la manifestation suivie d’une danse funeste d’une partie de la population (des ouailles du chef, selon certaines indiscrétions) pour dénoncer l’attitude du maire. Mais le rubicond a été franchi, le lundi 16 septembre 2013, jour du marché. « Ils (Ndlr : des manifestants) sont arrivés d’abord à la préfecture aux environs de 9 heures et ils avoisinaient 200 personnes. Nous avons échangé avec une délégation de quatre personnes désignées. Celles-ci disent qu’elles vont fermer la mairie, parce que le maire travaille à diviser les fils de la localité, distribue des terrains à ses proches et travaille de façon arbitraire  », raconte le préfet du département de Kindi, Alexis Badoma.

La mairie fermée sans autre forme de procès

Malgré les différentes tentatives du préfet de convaincre les frondeurs de renoncer à leur attitude contraire à la loi, les manifestants sont restés droits dans leurs bottes. De la préfecture, les marcheurs se sont rendus à la mairie, le personnel a été sommé de vider les bureaux. Puis, ils ont fermé le local, sans autre forme de procès et ils sont allés remettre les clés au préfet. Non content du comportement des manifestants, dans la matinée du mardi 17 septembre, une délégation forte 34 personnes dont 6 conseillers municipaux, est allée manifester son ras-le-bol au haut-commissariat du Boulkiemdé à Koudougou. Dans l’après-midi, sur instruction de sa hiérarchie, le Secrétaire général (SG) de la province, Mohamed Dah, en compagnie de trois éléments de la gendarmerie et du préfet ont procédé à la réouverture des locaux, mais en l’absence des agents de la mairie, à 15 heures 23 minutes. , explique M. Dah. Et le préfet de souligner que les agents ont fermé leurs téléphones portables pour ne pas être joignables. , ajoute-t-il. 16 heures 15 minutes, toujours point d’agents dans la cour de la mairie. Le SG rend compte à sa hiérarchie, referme la mairie et remet les clés au préfet. c’est le chef qui est le commanditaire de cette situation, qu’il sache qu’il est en train de filer du mauvais coton, avertit Mohamed Dah.

Un climat délétère

Pendant ce temps, Kindi, avec ses 36 000 âmes, à première vue, donne l’impression d’une commune paisible. Bien que ce soit le lendemain du jour du marché, il reste animé. Des vendeuses de légumes longent la voie principale qui traverse la commune avec leurs étals, des jeunes arrêtés ou juchés sur leur engin discutent par groupe à grande joie et les cabarets sont animés par les adeptes du dolo. Mais derrière cette image, se cache un climat délétère dans la commune, au point qu’il est difficile d’avoir un partisan du maire pour échanger sur la situation qui prévaut à Kindi. Egalement, le personnel de la mairie est introuvable dans la commune. Même le jardin du maire qui servait le lieu de distraction aux fonctionnaires de la commune, ne reçoit plus de clients. Quelques fonctionnaires approchés n’ont pas voulu se prononcer par méfiance. C’est le cas du directeur de l’école primaire, située en face de l’unité du chef fermée. , a-t-il lancé comme prétexte avant de s’éclipser sur sa moto. Un couple de fonctionnaires avons rejoint à son domicile, malgré que nous lui avoir garanti l’anonymat, n’a pas voulu se prononcer.

Du côté des frondeurs, l’on ne tourne pas en rond pour en public. , lance, à haute voix, Yamba Zongo, la soixantaine bien sonnée. Pourquoi ? « Il a profané notre domaine coutumier en raclant nos fétiches et en offrant le terrain à son fils. Thomas (Ndlr : le maire) a abattu tous nos chiens dans la commune et il a entrepris des opérations de lotissement entachées de fraudes. C’est pourquoi, à l’appel du Taonsnaayiri (Ndlr : le chef des archers) avec l’aval du chef de terre, nous sommes sortis hier pour aller fermer la mairie. Nous voulons que le gouverneur trouve quelqu’un d’autre. Qu’il confie la gestion de la mairie au préfet. Les agents peuvent venir travailler, c’est Thomas, le problème. Je précise que nous ne sommes pas manipulés », déclare Pinga Zongo, fils du chef de terre de Kindi. Quoique le fils du maire ait renoncé au terrain à travers une lettre qu’il a rendue publique, Pinga Zongo fait la sourde oreille. , affirme-t-il. Joint au téléphone, le maire Thomas Baguemzanré, dit qu’il ne se reconnaît pas dans les faits qui lui sont reprochés. , a-t-il dit. En attendant, la gestion communale est au du fait de la méfiance du personnel qui dit craindre pour sa sécurité. En effet, depuis 2011, la commune de Kindi n’a plus de commissariat de police et la mairie n’en a jusque-là pas encore recruté. Le seul service de force de l’ordre présent sur les lieux est la brigade de gendarmerie qui n’a que trois agents pour toute la commune, composé de six villages. Le préfet du département de Kindi aussi, dit être "désolé de voir les usagers solliciter des prestations de services, notamment l’établissement d’actes de naissance et des légalisations sans succès".

A en croire le SG de la province du Boulkiemdé, le conseil municipal, fort de 20 conseillers (16 du CDP dont fait partie le maire et 4 de l’ADF/RDA) n’aurait pas de problème. Alors qui serait derrière ces vagues de mouvement d’une partie de la population ?

Paténéma Oumar OUEDRAOGO

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Vos commentaires

  • Le 19 septembre 2013 à 06:05, par M.Houille En réponse à : Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

    Où se situe l’autorité de l’état quand des individus peuvent se permettre de fermer une mairie au motif que la gestion de ce service ne leur plait pas !Dans quel pays sommes nous ?Il faut mettre de l’ordre pour éviter de sombrer dans le chaos un jour !Si une action d’envergure qui va contraindre les habitants de cette contrée à marcher au pas selon les règles d’un état de droit, n’est pas envisagée, nous allons tout droit dans le mur avec toutes les conséquences que nous allons regretter ! Si le maire et le chef coutumier ont un différend qu’ils le règlent sans compromettre la quiétude des populations qui ont d’autres chats à fouetter !

    • Le 19 septembre 2013 à 11:15, par Romuald En réponse à : Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

      Du CONTRAT SOCIAL, ROUSSEAU nous enseigne que :" De lui mêmet toujours le bien ; Mais de lui même, il ne le vois pas toujours.". C’est cette pensée qui as servi de fondement à la décentralisation : la gestion du peuple, de ses propres affaires. question : le peuple est -il à l’abri d’une usurpation du pouvoir par ses propres représentants élus locaux ?

    • Le 19 septembre 2013 à 11:36, par Wendpouiré En réponse à : Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

      Mais tu pense que des vieilles personnes de la soixantaine vont mentir pour quelle raison ? Au contraire même pas à KINDI il y en a beaucoup dans les provinces. Je n’affirme pas mais il faudrait à chaque fois que nous ayons la version des deux parties pour en tirer la conclusion. Si la gestion devient une affaire familiale c’est normale qu’ils manifestent. Maintenant ce ne sera plus comme avant. Tout le monde a les yeux ouverts et on voie tout ce qui se passe.

      • Le 20 septembre 2013 à 14:53 En réponse à : Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

        Le vrai problème à Kindi est un problème de complexe d’infériorité, problème de personne, qui n’a rien à voir avec la Mairie. Kindi n’a jamais eu un chef coutumier, mais un TENGSOOBA ; Le Chef coutumier ZOUNDI Palingwindé a été imposé par le Lallé de Koudougou, actuellement malade. C’est un groupuscule qui s’agite i.e le chef ne digère pas le refus d’exploitation de son usine de fabrique de boisson frelaté, et que le Maire doit être un ressortissant de Kindi centre ;...... à suivre

  • Le 21 septembre 2013 à 14:43, par beti En réponse à : Commune rurale de Kindi : Des manifestants ferment la mairie, l’autorité la rouvre

    TOUTE CETTE ANARCHIE EST LA RÉSULTANTE DE LA MAL GOUVERNANCE AU FASO. IL NE FAUT QUE L’ON OCULTE LES AGISSEMENTS PEU HONNORABLE DE CERTAINS DE NOS MAIRES CDP. UNE FOIS ELUS ILS SE PRENNENT POUR DES SUPER HOMMES ET ONT TOUJOURS DES GENS QUI LES SUPPORTENT AU SOMMET DE LA PYRAMIDE. DANS CERTAINNES DE NOS COMMUNES ON VU DES MAIRES NOMMES LES FILS ; LEUR NEVEUX OU PROCHES COMME COMPTABLES ; SG ET J’EN PASSE . QUE CES COMPORTEMENTS DE CITOYENS NE NOUS INDIGNE IL EST FACILE DE DIRE QUE CELUI EST OPPRESSE A TORS.NOUS DEVONS NOUS RESSAISIR ET ACCEPTER DE CHANGER SINON TOUJOURS DE PAREILLES CAS SURVIENDRONS ;

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